Les Israéliens donnent plus d’un million de shekels pour les victimes de Huwara
Le membre du parti Avoda qui a organisé la campagne de financement, déplore que les auteurs de ces actes aient "maintenant des partenaires très importants au sein du gouvernement"
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
En moins de 24 heures, des Israéliens ont fait don de plus d’un million de shekels pour les Palestiniens dont les maisons et les commerces ont été détruits par des centaines de résidents d’implantations qui se sont livrés à un carnage meurtrier dans la ville de Huwara, au nord de la Cisjordanie, dimanche soir.
Yaïr (Yaya) Fink, membre du parti Avoda, a lancé une campagne de financement en ligne le matin suivant l’attaque au cours de laquelle un Palestinien de 37 ans a été tué, quelque 300 personnes ont été blessées – dont quatre grièvement – et des dizaines de bâtiments et de véhicules ont été incendiés lors de cette émeute de masse qui s’est produite quelques heures après la mort de deux frères israéliens dans une fusillade terroriste dans la même ville.
Mardi matin à 6h, 7 283 personnes avaient fait un don de 1 071 026 shekels. Fink a lancé l’appel aux dons avec un objectif initial de 100 380 shekels.
Ce n’est qu’une petite action, mais comme le dit le proverbe juif, « un peu de lumière peut dissiper beaucoup d’obscurité », a déclaré Fink au Times of Israel dans une interview lundi.
Fink a déclaré qu’il avait été poussé à agir après avoir vu les « horribles » images du saccage, qui montraient des auteurs juifs portant une kippa se rassemblant pour un quorum de prière du soir devant des bâtiments de Huwara engloutis par les flammes.
« En tant que Juif religieux moi-même… j’ai senti que je ne pouvais pas rester silencieux dans de telles circonstances », a déclaré Fink. « Ils sont en train de créer un nouveau judaïsme perverti et de porter le nom du Divin en vain ».
« Je suis arrivé à la conclusion que je devais élever une voix juive, sioniste, israélienne différente », a expliqué Fink, qui a récemment fondé le mouvement populaire pro-démocratie Our Israel.
S’il insiste sur le fait que la majorité des Israéliens « n’acceptent pas de tels anarchistes », Fink reconnaît que les auteurs de ces actes ont désormais « des partenaires très importants au sein du gouvernement ».
Il a souligné les commentaires du député de la coalition Zvika Fogel, qui a soutenu sans équivoque les émeutiers, ainsi que le chef de son parti d’extrême-droite Otzma Yehudit, Itamar Ben Gvir, qui a refusé de condamner le saccage.
Ben Gvir est l’un des ministres les plus importants du gouvernement, dont le ministère de la Sécurité nationale supervise la police, et Fogel est le président de la commission de Sécurité nationale de la Knesset.
« Nous ne pouvons pas les traiter comme s’ils étaient de scandaleux marginaux. Ils font partie des leaders d’Israël aujourd’hui », a déclaré Fink. « C’est pourquoi, face à ces forces, nous avons besoin d’un mouvement civil qui diffuse la lumière et combat ces gens. »
Interrogé sur la manière dont il envisageait de transférer l’argent aux habitants de Huwara, Fink a répondu qu’il prenait contact avec les dirigeants de la communauté de cette ville palestinienne en utilisant d’anciens responsables de la sécurité israélienne comme intermédiaires et a estimé qu’il faudrait environ trois semaines pour identifier les familles dont les maisons et les commerces ont été vandalisés. Des vérifications des antécédents seront également effectuées pour s’assurer qu’aucune partie de l’argent ne parvient à des Palestiniens ayant des antécédents d’infractions à la sécurité.
Des centaines d’Israéliens lui ont envoyé des messages de menace pour avoir lancé cette initiative, mais Fink a déclaré que les milliers de personnes qui ont décidé de faire un don offraient « un peu d’optimisme au milieu d’une période difficile où l’actualité est remplie d’extrémistes, de terroristes et d’incendiaires ».