Les juifs serbes dénoncent l’indulgence de Trifunovic envers les pro-nazis
"Vous pensez que cela ne devrait pas être 'pertinent' de savoir si dans une maison allemande il y a une photographie de Willy Brandt ou d'Adolf Hitler ?", a écrit la communauté

La communauté juive de Serbie a exprimé lundi son indignation après qu’un chef de l’opposition a expliqué qu’il lui importait peu de savoir si des sympathisants pro-nazis soutenaient le mouvement de protestation contre le pouvoir.
Dans une interview dans les médias locaux, Sergej Trifunovic explique qu’il juge « complètement non pertinente » la question de savoir si les opposants au pouvoir serbe du président Aleksandar Vucic, qui descendent chaque semaine dans la rue, « ont chez eux une photo de Dimitrije Ljotic ou de (Josip Broz) Tito ».
Leader fasciste serbe, Ljotic était un inspirateur du gouvernement fantoche qui a collaboré avec les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, affichant sa volonté d’éradiquer la population juive de Serbie. Avant de devenir le leader de la Yougoslavie jusqu’à sa mort en 1980, Tito était le chef des partisans communistes luttant contre les nazis et leurs collaborateurs.
« Vous pensez que cela ne devrait pas être ‘pertinent’ de savoir si dans une maison allemande il y a une photographie de Willy Brandt ou d’Adolf Hitler ? », s’offusque dans une lettre à Sergej Trifunovic l’association des juifs de Belgrade.
« Nous nous adressons à vous au nom des 11 000 juifs de Belgrade qui ont été tués dans des camps ou exécutés dans différents lieux de Belgrade, avec le concours de l’appareil de propagande de Dimitrije Ljotic », écrit l’association.
La communauté juive de Belgrade compte aujourd’hui près d’un millier de personnes.
L’association accuse Sergej Trifunovic de « mettre sur un pied d’égalité odieux ceux qui ont combattu le fascisme et ceux qui ont aidé les occupants à faire de la Serbie un Etat sans juifs ».
Sergej Trifunovic, 46 ans, se présente comme un homme de gauche. Ce comédien s’est imposé comme une des figures de proue du mouvement d’opposition au président Aleksandar Vucic. Sollicité par l’AFP, il n’a pas réagi dans l’immédiat.
Depuis décembre, des milliers de Serbes descendent chaque semaine dans les rues de Belgrade et des principales villes du pays pour dire leur rejet de ce qu’ils décrivent comme la dérive autoritaire du président serbe.
Ces défilés ont le soutien de la plupart des partis d’opposition, de l’extrême droite à la gauche.