Les cigales sont comestibles mais sont-elles casher ?
Deux rabbins réfléchissent sur la possibilité de consommer ces insectes qui ont envahi une grande partie du Moyen-Orient et de l'Est des États-Unis
Washington Jewish Week via JTA — Les milliards de cigales du groupe « Brood X » – elles se caractérisent en émergeant tous les 17 ans dans une grande partie du Moyen-Orient et des États-Unis – ont cette année encore laissé leur trace, en envahissant de nombreuses zones métropolitaines majeures. Mais, en cette fin du mois de juin, les cigales (odorantes) mortes commencent à être plus nombreuses que les vivantes, soulevant chez certains une importante interrogation : que faire de tous ces corps d’insectes ?
Les gastronomes ont une suggestion simple : les manger.
« Pourquoi ne pas prendre les cigales comme la source de protéine variée et durable qu’elles sont véritablement ? », s’est demandé le magazine Wired.
D’autres ont approuvé la suggestion. Elles auraient la texture du beurre, dit-on, avec un goût noisette qui proviendrait des tanins dont elles ne nourrissent, à la racine des arbres.
Mais elles ne sont pas casher.
« Aucun Juif ne doit manger de cigales », met en garde le rabbin Shmuel Herzfeld de la synagogue Ohev Sholom de Washington. « Si vous en mettez dans votre cholent, alors votre cholent sera treif. »
Selon le rabbin Ari Zivotofsky, professeur de neurosciences à l’université Bar-Ilan, en Israël, qui étudie l’alimentation casher exotique à ses heures perdues, les sauterelles sont casher (malgré leur premier rôle dans les Dix plaies d’Égypte) mais les cigales ne le sont pas.
« Vous ne trouverez jamais personne qui vous dira que les cigales sont casher », explique-t-il. « Il y a des insectes qui le sont – mais ce sont des espèces de criquets et de sauterelles. Il n’y a pas d’espèce de cigale casher. »
Zivotofsky déclare qu’avant la Seconde Guerre mondiale, seuls les Juifs du Yémen consommaient traditionnellement des sauterelles – l’espèce y étant présente largement. Cette coutume s’est depuis élargie, et elle a même été adoptée dans le foyer de Zivotovsky.
« Je trouve ça personnellement dégoûtant mais, en revanche, je laisse mes enfants manger des sauterelles », dit-il.
Pour qu’un animal soit casher dans le judaïsme, il doit être conforme aux règles qui ont été définies dans la Torah et il doit exister une tradition communautaire établie de consommation de l’animal. Pour Herzfeld, les cigales n’ont jamais été casher, mais il n’y a non plus jamais eu de tradition chez les Juifs ashkénazes de consommation des sauterelles : ce qui signifie que ces dernières ne sont pas casher non plus pour les Ashkénazes.
« Mais si on est invité dans le foyer de Juifs yéménites à Shabbat et qu’il y a des sauterelles, on peut les consommer », précise-t-il. « Malgré tout, un Juif ashkénaze n’est pas autorisé à les cuisiner et à les servir chez lui. »
Concernant les cigales, elles ne figurent toujours pas au menu.