Des Juifs sur l’antisémitisme en GB : cette fois, c’est beaucoup plus violent
Au moins 267 actes antisémites ont été signalés au Royaume-Uni, selon Community Security Trust, qui précise que 151 de ces incidents ont eu lieu après l'annonce du cessez-le-feu
JTA – Le cessez-le-feu déclaré par Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas après 11 jours de combats semble tenir, mais cette escalade a déclenché des actes de haine anti-juive dans le monde entier. En Europe, et notamment en Grande-Bretagne, les répercussions se font encore sentir, en raison de l’importation du conflit.
Comme lors des précédentes séries de conflits militaires israéliens impliquant des Palestiniens au cours des 20 dernières années, la violence et l’intimidation antisémites ont bondi en Europe, où des dizaines de milliers de manifestants ont défilé et se sont rassemblés lors d’événements exprimant leur rage envers Israël.
Certains ont utilisé ce moment comme prétexte pour s’en prendre à des personnes juives.
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Au cours des 17 derniers jours, au moins 267 incidents antisémites ont été signalés au Royaume-Uni – une augmentation de plus de 500 % par rapport aux 17 jours précédents, indique le groupe de sécurité Community Security Trust (CST) à The Jewish News of London. CST précise que 151 de ces incidents ont eu lieu après le 20 mai, date de l’annonce du cessez-le-feu.
Lors d’un incident survenu le 16 mai, un rabbin a été battu par deux jeunes hommes qui ont proféré des insultes antisémites pendant l’attaque. Le rabbin, Rafi Goodwin, a subi des blessures modérées qui ont nécessité une hospitalisation. La police a arrêté les agresseurs présumés, qui sont également accusés d’avoir volé le téléphone de Goodwin.
Vendredi, après le cessez-le-feu, un homme a fait irruption dans la voiture d’un juif orthodoxe dans un quartier très juif de Londres et l’a agressé.
Le suspect a été retenu par des passants jusqu’à ce que la police le place en garde à vue, a rapporté le Jewish News of London.
Pour les Juifs britanniques, le pic a été terrifiant. Certains se sentent en danger et se demandent s’ils vont rester au Royaume-Uni.
Et cela réduit à néant l’idée que les Juifs du Royaume-Uni, où la plupart des musulmans ne sont pas originaires du Moyen-Orient, pourraient éviter le niveau de violence antisémite observé ailleurs en Europe.
« C’est la mobilisation, l’impunité, l’ampleur, la misogynie pure, et la violence, qui sont si choquantes cette fois-ci », a déclaré Linzi Pinto, une mère juive de deux enfants du nord de Londres.
« C’est le pire que nous ayons connu. C’est terrifiant et nous remettons définitivement en question notre avenir ici. Nous avons la chance de pouvoir partir. »
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— Jewish News (@JewishNewsUK) May 16, 2021
Comme beaucoup d’autres juifs britanniques, Mme Pinto a été particulièrement choquée par un convoi d’au moins 10 voitures, arborant des drapeaux palestiniens, et diffusant de la musique en arabe qui, le 16 mai, a parcouru 200 miles depuis la ville de Bradford, au nord, jusqu’au cœur du Londres juif, le quartier de Golders Green.
L’un des conducteurs du convoi a crié des insultes antisémites et des incitations à la violence, notamment « F— les juifs, violez leurs filles. »
La police a arrêté quatre personnes en rapport avec l’incident.
Plus tôt dans la journée, Mr Goodwin a été agressé devant sa synagogue à Chigwell, au nord de Londres, dans ce que la police a finalement déclaré être, un incident antisémite.
Mme Pinto a déclaré que sa famille avait récemment acheté un bien immobilier aux États-Unis et que les événements antisémites, notamment au cours des deux dernières semaines, les poussaient de plus en plus, à envisager un déménagement outre-Atlantique.
Victoria Prever, de Londres, se souvient, dans une chronique pour le Jewish Chronicle, que lors de la fête juive de Shavuot, ses deux enfants avaient un alibi au cas où on leur demanderait dans la rue pourquoi ils n’étaient pas à l’école, afin de ne pas révéler qu’ils fréquentent une école juive, fermée pour la fête.
« Mon cœur s’est brisé. Que s’est-il passé pour qu’à l’âge de l’école primaire, elle cherche à cacher sa judéité aux étrangers ? »
Prever, qui travaille au Jewish Chronicle, a écrit au sujet de sa fille de 10 ans dans la chronique. « Devrions-nous être plus discrets ? Serions-nous mieux intégrés, dans des écoles non confessionnelles ? »
Le convoi et les événements connexes ont déclenché des craintes latentes chez les Juifs britanniques.
« Mes grands-parents étaient des survivants de la Shoah. D’habitude, je suis endormie depuis longtemps maintenant, mais j’ai l’estomac noué. »
Becky Aizen, historienne et auteure née en Australie et vivant à Londres depuis de nombreuses années, a écrit sur Twitter le 17 mai.
« C’EST différent. Mon ADN n’est pas équipé. »
Beaucoup ont fait écho à ce sentiment, que l’intensité des abus antisémites au Royaume-Uni est plus élevée que dans les situations précédentes impliquant Israël.
« L’antisémitisme au Royaume-Uni connaît malheureusement toujours des pics lorsqu’il y a un conflit au sein de l’Union européenne, mais cette fois-ci, c’est pire que jamais », a écrit Luciana Berger, une ancienne députée travailliste juive de premier plan, qui travaille désormais dans les relations publiques.
« Cette fois, c’est différent. C’est plus intense et beaucoup plus effrayant », a écrit Simon Cohen, un avocat juif de 36 ans de Londres, en réponse au tweet de Mme Berger.
La Grande-Bretagne n’est pas seule. Ailleurs, dans des villes comme Vienne, Bruxelles et Amsterdam, de récentes manifestations anti-israéliennes ont été marquées par des chants exhortant les Juifs à se souvenir de Khaybar, le site d’un massacre de Juifs au 7e siècle en Arabie saoudite, parce que « l’armée de Mahomet revient » pour les tuer, comme le dit le chant.
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