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"Nous sommes programmés, dans notre ADN, pour survivre"

Les rescapés de Nova qui avaient bu de l’alcool ont plus de risque de souffrir de TSPT

Des chercheurs ont découvert que l'alcool était davantage source de problèmes psychologiques chez les rescapés que les psychédéliques

Des membres d'une famille se rendent sur le site du massacre du festival de musique Nova, six mois après l'attaque terroriste du Hamas du 7 octobre, dans la forêt de Reim, près de la frontière de Gaza, le 7 avril 2024. (Chaim Goldberg/Flash90)
Des membres d'une famille se rendent sur le site du massacre du festival de musique Nova, six mois après l'attaque terroriste du Hamas du 7 octobre, dans la forêt de Reim, près de la frontière de Gaza, le 7 avril 2024. (Chaim Goldberg/Flash90)

Selon des chercheurs du centre hospitalier Sheba et de l’Université Ben Gurion, le fait d’avoir été sous l’influence de l’alcool – et non de la drogue – a aggravé l’impact psychologique de l’épouvantable attaque du Hamas contre le festival de musique Nova, le 7 octobre 2023.

Le 7 octobre 2023, près de 4 000 civils s’étaient retrouvés pour ce festival de musique et de danse en plein air, non loin du kibboutz Reim, dans le sud d’Israël, lorsque des centaines de terroristes venus de Gaza et dirigés par le Hamas ont fait irruption en territoire israélien et semé la désolation à la rave, en massacrant 364 personnes et en commettant les pires atrocités – viols collectifs et mutilations de victimes.

Lors de l’attaque du Hamas sur la rave en plein air, les festivaliers ont dû réagir très rapidement ; pour survivre, certains ont opté pour la fuite, d’autres sont restés cachés durant des heures. Au moment de l’attaque, une grande partie des festivaliers étaient sous l’influence de la drogue ou de l’alcool.

« La consommation d’alcool a entraîné une augmentation de l’anxiété, du stress et de la dépression », explique la Dre Nitza Nakash, directrice de la clinique de thérapie cognitivo-comportementale du centre hospitalier Sheba, responsable de l’étude avec les professeurs Mark Weiser, Joseph Zohar et Raz Gross et l’étudiant en médecine Tal Malka.

L’étude est également l’oeuvre du professeur Hagit Cohen, de l’Université Ben Gurion, et de certains de ses étudiants, dont Gal Levi et Yarden Dejorno, des départements de psychologie et de pharmacologie.

« Les personnes sous l’influence de l’alcool ont une plus grande prévalence de symptômes post-traumatiques, de dépression, d’anxiété et de dissociation », explique Weiser au Times of Israel. Les résultats ont été publiés dans la prestigieuse revue World Psychiatry à l’occasion du premier anniversaire de l’attaque.

Un extrait d’une vidéo publiée sur Telegram le 9 octobre 2023 montre un terroriste palestinien armé marchant autour du festival de musique Supernova, avec un corps derrière lui, près du kibboutz Reïm, dans le désert du Néguev, dans le sud d’Israël. (Crédit : ANONYMOUS/AFP)

Quel est l’impact de l’alcool et des drogues sur le stress des survivants ?

Le 7 octobre, près de 1 200 Israéliens ont été tués et 251 pris en otage à Gaza. Certains de ces otages ont été capturés lors du festival de musique, et leur enlèvement a été diffusé sur les réseaux sociaux.

Le centre hospitalier Sheba a traité 232 de ces rescapés, pour des durées allant d’une semaine à deux mois après les faits. Les chercheurs ont souhaité mettre en évidence la manière dont l’alcool et les drogues récréatives avaient affecté la réponse cognitive et le stress face à cet effroyable événement.

Les chercheurs ont porté leur choix sur 126 rescapés répondant à certains critères, dont l’absence d’autres traumatismes et d’antécédents de pathologies mentales. L’âge moyen des participants est de 28 ans et plus de la moitié sont des hommes. Ils sont 57,7 % à avoir, de leur propre aveu, consommé des drogues psychoactives lors du festival, notamment de la MDMA, du cannabis et du LSD dans diverses combinaisons.

Des Israéliens sur le site du massacre du festival de musique Nova, à Reim, dans le sud d’Israël, le 28 février 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

« Nous avons émis l’hypothèse que les drogues psychédéliques provoquaient des niveaux d’anxiété plus élevés chez les rescapés », explique Cohen au Times of Israel. « Mais c’est l’alcool qui affecte la mémoire et les capacités motrices et augmente le risque de stress post-traumatique. »

Weiser souligne que les chercheurs s’attendaient également à ce que les personnes ayant consommé des drogues soient hyper-vigilantes, plus alertes et plus conscientes de leur environnement, « plus directement atteints » par l’attaque.

« Mais nous avions tort », poursuit Weiser. « C’est la consommation d’alcool, et non celle de drogues, qui est associée à la plus forte prévalence de symptômes post-traumatiques, de dépression et d’anxiété. »

L’alcool a également provoqué chez les rescapés un sentiment plus important de dissociation, lorsque les gens se détachent de leurs sentiments ou se disent comme anesthésiés.

Une rescapée de la fête Nova au centre de retraite Secret Forest à Chypre, sur une photo non datée. Son bracelet, daté du jour du massacre, était le sésame de la fête. (Autorisation)

Les chercheurs estiment que ce phénomène de dissociation perturbe le traitement et l’acceptation des souvenirs traumatiques, ce qui augmenterait le risque de souffrir de stress post-traumatique parce que les souvenirs liés au traumatisme, non pris en charge, persistent à l’état fragmentaire.

« Vous avez le souvenir de ce qui s’est passé, et il faut le traiter et l’intérioriser », explique Weiser. « On ne l’oublie pas, parce que c’est bel et bien arrivé, mais il faut trouver le moyen de lui trouver une place dans son esprit pour continuer à vivre. »

Les chercheurs émettent l’hypothèse que l’alcool interfère « dans la consolidation normale et saine des souvenirs », poursuit-il.

Les festivaliers qui n’ont pas consommé de drogues ou d’alcool ont eu beaucoup moins de difficultés à faire face au traumatisme, assurent les chercheurs.

« Programmés pour survivre »

Les Israéliens s’inquiètent pour les jeunes suite au 7 octobre et à la guerre, ajoute Weiser.

« Ces malheureux jeunes ont été exposés à des traumatismes très graves », affirme Weiser. « Nombre d’entre eux ont besoin de notre aide, mais la majorité n’ont pas de troubles psychiatriques, même s’ils ont été exposés aux faits les plus effroyables que l’on puisse imaginer. »

Des anémones sauvages en fleurs à Reim, dans le sud d’Israël, le lundi 12 février 2024, sur les lieux de l’attaque du Hamas contre le festival de musique Nova. (A/Maya Alleruzzo)

Il souligne que cette étude montre que la plupart des personnes exposées à un traumatisme, quelle qu’en soit la gravité, s’en sortent.

« Nous sommes programmés, dans notre ADN, pour survivre », conclut-il.

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