Les meurtres en hausse dans tous les secteurs de la société israélienne – enquête
L'augmentation de 61% cette année du taux de meurtres présumés parmi les Juifs et les autres non-arabes serait due à la détérioration des forces de police sous Ben Gvir
Outre les 102 Arabes israéliens tués depuis le début de l’année 2023, 29 citoyens et résidents israéliens non-arabes – juifs et non-juifs – ont également été assassinés au cours de cette période, selon une enquête menée par Zman Yisrael, le site hébréophone du Times of Israel.
À la même époque l’année dernière, 18 meurtres de ce type avaient été totalisés, soit une augmentation de 61 % cette année.
La victime la plus récente est Osher Gazi, 21 ans, d’Eilat, qui a été poignardé à l’intérieur de sa voiture dans ce qui semble être une embuscade orchestrée par des criminels.
Dimanche, le nombre de meurtres violents dans la communauté arabe a atteint 102 après la mort d’Atak Kashkush, un étudiant de 28 ans de Qalansawe, abattu dans la rue, et d’Ashraf Karub, 49 ans, abattu à l’intérieur d’une maison à Jaljulia.
À la même époque l’année dernière, le nombre d’Arabes tués dans des meurtres présumés était de 35, soit presque un tiers du chiffre actuel.
Les Arabes sont assassinés en Israël 12 fois plus que les Juifs, par habitant. Alors que la plupart des cas d’homicides dans la communauté juive aboutissent à des inculpations en quelques semaines, la majorité des meurtres d’Arabes ne sont pas élucidés.
Selon les statistiques de la police publiées lundi par le quotidien Yedioth Ahronoth, 75 % des meurtres présumés commis dans la communauté juive entre janvier 2022 et avril 2023 ont été élucidés, contre 19 % des meurtres présumés commis par des Arabes au cours de la même période.
La police israélienne ne publie pas de statistiques sur la criminalité au jour le jour. Le décompte des meurtres dans la communauté arabe est effectué par l’organisation The Abraham Initiatives. Les statistiques recueillies pour cet article sont basées sur un rapport du Centre d’information et de recherche de la Knesset, qui a enregistré le nombre de meurtres présumés chaque mois, par communauté, jusqu’au 3 mai de cette année.
Cette enquête a permis de dénombrer cinq autres victimes de meurtres survenus après la période couverte par le rapport susmentionné : Osher Gazi, Heli Peri dont l’ex-mari l’a poignardée à 16 reprises, un couple à Netanya dont le fils est soupçonné de les avoir assassinés, et un garçon de 4 ans à Haïfa qui a été tué par sa mère, qui s’est ensuite suicidée.
Les policiers, les volontaires de la police et les activistes sociaux affirment qu’au cours des derniers mois, la capacité de la police à faire face à l’épidémie de criminalité a fortement diminué.
La chaîne publique israélienne Kan a rapporté samedi que 40 procureurs de police et des dizaines d’enquêteurs cherchent à démissionner de la police, qui manque déjà cruellement de personnel. Le chef de la police israélienne, Kobi Shabtaï, a affirmé samedi que le gouvernement faisait pression sur lui pour qu’il prenne des mesures qui laisseraient une « terre brûlée » à la fin de son mandat.
Des policiers à la retraite accusent le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, d’être responsable de la détérioration de l’organisation. Des dizaines d’officiers supérieurs à la retraite, dont six anciens chefs de police – Asaf Chefetz, Dudi Cohen, Yochanan Danino, Moshe Karadi, Rafi Peled et Shlomo Aharonishki – ont envoyé une lettre vendredi au Premier ministre Benjamin Netanyahu pour demander le renvoi de Ben Gvir.
« La police israélienne est en train de s’effondrer », dit la lettre. « D’excellents officiers et commandants fuient l’organisation à un rythme sans précédent. Il est trop tôt pour exposer toutes les raisons qui ont conduit la police là où elle se trouve aujourd’hui. »
« Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, est au cœur du problème. La première chose à faire est de le démettre instamment de ses fonctions. Son mandat de ministre représente un danger immédiat et concret pour la sécurité d’Israël. »
Les officiers à la retraite affirment que les nombreuses disputes entre Ben Gvir et Shabtaï, ainsi qu’avec d’autres officiers supérieurs, créent des problèmes qui se font sentir sur le terrain.
Selon eux, les forces de police étant une organisation naturellement hiérarchique basée sur le principe du respect des ordres, le fait qu’un ministre ne respecte pas la loi et la bonne conduite incite les officiers supérieurs à le traiter de la même manière, et cette attitude se répercute jusqu’aux policiers sur le terrain, qui deviennent désorientés et démotivés. Pendant ce temps, les criminels reconnaissent cette faiblesse et en profitent.
« Les problèmes de la police se sont considérablement aggravés au cours des six derniers mois », a expliqué David Haliva, un responsable de la sécurité à la retraite qui forme les policiers aux arts martiaux.
« Les policiers ont l’impression que personne ne les soutient, que leurs supérieurs se désintéressent d’eux, qu’il règne une atmosphère de désespoir, et cela les affecte. Ils ne peuvent pas faire leur travail correctement. Le fossé se creuse entre les villes dotées d’une police municipale et celles qui en sont dépourvues. Les forces de police municipales arrivent dans un délai raisonnable et s’occupent des problèmes. Dans d’autres villes, les délais d’attente sont de plus en plus longs. »
« Le résultat est que les citoyens perdent ce qui leur reste de confiance et décident de régler leurs problèmes eux-mêmes. Il en résulte de plus en plus de violences – conflits de voisinage, cambriolages, bagarres – qui se règlent sans la police, avec des sociétés de gardiennage ou par l’intimidation. Cela vaut également pour la communauté juive. »