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Les Palestiniens envisagent de cesser de payer certains terroristes – média

L'initiative s'inscrirait dans une stratégie de reprise des liens avec Israël et les USA, le président élu Biden promettant une position plus conciliante envers Ramallah

Des proches de Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes brandissent leur portrait lors d'une manifestation pour marquer la "Journée des prisonniers" à Ramallah, en Cisjordanie, le mercredi 7 avril 2019. (AP Photo/Majdi Mohammed)
Des proches de Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes brandissent leur portrait lors d'une manifestation pour marquer la "Journée des prisonniers" à Ramallah, en Cisjordanie, le mercredi 7 avril 2019. (AP Photo/Majdi Mohammed)

Dans une tentative d’établir de nouveaux liens avec la nouvelle administration du président américain désigné Joe Biden, l’Autorité palestinienne (AP) envisagerait de modifier sa politique de versement d’allocations aux prisonniers de sécurité palestiniens, y compris ceux qui sont condamnés pour des attentats terroristes.

Israël a longtemps cherché à mettre un terme à cette pratique qui constitue une incitation au terrorisme. Les responsables israéliens ont appelé cette pratique « payer pour tuer », disant qu’elle incite au terrorisme en augmentant les paiements en fonction de la peine – ce qui signifie que ceux qu’Israël a condamnés pour des crimes plus graves reçoivent plus d’argent de l’AP.

Mais Ramallah a défendu cette politique à plusieurs reprises, décrivant les paiements comme une forme d’indemnité sociale. Cette politique est également populaire au niveau national : En plus de ceux qui soutiennent sans réserve le terrorisme armé contre les civils israéliens, de nombreux Palestiniens ordinaires ne font pas confiance au système judiciaire militaire israélien.

La nouvelle politique donnerait aux familles des prisonniers palestiniens des allocations basées sur leurs besoins financiers plutôt que de les lier à leur peine de prison, a déclaré le président de la Commission des affaires des prisonniers de l’AP, Qadri Abu Bakr, au New York Times.

« Le besoin économique doit servir de base. Un homme célibataire ne devrait pas gagner la même chose qu’une personne ayant une famille », a déclaré M. Abu Bakr.

Des Palestiniens participent à une manifestation de soutien aux prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, dans la ville de Gaza, le 17 avril 2018. (AFP PHOTO / MAHMUD HAMS)

Environ 7 000 prisonniers libérés étaient déjà en passe d’être employés par l’AP, a déclaré Abu Bakr à l’agence de presse Anadolu, dirigée par la Turquie. Auparavant, a-t-il dit, l’Autorité les payait pour rester chez eux.

Pour certains critiques israéliens, cependant, le changement de politique annoncé ne va pas assez loin.

« Un terroriste doit savoir que lorsqu’il se livre au terrorisme, sa famille ne recevra pas d’argent de l’Autorité palestinienne du fait qu’il est emprisonné en Israël », a déclaré au New York Times le député Likud Avi Dichter, ancien directeur de l’agence de sécurité Shin Bet.

Les responsables palestiniens seraient en train de changer de stratégie suite à la victoire présumée de Joe Biden aux élections présidentielles américaines, dans le but d’inverser les mesures punitives sévères que l’administration Trump a appliquées à Ramallah. La question des prisonniers a longtemps entravé les efforts diplomatiques de l’AP à Washington, et Israël n’a cessé d’invoquer le financement du terrorisme pour critiquer Ramallah dans les forums internationaux.

Mercredi soir, il a été rapporté que l’AP avait discrètement renvoyé ses ambassadeurs aux Emirats arabes unis et à Bahreïn après les avoir rappelés pour protester contre la décision de ces pays de normaliser les liens avec Israël.

Une autre expression du virage palestinien est apparue mardi soir, lorsque le haut responsable de l’AP, Hussein al-Sheikh, a annoncé que Ramallah reprenait ses relations avec Israël. Cette annonce a mis fin à une crise de six mois qui a vu l’étroite coordination sécuritaire entre Israël et les Palestiniens s’effondrer et des centaines de milliers de fonctionnaires palestiniens se retrouver sans leur plein salaire.

« Nous nous basons sur ce que la nouvelle administration a annoncé dans sa campagne… ils ont dit que le plan de paix « Trump » ne sera plus sur la table, la [restauration de] la mission de l’OLP et l’aide du consulat de Jérusalem Est et de l’UNWRA, etc… », a déclaré Al-Sheikh.

« Pour nous, ce n’est pas seulement une fenêtre, c’est une porte par laquelle nous pouvons rétablir notre relation avec les États-Unis », a-t-il déclaré.

Le vice-président américain Joseph Biden (à gauche) avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas avant leur réunion à Ramallah, en Cisjordanie, le 10 mars 2010. (AP Photo / Tara Todras-Whitehill)

Le New York Times a rapporté que les responsables de la transition de Biden avaient souligné aux Palestiniens que si Ramallah n’abandonnait pas la question du salaire des prisonniers, il y aurait peu de mouvement politique en vue de rétablir les liens.

Biden s’est engagé à renouveler « l’aide économique et humanitaire aux Palestiniens ». Mais il ne peut le faire entièrement d’un trait de plume sur un décret, à moins que l’AP ne cesse de payer les salaires des prisonniers.

Le Taylor Force Act de 2018 – du nom d’un jeune Américain étudiant à l’étranger en Israël qui a été mortellement poignardé par un terroriste palestinien à Tel Aviv en mars 2016 – a suspendu l’aide à l’Autorité palestinienne tant que celle-ci continuait à verser les salaires.

En vertu du Taylor Force Act, le financement américain pour les Palestiniens ne peut être autorisé que s’il ne bénéficie pas directement à l’Autorité palestinienne qui continue à verser les allocations. La législation refuse aussi spécifiquement au pouvoir exécutif le droit de déroger aux directives pour des raisons de sécurité nationale.

Rétablir le flux d’argent américain est une priorité absolue pour Ramallah sous le gouvernement Biden. Avant que la Maison Blanche de Trump ne commence à réduire l’aide aux Palestiniens en 2018, les États-Unis étaient un donateur important en Cisjordanie et à Gaza, dont des centaines de millions en assistance économique directe à l’AP.

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