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Les hommes de l’âge de glace en Israël privilégiés par rapport à leurs contemporains

Selon des chercheurs de l'Université hébraïque, les chasseurs-cueilleurs qui vivaient sur la mer de Galilée il y a 23 000 ans avaient un régime alimentaire varié

Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

Une gazelle dans le sud d'Israël, le 14 juillet 2017. Les humains de l'âge de glace se régalaient de gazelles, ainsi que de proies plus petites, selon une nouvelle étude de l'Université hébraïque. (Crédit : Haim Shohat/Flash90)
Une gazelle dans le sud d'Israël, le 14 juillet 2017. Les humains de l'âge de glace se régalaient de gazelles, ainsi que de proies plus petites, selon une nouvelle étude de l'Université hébraïque. (Crédit : Haim Shohat/Flash90)

Les humains d’antan qui vivaient sur les rives du lac de Tibériade, dans le nord d’Israël, ont prospéré pendant la dernière période glaciaire, contrairement à la majorité de leurs contemporains, dans le monde, qui étaient morts de faim, selon une nouvelle recherche menée par des archéologues israéliens.

Les chercheurs de l’Université hébraïque de Jérusalem sont parvenus à cette conclusion en analysant les restes de végétaux et d’animaux découverts dans un village antique, situé sur le lac. Ces restes bien conservés indiquent que les anciens habitants bénéficiaient d’une alimentation riche et variée, malgré la pénurie alimentaire mondiale, déclarent-ils.

Vers la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 23 000 ans, les chasseurs-cueilleurs vivaient dans des huttes construites à l’aide broussailles sur le site qui était alors connu sous le nom de Ohalo II. Le site était un endroit privilégié, avec de l’eau douce, et une multitude d’animaux et de végétaux dont se nourrir.

Au cours de cette période glaciaire, connue sous le nom de Dernier maximum glaciaire (DMG), d’énormes nappes glaciaires avaient recouvert une grande partie de l’Amérique du Nord, de l’Europe du Nord et de l’Asie. Les températures excessivement froides avaient eu de graves répercussions sur l’environnement dans le monde entier – entraînant notamment des sécheresses, des phénomènes de désertification et une baisse du niveau des mers.

Il y a des milliers d’années, le site avait été inondé et enseveli par la vase, ce qui a permis de conserver dans les meilleures conditions possibles des vestiges qui offrent aujourd’hui aux chercheurs un aperçu riche de la vie humaine à cette époque.

Pendant des siècles, l’ancien village était resté submergé sous les eaux du lac. Les chercheurs avaient finalement découvert Ohalo II en 1989, à l’occasion d’une sécheresse qui avait fait baisser le niveau du lac de Tibériade de plusieurs mètres. Les archéologues auront effectué des fouilles sur le site entre 1989 et 1991, puis entre 1998 et 2001.

Selon des recherches antérieures, la culture des végétaux, à l’origine de l’agriculture, pourrait bien avoir commencé sur ce site.

Ohalo II est situé sur la rive sud du lac, à environ neuf kilomètres au sud de Tibériade, et l’ancien village couvre une surface de 2 000 mètres carrés. Sur le site, six huttes en broussailles de forme ovale, des foyers en plein air, la tombe d’un homme adulte et des tas d’ordures. Les huttes, agrémentées d’une litière faite d’herbes au sol, avec un foyer central, semblent avoir été utilisées tout au long de l’année par les êtres humains primitifs.

La transition de l’être humain vers l’agriculture et vers un mode de vie sédentaire a été un processus progressif qui s’est déroulé sur des milliers d’années, ce qui signifie que les chasseurs-cueilleurs vivaient parfois à l’intérieur d’habitations. De nombreux groupes de chasseurs-cueilleurs ont mené une vie semi-nomade pendant ce passage évolutif à l’agriculture, errant pendant une partie de l’année et vivant dans des lieux fixes pendant les autres saisons.

Pour la nouvelle étude, les chercheurs se sont concentrés sur des couches d’ossements découvertes dans l’une des huttes du site. Une toute nouvelle technologie utilisée pour cette étude a permis de procéder à une analyse innovante. Les chercheurs ont ainsi réuni de nouvelles informations et ils ont pu identifier précisément des ossements brûlés qui avaient été immergés pendant des milliers d’années.

Les chercheurs de l’Université hébraïque, placés sous la direction de Tikvah Steiner, étudiante en doctorat, ont analysé 22 000 ossements d’animaux – en se concentrant sur des restes de reptiles, d’oiseaux et de mammifères trouvés dans l’une des huttes. Les os ont été identifiés, catégorisés, mesurés et examinés pour détecter des signes de coupe et d’utilisation.

Parmi ces animaux, des gazelles, des cerfs, des lièvres et des renards. Des recherches avaient porté, dans le passé, sur des restes végétaux et sur des outils en silex découverts sur le site.

Marques de découpe sur d’anciens os de gazelle trouvés sur le site archéologique d’Ohalo II. (Crédit : avec l’aimable autorisation de l’Université hébraïque)

L’équipe a déterminé que les fortes variations climatiques de l’époque avaient eu peu d’effets négatifs dans la région. Ses habitants d’antan avaient un régime alimentaire riche et varié, comprenant des plantes, des mammifères, des reptiles, des oiseaux et des poissons.

Les chercheurs ont examiné le processus de collecte alimentaire de la communauté en examinant la manière dont les humains primitifs chassaient et mangeaient. Deux théories sont actuellement privilégiées à ce sujet.

Les anciens chasseurs poursuivaient souvent le petit gibier, particulièrement rapide, ainsi que les animaux plus grands pour se nourrir. S’ils chassaient initialement les animaux plus grands, ils s’étaient ensuite également tournés vers les plus petits – plus difficiles à chasser et offrant moins de viande. Le temps passant, l’apport en végétaux était également devenu plus important.

Une théorie de la chasse ancienne, appelée Théorie d’approvisionnement optimal, part du principe que la multiplication des populations de chasseurs-cueilleurs a entraîné une pression proportionnelle sur les proies les plus porteuses d’avantages – entraînant un déclin des proies plus riches au niveau énergétique et obligeant les chasseurs à poursuivre des proies plus petites.

Une autre théorie, la Théorie de la construction de niche, suppose pour sa part que les êtres humains ont élargi leur régime alimentaire en s’engageant progressivement dans leur environnement, plutôt qu’en réaction à une pénurie. Ainsi, les humains se sont déplacés vers des zones disposant de plus de ressources pour subvenir aux besoins des populations, expérimentant l’alimentation végétale et animale.

La diversité des proies d’Ohalo II a été le résultat de l’abondance dans la région, estiment les chercheurs – ce qui vient soutenir, dans le cas de ce site particulier, la seconde théorie. Les deux théories ne s’excluent pas mutuellement – la géographie ayant pu déterminer le paradigme qui a prévalu.

« Ohalo II est un exemple de choix diversifié des proies – un choix rendu possible par l’abondance et qui ne s’est pas imposé sous la contrainte dans un camp de pêcheurs-chasseurs-cueilleurs vieux de 23 000 ans », écrivent les chercheurs.

Il y avait des ossements issus de proies plus ou moins avantageuses à peu près à la même époque à Ohalo II, et les plus gros animaux n’ont pas disparu au fil du temps. La théorie de l’épuisement des ressources laisse envisager un régime alimentaire qui a changé au fur et à mesure que les chasseurs sont descendus dans la chaîne alimentaire.

La taille des proies n’a pas non plus diminué au fil du temps, ce qui se serait produit si les humains avaient été contraints de chasser progressivement des proies plus jeunes et plus petites à mesure que les populations animales s’épuisaient.

Les chasseurs privilégiaient les poissons, les oiseaux, les tortues et les végétaux aux lièvres, petits et difficiles à attraper – ce qui montre qu’ils avaient le choix concernant les proies et qu’ils ne pratiquaient pas la chasse intensive au détriment de leurs proies favorites.

Une alimentation plus diversifiée devait poser moins de danger et inciter les nomades à rester dans certains secteurs.

L’utilisation des animaux suggère également une approche des animaux à des fins autres que la viande et l’alimentation.

La chercheuse Tikvah Steiner. (Autorisation/Hebrew University)

« Malgré leur capacité à chasser de grands animaux, ces habitants chassaient également un large éventail de proies et disposaient d’outils et d’un temps suffisants pour exploiter pleinement les carcasses d’animaux jusqu’à la moëlle », explique Steiner.

« Les tortues étaient apparemment sélectionnées pour leur taille, ce qui peut laisser supposer que leurs carapaces étaient utilisées comme bols et que c’était pour ces carapaces qu’elles étaient chassées, non pour leur viande. Le lièvre et le renard étaient probablement chassés pour leur fourrure », ajoute-t-elle.

Selon les chercheurs, les carapaces des tortues les plus grosses pouvaient être utilisées comme marmites, et les plus petites comme récipients, par exemple comme bols.

Les anciens humains consommaient également de grandes quantités de céréales, notamment de l’orge, du blé et de l’avoine. Ils utilisaient des meules pour traiter les céréales et fabriquaient des outils en silex.

Les restes d’ossements indiquent que les chasseurs tuaient leurs proies avant de les ramener au camp, préférant cette alternative à un dépeçage sur le terrain en ne prenant avec eux que les meilleurs morceaux de viande.

Les habitants d’Ohalo II dépendaient également du poisson et ils étaient de bons pêcheurs à la ligne. L’étude décrit le site comme « un camp de pêche artisanale pratiquant des activités intensives ». Ils se nourrissaient le plus souvent de vairons, de carpes et de tilapias, et utilisaient probablement des filets de pêche lestés.

Les chercheurs notent également que les résidents d’Ohalo II avaient probablement un meilleur régime alimentaire que d’autres implantations humaines qui se trouvaient, à l’époque, dans la même région.

L’étude a été supervisée par la professeure Rivka Rabinovich de l’Université hébraïque et par le professeur Dani Nadel, archéologue de l’Université de Haïfa.

La recherche a été publiée mercredi dans la revue scientifique PLOS One à comité de lecture.

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