Les Palestiniens dans la rue après la mort d’un terroriste dans une prison en Israël
Des magasins ont fermé leurs portes, des étudiants ont été renvoyés chez eux et des rassemblements ont eu lieu pour protester contre la mort de Nasser Abu Hamid, mort d'un cancer
Des centaines de Palestiniens, dont des dizaines de tireurs masqués qui ont tiré des coups de feu en l’air, sont descendus dans les rues et les magasins ont fermé à travers la Cisjordanie mardi pour protester après la mort d’un terroriste palestinien, condamné pour le meurtre de plusieurs Israéliens, qui est décédé d’un cancer alors qu’il purgeait sa peine dans une prison israélienne.
Les factions palestiniennes ont appelé à une grève générale et ont exhorté la population à affronter les troupes israéliennes après le décès de Nasser Abu Hamid, atteint d’un cancer du poumon.
Nasser Abu Hamid, 51 ans, était un membre fondateur du groupe terroriste des Brigades des martyrs d’Al Aqsa, la branche armée du Fatah, le parti du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Il purgeait plusieurs peines de prison à vie depuis 2002 après avoir été reconnu coupable de la mort de sept Israéliens lors de la Seconde intifada au début des années 2000.
Des responsables palestiniens avaient demandé sa libération alors que sa santé se détériorait ces derniers mois.
Les prisonniers détenus par Israël, y compris ceux qui ont été condamnés pour le meurtre de civils israéliens, sont largement considérés comme des héros dans la société palestinienne pour avoir, comme ils disent, « résisté » à la présence militaire israélienne en Cisjordanie. Israël et une grande partie de l’Occident les considèrent comme des terroristes.
Des centaines de personnes ont participé à une marche en l’honneur d’Abu Hamid à Ramallah, le siège du gouvernement d’Abbas. Les manifestants ont brandi des drapeaux palestiniens et des drapeaux jaunes du Fatah, tandis que d’autres tenaient des posters d’Abu Hamid près de la mosquée Al-Aqsa, sur le mont du Temple à Jérusalem.
Un groupe d’hommes armés vêtus de noir a défilé dans la ville en tirait en l’air.
Une grève générale a été décrétée en Cisjordanie et des manifestations se sont tenues mardi dans de grandes villes palestiniennes.
Une manifestation a également eu lieu dans la bande de Gaza, gouvernée par le groupe terroriste du Hamas.
« Nous remercions Dieu car il a choisi un martyr parmi nous. Nous remercions aussi Dieu car nous avons été en mesure de le voir pour lui dire au revoir. Cela a été un moment difficile (…) je lui ai dit : fils, que Dieu te protège », a déclaré à l’AFP sa mère, Latifa Abou Hamid.
Le service pénitentiaire israélien a confirmé la mort d’Abu Hamid dans un hôpital de la région de Tel Aviv, 20 ans après sa condamnation à perpétuité pour meurtre et tentative de meurtre. Il a déclaré qu’il était en phase terminale et avait été hospitalisé un jour plus tôt. Le service pénitentiaire a ajouté que « comme dans chaque cas de ce genre, l’incident fera l’objet d’une enquête ».
Le Club des prisonniers palestiniens, un groupe représentant les prisonniers anciens et actuels, a déclaré qu’environ 4 700 Palestiniens sont emprisonnés par Israël pour des infractions liées à la sécurité et l’entrée illégale en Israël. Il a déclaré qu’un cancer avait été diagnostiqué chez Abu Hamid en août 2021.
« Je pleure en mon nom, en celui de notre gouvernement et de tout le peuple palestinien, le chef martyr Nasser Abou Hamid, décédé à la suite de la politique de négligence médicale délibérée de l’administration pénitentiaire » israélienne, a déclaré le Premier ministre de l’Autorité palestinienne (AP), Mohammed Shtayyeh.
Les services pénitentiaires ont rejeté les allégations de négligence, affirmant que le prisonnier « a reçu des soins réguliers et attentifs de la part du personnel médical des services pénitentiaires et de professionnels externes ».
Ce décès est un « grave crime » contre les « détenus » et le « peuple palestinien », a estimé le Hamas, groupe terroriste islamiste rival du Fatah et au pouvoir dans la bande de Gaza, où s’est également tenue une manifestation, qui a également appelé à un soulèvement dans les prisons.
Cinq autres frères de la famille Abou Hamid ont été emprisonnés en Israël pour leur rôle dans des violences. Et un sixième avait été tué en 1994 lors de heurts avec l’armée israélienne.
Nasser Abou Hamid avait été le premier des ex-collaborateurs de Marwane Barghouthi cités à la barre lors du procès en 2003 de cet important membre du Fatah, toujours emprisonné en Israël pour son rôle dans différents attentats anti-israéliens pendant la Seconde Intifada.
Abu Hamid avait refusé de reconnaître la légitimité du tribunal israélien qui l’avait condamné.
« Ce n’est pas un tribunal. Je ne suis pas prêt à participer à cela. Je ne parlerai que devant un tribunal international », avait-il alors déclaré, – en hébreu.