Israël en guerre - Jour 527

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Analyse

Les condamnations du massacre ne réduiront pas les critiques liées aux constructions

Même des pays comme le Bahrein et la Turquie ont condamné le massacre ; mais cela ne modifie en rien les positions des chancelleries

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Benjamin Netanyahu et la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini à Jerusalem le 7 novembre 2014 (Crédit : Kobi Gideon/GPO)
Benjamin Netanyahu et la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini à Jerusalem le 7 novembre 2014 (Crédit : Kobi Gideon/GPO)

Réagissant au massacre de Har Nof, le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’en est pris à la communauté internationale mardi soir pour avoir omis de condamner le massacre de façon adéquate.

« Le monde voit ce massacre mais, à notre grand regret, ne demande pas que les Palestiniens arrêtent l’incitation à la haine contre Israël qui est à la racine du conflit, » a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

« Je le demande à tous les chefs d’Etat du monde civilisé. Je veux entendre l’indignation. Je veux entendre une condamnation, mais une condamnation vraie et sans compromis de ces meurtres d’Israéliens, de ces meurtres de Juifs. »

Il a accusé les dirigeants du monde de juger que le sang juif avait moins de valeur à leurs yeux. Il a déploré qu’au lieu de dénoncer les Palestiniens, les Etats sont enclins à leur remettre un prix sous la forme d’une reconnaissance unilatérale de la Palestine.

En vérité, de nombreuses personnalités internationales avaient déjà préempté son appel, condamnant le massacre et l’incitation à la haine qui l’a vraisemblablement inspiré.

Certains l’ont fait plus avec plus de tact et de façon bien plus convaincante que d’autres. Federica Mogherini, qui dirige depuis peu la politique étrangère de l’Union européenne, par exemple, ne va pas se faire beaucoup de nouveaux amis dans le cercle de Netanyahu avec sa terne déclaration.

L’attaque de mardi « ne peut que nuire à une étape menant à la paix » a-t-elle déclaré, ajoutant que « cet acte de terrorisme est condamnable par tous les moyens. » Elle a ensuite brièvement exprimé « ses sincères condoléances aux familles des victimes », avant de discuter des raisons (il n’y en a pas) et des conséquences de l’attaque.

« L’absence de progrès vers la solution à deux Etats permettra d’assurer systématiquement le prochain round de la violence, » a prédit Mogherini, ce qui a été considéré aux yeux de certains comme une accusation des victimes.

Le temps est venu de faire des compromis, a-t-elle exhorté Israéliens et Palestiniens : « L’absence d’un cadre politique crédible est utilisé de manière instrumentale et conduit à un durcissement supplémentaire des positions idéologiques et religieuses. »

D’autres ont été beaucoup plus empathiques. Dan Shapiro, l’ambassadeur américain en Israël, par exemple, a qualifié le massacre des Juifs en prière de « point le plus haut dans la barbarie dans l’histoire de ces attaques monstrueuses, » ajoutant que le meurtre des fidèles dans une synagogue « est un acte de mal pur. »

Dans la même veine, le Secrétaire d’État John Kerry a déclaré de sa voix chevrotante : « Des gens innocents étaient venus pour prier dans le sanctuaire d’une synagogue ; ils ont été attaqués au hachoir et assassinés sauvagement dans ce lieu saint dans un acte de terrorisme à l’état pur, d’une brutalité insensée. Je demande aux Palestiniens, quels que soient leurs niveaux de pouvoir, de condamner cela dans les termes les plus forts. Une telle violence n’est légitime nulle part. »

Les dénonciations ont afflué de partout, de la Suède à l’Espagne, de la France et du Canada, et même de Turquie.

La Russie « condamne fermement et sans ambiguïté cet acte de terrorisme, » indiquant que l’assassinat de civils « est un crime inhumain quelles que soient les motivations des tueurs. »

Charlie Flanagan, le ministre des Affaires étrangères irlandais – un pays qui n’est pas spécialement connu pour des positions pro-israéliennes a déclaré : « Je condamne absolument l’horrible attentat contre la synagogue de Har Nof à Jérusalem et tiens à exprimer mes plus sincères condoléances aux familles des victimes de cet acte terroriste brutal et insensé. »

Même Khalid bin Ahmed Al Khalifa, le ministre des Affaires étrangères du Bahreïn, un pays avec lequel Israël n’a pas de relations diplomatiques, a critiqué le fait de « tuer des innocents dans une synagogue juive » qualifiant l’attaque de mardi de « crime ».

Netanyahu a demandé au monde de condamner l’attaque, et il a obtenu ce qu’il voulait. Mais il n’y a pas de grands efforts à faire de telles déclarations quand des innocents sont massacrés.

Si le chef de l’exécutif israélien attend de la communauté internationale qu’elle change ses positions vis-à-vis du conflit en raison de ce qui est arrivé, il sera cependant probablement déçu.

Quelques heures après que le ministre espagnol des Affaires étrangères ait condamné le massacre de Har Nof, le Congrès des députés, la chambre basse du pays, a adopté presque à l’unanimité une motion non contraignante appelant le gouvernement à reconnaître un Etat palestinien si les parties parviennent à un accord – une formulation moins problématique que des requêtes similaires adoptées ailleurs, mais encore une formule ironiquement pensée pour s’opposer à Israël.

L’Assemblée nationale à Paris se prononcera sur une résolution similaire, le 28 novembre, et il semble probable qu’elle réussira à la faire passer. Les Parlements à Londres et Dublin ont déjà adopté des motions invitant leurs gouvernements à reconnaître la Palestine ; la Suède l’a fait aussi et a même lancé le mouvement.

La construction de maisons pour les Juifs en Cisjordanie, quant à elle, ne peut être comparée au terrorisme palestinien brutal, mais la triste vérité est que les constructions entraînent des condamnations de toute façon, peu importe l’aspect horrible des attaques terroristes.

Comme l’histoire l’a montré, les annonces israéliennes de constructions de nouvelles implantations sont inévitablement suivies par une indignation de la communauté internationale – indépendamment des attentats contre les Juifs dans les rues d’Israël.

La semaine dernière, le Comité de planification et de construction de Jérusalem a approuvé 178 nouveaux logements pour les Arabes, y compris dans les quartiers de Ras al-Amoud, Jabel Mukaber et Wadi Joz. Presque personne n’a prêté attention à cela.

Mais mercredi – alors que la dernière victime de l’attaque Har Nof, le policier druze Zidan Saif a été enterré – le même Comité a approuvé la construction de 78 nouveaux logements à Ramot et Har Homa, deux quartiers juifs de Jérusalem-Est situés de l’autre côté des lignes antérieures à 1967.

Netanyahu peut se préparer face aux critiques. Pas plus tard que lundi, après tout, l’UE a déclaré qu’elle « déplore profondément et qu’elle est fermement opposée » à des plans pour de nouveaux projets au-delà de la Ligne verte, en particulier à Har Homa et Ramot.

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