Les Pogues, Thin Lizzy, Massive Attack, entre autres, défendent « la liberté d’expression » de Kneecap
Des dizaines d'artistes ont signé une lettre de soutien aux rappeurs nord-irlandais qui ont projeté "F*ck Israel" sur un écran, semblé encourager le Hamas et le Hezbollah et exhorté leurs fans à "tuer leur député local"

JTA — Ce sont des dizaines de groupes, sur la scène musicale, qui ont pris la défense de « la liberté d’expression » de Kneecap, le groupe de rap qui a été critiqué pour avoir ouvertement condamné Israël et pour avoir semblé apporter son soutien à des organisations terroristes.
« Il y a eu, la semaine dernière, une tentative claire et concertée de censurer et de bannir, dans les faits, le groupe Kneecap », était-il ainsi écrit dans un communiqué qui a été signé par près de 40 groupes, avec parmi eux The Pogues, Thin Lizzy, Dexys, Pulp et Massive Attack.
« Dans une démocratie, aucune personnalité politique ni aucun parti politique ne devrait avoir le droit de décider qui va jouer ou qui ne va pas jouer lors de festivals de musique ou à l’occasion de concerts auxquels assistent des milliers de personnes », a ajouté la déclaration. Elle a appelé les responsables gouvernementaux et les dirigeants des grands labels à cesser de chercher à « réduire au silence » Kneecap.
Le communiqué signé par ces groupes – qui a été posté sur Instagram dans la journée de mercredi – a été diffusé dix jours après la controverse qui a été provoquée par le groupe nord-irlandais.
Le 20 avril, Kneecap avait projeté un message disant : « Israël commet un génocide contre le peuple palestinien » alors qu’il se produisait sur scène à Coachella, le grand festival de musique californien.
« Ce génocide est rendu possible par les États-Unis qui arment et financent Israël malgré ses crimes de guerre », disait encore le message. « Fuck Israel, Free Palestine ».

« Les Palestiniens n’ont nulle part où aller », avait dit l’un des membres du groupe, Mo Chara, à la foule. « C’est leur putain de foyer. Et ils les bombardent depuis le ciel. Si vous n’appelez pas cela un génocide, comment vous l’appelez ? »
Le 23 avril, Sharon Osbourne, une personnalité juive du petit écran qui a épousé la légende du métal Ozzy Osbourne, avait demandé la révocation des visas des membres du groupe en raison des messages projetés sur scène à Coachella. Elle avait été l’une des nombreuses célébrités juives à critiquer Kneecap.
Le 25 avril, Kneecap avait défendu ses déclarations dans un message, niant être antisémite. « Nous nous moquons de la religion des uns et des autres. Nous savons qu’il y a un grand nombre de Juifs qui sont indignés par ce génocide tout comme nous le sommes », avaient écrit les membres du groupe.

Le 28 avril, le Premier ministre irlandais a demandé à Kneecap « d’établir clairement et de toute urgence » son éventuel soutien au Hamas et au Hezbollah après la diffusion, l’année dernière, d’une vidéo qui montrait un membre du groupe acclamant « Up Hamas ! Up Hezbollah ! » alors qu’il apparaissait enveloppé dans un drapeau du groupe terroriste libanais soutenu par l’Iran.
Dans la même journée, Kneecap a écrit sur internet : « Soyons sans ambiguïté : nous ne soutenons pas et nous n’avons jamais soutenu le Hamas ou le Hezbollah ». Des excuses en demi-teinte pour Downing Street.
Le groupe fait également l’objet d’une enquête de la police britannique pour certaines de ses déclarations – concernant notamment un clip vidéo qui montrait le trio originaire de Belfast lors d’un concert en 2023. L’un de ses membres y déclare devant la caméra : « Un bon Tory est un Tory mort. Tuez votre député local », faisant référence aux députés appartenant au parti conservateur.
Au mois de février, le groupe a diffusé sur les réseaux sociaux la photo d’une personne cagoulée, apparemment également membre du groupe, qui lisait un livre contenant des déclarations de feu le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah.
— KNEECAP (@KNEECAPCEOL) February 23, 2025
Le Hezbollah et le Hamas sont tous les deux interdits et inscrits sur la liste noire des organisations terroristes au Royaume-Uni – et faire part de son soutien à ces groupes est un délit.
Le communiqué qui a été rendu public mercredi en soutien à Kneecap n’a pas fait référence à Israël, au Hamas, au Hezbollah ou à la guerre à Gaza, déclarant au contraire que le discours politique ne devait pas entrer en compte s’agissant d’offrir la possibilité à des musiciens de se produire sur scène.
« La question de déterminer si l’on est d’accord ou non avec les opinions politiques de Kneecap n’est pas pertinente : il est dans l’intérêt de chaque artiste que toute expression créative soit protégée dans une société qui valorise la culture, et que cette campagne d’ingérence soit condamnée et dénoncée », a affirmé le communiqué.
Plusieurs concerts du groupe ont été annulés en raison de cette controverse.
La guerre à Gaza a suivi une attaque sanglante menée par les terroristes du Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. En cette matinée de Shabbat, plus de 1 200 personnes avaient été tuées et 251 personnes avaient été enlevées, prises en otage dans la bande de Gaza.
Cinquante-neuf otages sont toujours en captivité. Seulement 24 seraient encore en vie, selon les évaluations qui ont été faites par les services de renseignement israéliens.

Le ministère de la Santé de Gaza, qui est placé sous la direction du Hamas, affirme que plus de 52 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent – même si ce bilan reste invérifiable et qu’il ne fait pas de distinction entre terroristes et civils. Israël, de son côté, indiquait, au mois de janvier, avoir abattu environ 20 000 hommes armés sur le terrain, à Gaza, en plus de 1 600 terroristes qui avaient été tués sur le sol israélien, le 7 octobre.
Pendant plus d’un an, après le début de la guerre, le Hezbollah avait été à l’origine de milliers d’attaques au drone et autres frappes à la roquette en direction d’Israël. Des attaques qui avaient aussi bien visé des communautés civiles que des positions militaires – ce qui avait entraîné des évacuations massives dans les villes du nord d’Israël, et ce qui avait provoqué un état d’alerte prolongé dans toute la région. Il n’y avait pas eu d’hostilités aussi longues et aussi intenses entre les deux parties depuis la Seconde guerre du Liban, en 2006.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.