L’emblématique Haggadah incrustée d’or exposée à Jérusalem pour la première fois
Le manuscrit original du texte de Pessah, créé par l'artiste David Moss, a été offert à la Bibliothèque Nationale d'Israël par les philanthropes Trudy et Robert Gottesman

Le manuscrit original de la célèbre Haggadah de Moss, orné de feuilles d’or, de miroirs incrustés, de découpes de parchemin, de tempéra à l’œuf et de pigments naturels, est actuellement exposé pour la première fois à la Bibliothèque Nationale d’Israël (NLI) à Jérusalem, a annoncé la bibliothèque lundi.
En 1980, une famille juive de Floride avait demandé à l’artiste David Moss de créer une nouvelle Haggadah. Au fil des ans, cette dernière est devenue une édition très appréciée de la collection de textes lus pendant le seder de Pessah. Elle a été réimprimée à des centaines d’exemplaires et exposée, entre autres, à la Bibliothèque du Congrès et à la Bibliothèque publique de New York.
Le président américain Ronald Reagan avait fait don d’un exemplaire de la Haggadah de Moss à son homologue israélien, Chaïm Herzog, lors d’une visite d’État en 1987.
« J’ai commencé la Haggadah à Jérusalem, sachant qu’elle serait ensuite envoyée partout dans le monde. Mais il y a plus de quarante ans, j’avais le profond désir que mon manuscrit revienne un jour à Jérusalem », a récemment déclaré Moss à la publication du NLI, The Librarians.
« C’était donc évidemment une immense joie d’assister au retour de la Haggadah à Jérusalem. »
En 1980, Moss vivait à San Francisco, mais il avait commencé à passer de longues périodes en Israël pour ses recherches préalables au projet (notamment à la NLI pour se familiariser avec les anciennes Haggadot).
En 1983, il avait élu domicile à Jérusalem, où il vit toujours.

Lorsque Moss avait décidé de créer cette nouvelle Haggadah, il savait que l’un des principes fondamentaux de Pessah était que chacun se mette à la place de ceux qui avaient été libérés d’Égypte.
« LeDor VeDor, [de génération en génération], chaque individu doit se considérer comme s’il était lui-même sorti d’Égypte », peut-on lire dans un extrait de la Haggadah.
« Ce ne sont pas seulement nos ancêtres que le Créateur a libérés ; Il nous a libérés, nous aussi. »
Moss souhaitait que son œuvre incarne physiquement ce concept. Par conséquent, les pages concernées qui portent le texte sont décorées de portraits miniatures de dix-huit hommes et femmes juifs de différentes époques, entre lesquels sont insérés dix-huit petits miroirs.

« Le lecteur se retrouve face à tous les miroirs et il voit sa propre image se refléter des dizaines de fois entre et parmi ses ancêtres juifs, ce qui illustre littéralement les textes », a-t-il expliqué à The Librarians.
La famille Levy, qui avait commandé cette Haggadah, avait seulement demandé qu’elle soit de grand format, le manuscrit final mesurant 45,8 x 29,2 centimètres. Ses dimensions permettent aux visiteurs de la NLI d’y voir leur reflet, car la Haggadah est ouverte sur les pages de LeDor VeDor.
Pour créer cet ouvrage, Moss a utilisé diverses techniques, choisissant celle qui lui semblait la plus appropriée pour exprimer certaines idées ou illustrer certains passages du texte. Il a notamment utilisé la calligraphie, la micrographie, la peinture miniature et des motifs réalisés à l’aide de pigments, d’acryliques, de découpes de parchemin et de feuilles d’or bruni.
« Je voulais avant tout que le texte lui-même révèle de nouvelles perspectives, des façons uniques d’aborder le texte, des idées nouvelles qui ne s’étaient jamais concrétisées auparavant », a précisé l’artiste à The Librarians.

Dans un cas, il a utilisé des silhouettes sur les deux côtés d’une page.
« Les silhouettes sont identiques, mais le recto de la page représente l’esclavage en Égypte. Une fois tournée, les mêmes silhouettes découpées montrent la cuisson de la matzah : l’office divin », a-t-il déclaré.
Le manuscrit a été offert à la NLI par les philanthropes Trudy Elbaum Gottesman et Robert Gottesman en août.
« La Haggadah de Moss a une double signification », a expliqué le Dr. Chaïm Neria, conservateur de la collection NLI Haïm et Hanna Solomon Judaica, dans un communiqué.

« C’est à la fois un commentaire sur le texte traditionnel et, en même temps, un commentaire sur notre mémoire historique collective et sa signification. »