La police antiterroriste britannique enquête sur des vidéos de concerts du groupe de rap Kneecap
Sur une vidéo diffusée en ligne, l'un des rappeurs semble crier "allez le Hamas, allez le Hezbollah" lors d'un concert à Londres l'an dernier

La police antiterroriste britannique a annoncé jeudi enquêter sur des vidéos tournées lors de concerts des rappeurs nord-irlandais de Kneecap, soupçonnés d’avoir tenu des propos incitant à la violence contre des parlementaires conservateurs et soutenant le Hamas.
Les agents de cette unité, qui ont examiné deux vidéos tournées en 2023 et 2024 exhumées ces derniers jours, ont « déterminé qu’il y avait suffisamment de raisons d’enquêter sur d’éventuelles infractions », a indiqué la police de Londres dans un communiqué.
Sur une vidéo diffusée en ligne, l’un des rappeurs semble crier « allez le Hamas, allez le Hezbollah » lors d’un concert à Londres l’an dernier. Sur l’autre, datée de novembre 2023, une personne sur scène déclare qu’un « bon Tory (membre du parti conservateur britannique) est un Tory mort. Tuez votre député ».
La cheffe de file des conservateurs Kemi Badenoch a réclamé l’interdiction du groupe et des élus ont appelé à déprogrammer les rappeurs du mythique festival de Glastonbury fin juin.
Le groupe a déjà été écarté d’un festival dans les Cornouailles, Eden Sessions, et trois concerts ont été annulés en Allemagne en septembre prochain.
Les rappeurs ont lundi soir assuré « ne pas soutenir et n’avoir jamais soutenu le Hamas ou le Hezbollah ». « Nous condamnons toutes les attaques contre les civils, toujours », ont-ils indiqué sur les réseaux sociaux.
« Nous réfutons aussi l’idée selon laquelle nous chercherions à inciter à la violence contre un député ou un individu. Jamais », ont-ils ajouté, présentant des excuses aux familles de deux parlementaires, l’une travailliste et l’autre conservateur, assassinés en 2016 et en 2021. Les familles avaient dit qu’elles se sentaient blessées par leurs propos.
Lors de leur concert mi-avril au festival californien de Coachella, les rappeurs de Belfast avaient projeté sur un écran géant les messages « Israël commet un génocide contre le peuple palestinien », « Fuck Israël, libérez la Palestine », suscitant de vives réactions.

Mercredi, plusieurs grands noms de la musique comme Pulp, Fontaines D.C ou Massive Attack ont signé une lettre en soutien à Kneecap, cible selon eux d’une « répression politique » et d’une « tentative claire et concertée de censure et de déprogrammation ».
Les rappeurs, qui se sont fait connaître mondialement avec la sortie en 2024 de leur album « Fine Art » et un docu-fiction survolté, « Kneecap », se distinguent par leur énergie punk. Le trio rappe en anglais et en irlandais et défend sa langue comme un cri « anticolonialiste » face à la puissance britannique.