Les hiérosolymitains ont peur pour leur parc
Une pétition veut sauver le parc entourant le fameux toboggan Golem, menacé par l'extension du réseau de tramway
Chaque enfant ayant grandi à Jérusalem a, au moins une fois dans sa vie, contemplé avec émerveillement le célèbre toboggan Mifletzet (« monstre ») – une créature à trois langues.
La plupart ont déjà escaladé sa bouche grande ouverte avant de se laisser glisser le long d’un des toboggans rouges. C’est un monstre bien-aimé, aussi connu sous le nom de Golem.
Néanmoins, toute bonne chose a une fin et le parc qui l’abrite doit être détruit. La municipalité de Jérusalem et le ministère des Transports prévoient d’étendre la ligne de tramway de la ville jusqu’au centre médical de Hadassah à Ein Kerem.
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Situé dans une rue fréquentée du quartier de Kiryat Yovel, le jardin Rabinowitz comprend le bac à sable où se situe la sculpture, ainsi qu’une pelouse entourée de grands arbres et de tables en bois.
Le jardin est au centre du quartier, comme l’explique Laura Wharton, membre du conseil local, qui a mis en ligne une pétition (lien en hébreu).
« Ils vont détruire un périmètre de sept mètres autour du parc », regrette Wharton, une résidente de Beit Hakerem, qui vivait à Kiryat Yovel.
Little Hadassah, une clinique autonome à l’arrière du parc, est située sur une terre que possède l’hôpital Hadassah, précise Wharton.
La construction de l’extension du tramway devrait prendre deux ans. Près de 120 arbres seront abattus le long du parcours.
« Kiryat Yovel est l’un des principaux quartiers de Jérusalem, et le parc attire de nombreux résidents et des visiteurs tout au long de la semaine », écrit Wharton. « Les superbes toboggans de cette célèbre statue sont devenus un symbole du quartier et de la ville. »
Jeudi matin, la pétition avait réuni plus de 3 700 signatures. Wharton a écrit qu’elle envisageait de pousser la municipalité à trouver une solution alternative qui n’impliquerait pas l’abattage d’arbres et « le grignotage de ce magnifique espace vert. »
Tous les internautes ne semblaient pourtant pas aussi concernés.
« Il y a une différence entre ‘détruire le Parc au Monstre’ et ‘le limiter un peu en enlevant quelques arbres’ », écrit un résident de Jérusalem. Un autre renchérit : « Un espace vert magique ? Plutôt un terrain friable avec quelques buissons. »
D’autres encore estiment que s’ils ont le choix, ils préféreront opter pour des transports publics modernisés plutôt que pour le parc.
Cependant, beaucoup sont nostalgiques de leur enfance passée à jouer dans le grand toboggan.
La municipalité n’a pas répondu aux questions sur ses plans concernant le parc.
L’artiste française Niki de Saint Phalle avait créé le monstre grotesque mais amical en 1972, commandé par le maire de l’époque Teddy Kollek, lui-même résident de Kiryat Hayovel. L’artiste David Soussana, un conseiller de Kollek, écrit que le maire avait toujours apprécié l’art.
« Malgré le caractère foudroyant de Teddy, et l’impatience qu’il montrait parfois, » selon le catalogue d’une exposition de 2007 à Vienne – la ville natale de Kollek – écrit par Soussana, « Teddy savait se montrer patient avec les artistes de disciplines et genres créatifs divers, pour que de grandes œuvres d’art voient le jour, inspirées par sa personnalité charismatique et son caractère. »
Mais la créature quelque peu inquiétante de Saint Phalle a causé des ennuis à Kollek. Lors d’une interview de 1988 au quotidien The Los Angeles Times, l’artiste a révélé que la commission avait rejeté le projet Golem, pensant que le toboggan serait trop effrayant pour les enfants. Kollek, selon Saint Phalle, parlant de lui comme « vraiment le roi », a ordonné à la commission de voter une seconde fois.
Citant la théorie sur les contes de fées du psychologue Bruno Bettelheim, Saint Phalle a affirmé dans l’article du LA Times que « l’effroi est bon pour les enfants, parce qu’il les aide à surmonter leurs peurs. »
Que cela soit vrai ou faux, le monstre est vite devenu une attraction de Jérusalem. Un article publié dans ArtToday affirme que Saint Phalle a un jour reçu un lettre de Kollek lui disant que le Golem attirait plus de visiteurs que le Mur Occidental.
Elle a ensuite créé plusieurs autres œuvres pour Jérusalem, notamment les 23 animaux représentant l’Arche de Noé au Zoo Biblique de la ville qui a été offert à Kollek lors de son 90ème anniversaire.
Les animaux, magnifiquement décorés de miroirs et de mosaïques se trouvent autour d’une caverne et d’un courant d’eau, conçus par l’architecte Mario Botta.
Saint Phalle est décédée environ un an après que les sculptures du zoo aient été dédiées en l’honneur de Kollek. Ce dernier est décédé cinq ans plus tard, en 2007.
Quant à la sculpture du toboggan Golem, même si elle doit être relocalisée, il ne faut pas s’en faire : elle atterrira peut-être à son emplacement originel comme la fameuse sculpture de Calder de la ville, « Hommage à Jérusalem – Stable, » qui avait été changée de place du Mont Herzl en 2005 afin de construire un parking souterrain pour la gare.
La statue d’acier rouge de 65 tonnes faisait partie de plans de la ville pour améliorer la qualité de vie et fût installée en 1977 au square de Hollande de Jérusalem, proche du monstre de Kiryat Hayovel.
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