Les coulisses des élections israéliennes
Avec près de 50 partis en lice, découvrez les préparatifs et les acteurs derrière ce branle-bas de combat
Alors qu’il était minuit le 22 février, date limite pour l’inscription des partis aux élections d’avril, les membres de la commission centrale électorale ont célébré la fin de deux longues journées pendant lesquelles les législateurs actuels et en devenir ont déposé une liste électorale record de 47 partis.
Mais alors que les représentants des partis, les avocats, les journalistes et les fonctionnaires électoraux quittaient le siège temporaire de la commission à la Knesset, la directrice générale de la commission électorale, Orli Adass, avait une tâche cruciale à accomplir avant de rentrer chez elle : appeler Yossi Toren, le responsable logistique de la commission centrale électorale.
Quand Adass a annoncé que près de 50 partis avaient déposé leur candidature, Toren a poussé un cri qui a résonné dans l’entrepôt géant du parc industriel de Shoham, au centre-ville, où il venait de déballer ses affaires pour la nuit. Après avoir fait des projections basées sur les
22 partis enregistrés en 2015, la nouvelle que plus du double de ce nombre serait atteint cette fois-ci signifiait que son travail serait également doublé.
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Bien qu’il ait commencé à préparer les prochaines élections quelques jours seulement après la précédente, le centre logistique de la commission centrale électorale travaille sans relâche depuis décembre – lorsque la 20e Knesset s’est dissoute et que de nouvelles élections ont été convoquées – pour s’assurer que, le 9 avril, chacun des 10 720 bureaux de vote du pays sera correctement approvisionné.
Les conséquences du grand nombre de partis (qui, même s’il est passé depuis de 47 à 43, est sans précédent dans l’histoire électorale israélienne) peuvent littéralement être pesées. Les kits qui doivent maintenant être préparés pour chacun des lieux de vote seront 17 kilos plus lourds que ceux de la dernière élection en raison des bulletins de vote supplémentaires nécessaires en raison du plus grand nombre de partis.
Avec un système de vote par bulletins de vote en papier encore utilisé lors des élections israéliennes – nonobstant sa réputation de Start-Up Nation – suffisamment de bulletins de vote doivent être imprimés pour permettre à chacun des 6 339 279 électeurs éligibles de voter pour un des partis en lice, plus les extras juste au cas où. Il s’agit d’un nombre impressionnant de 400 millions de bulletins de vote au total, soit 140 millions de plus que lors de l’élection de 2015.
« Avec plus d’électeurs et beaucoup plus de partis, c’est de loin la plus grande élection jamais organisée en Israël », a déclaré M. Toren la semaine dernière lors d’une visite de l’établissement de 750 mètres carrés où sont imprimés, organisés et emballés les nombreux documents avant leur envoi à 19 centres logistiques régionaux dans le pays.
« Quand j’ai reçu l’appel [d’Adass], j’ai tout de suite réalisé que nous allions travailler à une nouvelle échelle », a-t-il dit, expliquant comment, par exemple, de nouveaux présentoirs devaient être conçus pour contenir les bulletins de vote pour chaque partie puisque le modèle actuel ne dispose que de 36 emplacements.
L’ampleur de l’opération se ressent le mieux sur le quai de chargement central du centre logistique, où 12 000 urnes bleues ornées de l’emblème de l’État sont empilées du sol au plafond dans des colonnes qui s’élèvent presque à perte de vue.
Chacun de ces colis est réalisé par le personnel du centre avec tous les équipements standard nécessaires au fonctionnement d’un bureau de vote : une boîte avec les bulletins en papier (500 bulletins pour chacun des partis en lice, plus 500 bulletins de vote blancs supplémentaires); le nouveau présentoir contenant au total 22 000 bulletins ; des enveloppes ; une affiche avec les noms et symboles des partis en hébreu, arabe et russe ; un isoloir ; une table pour compter les bulletins ; le drapeau israélien, entre autres choses.
Dans les diverses zones de travail entourant l’entrepôt géant qui abrite les urnes, les quelque 100 travailleurs employés pendant les trois mois précédant l’élection préparent soigneusement chaque article nécessaire pour chaque colis, depuis des paquets de trombones pour le regroupement des bulletins de vote aux moyens de fixation pour les affiches et panneaux.
Dans une pièce, les employés examinent les listes électorales, vérifiant et revérifiant que chaque nom et numéro d’identification correspondent, et que chaque électeur est assigné au bureau de vote approprié situé près de son domicile. Ces listes sont ensuite assemblées en paquets sur mesure qui vont également dans les urnes, ce qui rend chacune d’entre elles unique et spécifique à son emplacement.
Comme le système électoral israélien n’est pas informatisé, les électeurs doivent voter à leur bureau de vote. Donc, non seulement vous ne pouvez pas voter si vous êtes à l’étranger, mais si vous vivez à Haïfa mais que vous vous trouvez en vacances à Eilat le jour du scrutin, vous devrez abréger votre séjour et retourner rapidement chez vous pour déposer votre bulletin de vote.
Toutefois, la commission centrale électorale est également responsable des quelque 400 000 citoyens israéliens qui sont autorisés à voter dans un bureau de vote qui ne leur est pas attribué. Il s’agit notamment des soldats de l’armée israélienne, du personnel médical et des patients dans les hôpitaux, des prisonniers et des personnes handicapées (qui peuvent voter dans l’un des 3 949 bureaux de vote entièrement accessibles aux personnes handicapées, soit une augmentation de 50 % par rapport aux dernières élections).
Chacun de ces groupes présente ses propres défis. Dans le cas des militaires, par exemple, les bureaux de vote se rendent chez les militaires et non l’inverse ; certains sont installés sur des bases militaires, tandis que d’autres sont amenés chez les soldats sur le terrain.
Les diplomates israéliens en mission dans les ambassades et consulats du monde entier constituent une autre exception. Ils voteront le 27 mars, et leurs bulletins de vote seront comptés avec tous les autres dans la nuit du 9 avril, immédiatement après la fermeture des bureaux de vote.
Le jour même des élections, tout en représentant l’apogée du travail de l’équipe logistique, est aussi le jour où l’entrepôt de Shoham est transformé d’un centre logistique en une usine de recyclage de fortune pour les quelque 250 tonnes de déchets qui restent après le vote.
Pendant que les bulletins de vote validés sont acheminés par camion à la Knesset, où ils restent pendant deux semaines en cas d’appel et de recomptage, des rames de bulletins et d’enveloppes inutilisés, des listes électorales, des affiches de bureau de vote, des cloisons en carton et tout autre matériau recyclable sont transportés au centre logistique où les camions de recyclage attendent dans l’espace autrefois occupé par les piles de boîtes de scrutin. De là, les camions transportent les déchets vers un certain nombre d’usines de recyclage à travers le pays.
Et puis, dit Toran, après quelques jours de repos, « nous commençons à préparer les prochaines élections, quelle que soit la date à laquelle elles auront lieu ».
Renee Ghert-Zand a contribué à cet article.
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