Israël en guerre - Jour 471

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Interview

Les conseils d’un célèbre ex-agent du Shin Bet

Selon Gonen Ben Itzhak, le Premier ministre "ne pense qu'à lui-même, à ses problèmes criminels et à la manière de survivre politiquement en Israël"

Gonen Ben Yitzhak, ancien agent de l'agence de sécurité intérieure du Shin Bet et militant actuel contre le Premier ministre israélien sortant Benjamin Netanyahu, lors d'une interview à son domicile de Modiin, dans le centre d'Israël, le 22 juin 2024. (Crédit : Jorge Novominsky/AFP)
Gonen Ben Yitzhak, ancien agent de l'agence de sécurité intérieure du Shin Bet et militant actuel contre le Premier ministre israélien sortant Benjamin Netanyahu, lors d'une interview à son domicile de Modiin, dans le centre d'Israël, le 22 juin 2024. (Crédit : Jorge Novominsky/AFP)

Ancien agent de la sécurité intérieure israélienne devenu une figure du mouvement de contestation du gouvernement de Benjamin Netanyahu, Gonen Ben Itzhak estime dans un entretien à l’AFP que le Premier ministre « détruit » le pays.

Dans son ancienne vie, il a été espion de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet. Désormais, Gonen Ben Itzhak dénonce la politique du Premier ministre israélien.

« Netanyahu représente vraiment le plus grand danger pour Israël et croyez-moi, j’ai arrêté certains des plus grands terroristes pendant la deuxième Intifada [soulèvement palestinien] », confie Ben Itzhak, 53 ans, en recevant l’AFP à son domicile de Modiin.

« Je sais ce qu’est un terroriste. Je pense que Netanyahu entraîne Israël vers la destruction », insiste celui qui par le passé a travaillé avec Mosab Yousef, l’un des fils d’un fondateur du groupe terroriste palestinien du Hamas, devenu informateur du Shin Bet, pour empêcher des attaques en Cisjordanie.

‘Le fils de l’un des fondateurs du Hamas, Mosab Hassan Yousef, pendant un entretien à la télévision britannique avec le journaliste Piers Morgan, le 26 octobre 2023. (Capture d’écran : YouTube)

Il a aussi participé à l’arrestation du terroriste Marwan Barghouthi, ancien responsable du parti laïc palestinien Fatah condamné à la perpétuité pour meurtres, considéré comme une des personnalités politiques les plus populaires de l’enclave.

Aujourd’hui, Ben Itzhak bat le pavé contre le sixième mandat de Netanyahu.

Le retard dans la livraison d’armes à Israël par les États-Unis, alliés historiques du pays, est l’une des raisons qui l’ont conforté dans son idée que le Premier ministre doit quitter le pouvoir.

« Le président américain Joe Biden est le plus grand partisan d’Israël […] et Netanyahu lui a craché au visage », affirme-t-il sans détour. « Il détruit des relations très importantes avec les États-Unis », accuse l’ancien militaire.

Montage : À gauche, le président américain Joe Biden, à Wallingford, en Pennsylvanie, le 8 mars 2024. À droite, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à Tel Aviv, le 28 octobre 2023. (Crédit : AP Photo)

Depuis des mois, Netanyahu est contesté dans la rue pour sa conduite de la guerre contre le Hamas à Gaza, et des dizaines de personnes se rassemblent régulièrement pour exiger des élections législatives anticipées et le retour des otages retenus à Gaza.

Ben Itzhak, qui a rejoint la sécurité intérieure dans les années 1990 après l’assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin, est devenu une figure de proue des manifestations anti-Netanyahu. Il a été à la tête des cortèges des rassemblements anti-corruption visant le Premier ministre, inculpé dans plusieurs affaires.

Netanyahu a nié à maintes reprises les allégations de corruption et a réitéré lundi sa détermination à éliminer le Hamas, le groupe terroriste palestinien qui a lancé l’assaut le 7 octobre contre Israël, déclenchant la guerre en cours à Gaza.

« Nous ne mettrons pas fin à la guerre [à Gaza] tant que nous n’aurons pas éliminé le Hamas et tant que nous n’aurons pas ramené les habitants du sud et du nord chez eux en toute sécurité », a affirmé Netanyahu à la Knesset.

Gonen Ben Yitzhak est emmené par la police lors des manifestations contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu à Jérusalem, le 18 juillet 2020. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Pour l’ancien agent du Shin Bet, la sécurité israélienne a sous-estimé le Hamas et un informateur aurait pu les aviser de son attaque qui a fait près de 1 200 morts, principalement des civils de tous âges, en commettant de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.

Plus de 37 600 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.

« Vous avez besoin d’un informateur, à l’ancienne, pour vous appeler et vous dire que ‘quelque chose ne va pas’. Et il semble que nous ne l’avions pas. Nous pensions que notre ennemi était stupide. En fin de compte, le Hamas était plus intelligent », analyse Ben Itzhak.

Il est temps de « changer l’équation » à Gaza en commençant, selon lui, par mettre fin à la guerre et rallier le soutien international pour mettre aux commandes l’Autorité palestinienne (AP) de Mahmoud Abbas, basée en Cisjordanie.

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas (à gauche) et le nouveau Premier ministre de l’Autorité palestinienne Mohammad Mustafa, à Ramallah, le 14 mars 2024. (Crédit : Bureau de presse de l’Autorité palestinienne PPO/AFP)

Le militant accuse Netanyahu de vouloir se maintenir au pouvoir coûte que coûte.

Il « ne pense qu’à lui-même, à ses problèmes criminels et à la manière de survivre politiquement en Israël ».

L’ancien agent reproche aussi au dirigeant israélien d’avoir laissé le ministre ultra-nationaliste de la Sécurité, Itamar Ben Gvir, utiliser la police comme sa propre « milice » pour perturber les manifestations anti-gouvernement hebdomadaires à Tel Aviv – des propos rejetés par le chef de la police Kobi Shabtaï.

Il s’est lui-même interposé devant un canon à eau pour protéger des manifestants, ce qui lui a valu une condamnation, finalement annulée le mois dernier.

Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir lors de la cérémonie du Yom HaAtsmaout, le jour de l’indépendance de la police israélienne, au siège national de la police israélienne à Jérusalem, le 9 mai 2024. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

« Aujourd’hui, Israël est détruit de l’intérieur. Il [Netanyahu] détruit tout », déplore Ben Itzhak.

« Plus Netanyahu se plie aux alliés ultra-nationalistes, plus la sécurité d’Israël s’affaiblit. Tout est explosif maintenant », juge-t-il.

Si Ben Itzhak avait le Premier ministre en face de lui, il lui dirait « de démissionner ». « Ce sera la plus grande aide que vous puissiez apporter au peuple de l’État d’Israël. »

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