Les Jardins botaniques de Jérusalem se transforment en musée à ciel ouvert
Le site naturel urbain lance l'exposition "Retour à la nature", qui permet de profiter d'art et de culture en plein air
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Le célèbre artiste israélien Menashe Kadishman vous attend aux Jardins botaniques de Jérusalem.
Plus précisément, c’est sa sculpture de 1982, « Segments II », faite d’acier inoxydable et de verre, qui y est présente dans le cadre de l’exposition « Returning to Nature » qui a ouvert lundi sur le site.
L’exposition, visible jusqu’à la fin novembre, relève du projet du jardin visant à faire entrer les arts et la culture dans son espace naturel.
Les sculptures façonnent un parcours circulaire à travers les jardins, et une visite virtuelle conçue pour ceux qui ne peuvent pas s’y rendre en personne est également disponible. Le jardin propose des activités et des visites guidées liées à l’exposition, toutes disponibles sur le site web spécialement créé pour « Retour à la nature ».
« Nous voulions que ce soit le plus possible en ligne, pour le public qui peut sortir et profiter de la nature, et pour ceux qui ne le peuvent pas », explique Hannah Rendell, directrice exécutive des jardins.
« Retour à la nature » comprend 16 sculptures des artistes emblématiques Kadishman et Dani Karavan, des artistes établis Tsibi Geva, Yehudit Sasportas et Sigalit Landau, et de plus jeunes comme Ella Littwitz, Yaara Zah et Saher Miari.
C’est une réponse au manque d’art et de culture disponible en ce moment en raison de la pandémie de coronavirus, indique Hadas Maor, qui a organisé l’exposition. « Nous retournons à la nature et aux espaces en plein air, mais nous ne pouvons toujours pas aller dans les musées et les galeries ».
Deux œuvres ont été spécialement commandées pour l’occasion : une installation sonore de Maya Dunietz qui répond aux murmures et aux voix du jardin, et un chapitre du projet Désert liquide de Yehudit Sasportas, dont une partie a été présentée en janvier 2019 en Allemagne
L’objectif était de combiner des œuvres emblématiques et des œuvres de nouveaux artistes, en organisant l’exposition à partir d’œuvres existantes prêtées par des musées, des collections privées et des galeries, et en en commandant de nouvelles à des artistes, notamment ceux qui travaillent avec la nature, explique Hadas Maor.
Elle a contacté la fille de Kadishman pour savoir laquelle de ses œuvres antérieures était disponible. L’artiste et sculpteur, surtout connu pour sa série de visages de chèvre, avait la sculpture Segments II disponible, après l’avoir fait revenir en Israël depuis les États-Unis pour la restaurer.
La sculpture fait partie d’un ensemble de travaux antérieurs sur la déconnexion entre la nature et le monde, et permet aux spectateurs de voir le jardin à travers l’œuvre, commente Hadas Maor.
Sigalit Landau a utilisé des compteurs d’eau pour construire « Falling Water », une sculpture qui fait référence à la vie à travers de la tuyauterie et des compteurs d’eau, en référence à Israël et à ses problèmes hydriques actuels.
Ella Littwitz a réutilisé de vieilles peaux de ballon de football pour en faire une sculpture horizontale qui s’adapte au sol et au site, tandis que Maya Dunietz et Yehudit Sasportas ont créé des installations sonores que l’on peut entendre dans certains espaces des jardins, créant ainsi des « sculptures dans l’espace », décrit Hadas Maor.
« Cela donne un horizon conceptuel à la sculpture », a-t-elle dit. « Il y a la tension des sculptures verticales, et d’habitude vous vous attendez à voir quelque chose qui part du sol et va vers le haut ».
Le résultat final est aussi bon que n’importe quelle expérience que l’on peut avoir dans un musée, assure la responsable de l’exposition, notant que c’était la première fois qu’elle en organisait une dans la nature.
« Nous attendons des Israéliens, des habitants de Jérusalem et de la communauté artistique qu’ils viennent voir cela, car ils connaissent l’espace et savent à quoi s’attendre dans les jardins », espère la directrice du site. « C’est une chance de se promener dans le parc, et de voir quelque chose de nouveau. »