Les dépenses de campagne de Netanyahu en arabe dépassent celles des partis arabes
Le Likud tente de séduire les Arabes israéliens en leur promettant de lutter contre la criminalité et en critiquant les partis arabes, taxés de corruption

La campagne du chef du Likud, Benjamin Netanyahu, a été particulièrement active vis-a-vis des communautés arabes ces dernières semaines, et les chiffres attestent aujourd’hui d’un écart important entre les dépenses publicitaires en langue arabe du Likud et celles des partis arabes réunis.
Selon les données publiées mardi par la Douzième chaîne, entre le 17 juillet et le 14 octobre derniers, le Likud a dépensé 47 500 shekels en publicité en langue arabe sur Facebook, là où le parti Raam de Mansour Abbas en a dépensé 24 100 et Hadash-Taal, d’Ayman Odeh, 3 460.
Le Likud, qui est le plus grand parti d’Israël, dispose naturellement de ressources bien supérieures à celles des petits partis arabes.
Les publicités publiées par le Likud mettent l’accent sur deux points stratégiques.
Le premier concerne les députés arabes de la Knesset, que le Likud présente comme corrompus, et le second promet le rétablissement de l’ordre au sein de la société arabe israélienne, question ô combien brûlante pour une population en proie à une criminalité endémique.
Selon un reportage de la Douzième chaîne, des organisations de droite agissant dans le plus grand anonymat se seraient elles aussi lancées dans une campagne au cœur des villes arabes israéliennes, en placardant des affiches rappelant la scission de la Liste arabe unie – qui rassemblait quatre partis arabes – et dénonçant des députés arabes prétendument mus par leur seul intérêt personnel.
Au moment-même où Netanyahu s’adresse aux communautés arabes, dans un double mouvement destiné à s’attirer certains électeurs et en dissuader d’autres de voter en les rassurant sur ses intentions – le Premier ministre intérimaire Yair Lapid vient d’annoncer son déplacement à Nazareth, la plus grande ville arabe du pays, la semaine prochaine.

Au moment des élections de 2021, Netanyahu avait procédé de la même manière, axant sa campagne envers les communautés arabes autour du surnom que lui auraient donné ses soutiens arabes, « Abu Yair ».
Il avait multiplié les déplacements dans des villes arabes, mettant en avant le succès de sa campagne de vaccination contre le coronavirus et son programme de lutte contre la criminalité au sein des communautés arabes, appelant de ses vœux une « nouvelle ère » dans les relations judéo-arabes en Israël.
L’effort avait porté ses fruits, car les suffrages favorables au Likud au sein des communautés arabes avaient été de quatre à huit fois plus élevés que lors des élections de mars 2020.
Cela avait finalement peu pesé dans la balance électorale, en raison de la faible participation arabe au scrutin, à titre général, et de la faiblesse du soutien au Likud, qui reste somme toute limité au sein de ces communautés.
Le jour des élections de 2015, Netanyahu avait semé la panique en disant que les Arabes « allaient se ruer » dans les isoloirs.
Il avait par la suite présenté ses excuses, pressé par des plaintes de racisme et d’incitation à la haine raciale.
La participation de la communauté arabe a été à son plus bas historique lors des élections de 2021, avec un taux de 44,6 %.
Selon un sondage publié le mois dernier par le radiodiffuseur public Kan, ce taux pourrait être plus bas encore le 1er novembre prochain.
L’équipe du Times of Israel a contribué à la rédaction de cet article.