Les Saoudiens devraient accueillir une délégation du Hamas – médias
Les espoirs de liens avec Israël s'amenuisent avec l'arrivée des chefs politiques du groupe terroriste - notamment d'Ismail Haniyeh - à Ryad dimanche, après des années de tensions
Une haute-délégation représentant le groupe terroriste du Hamas devrait arriver dimanche en Arabie saoudite, selon de multiples informations parues dans les médias arabes – un événement important qui vient anéantir encore un peu plus les espoirs d’Israël de forger des relations diplomatiques avec le royaume.
Pendant de nombreuses années, les relations entre l’Arabie saoudite et le Hamas ont été froides et tendues. Le royaume a même arrêté de nombreuses personnes liées au groupe jihadiste à la tête de la bande de Gaza qui cherche ouvertement à détruire Israël.
Mais suite à son rapprochement avec l’Iran, Ryad semble dorénavant se préparer à accueillir une délégation de haut-niveau de l’organisation terroriste avec notamment le chef du bureau politique du Hamas Ismail Haniyeh, son adjoint Saleh al-Arouri et le responsable du groupe à l’étranger, Khaled Mashaal, selon des médias palestiniens et arabes variés, notamment le journal Al-Ghad, en Jordanie, et Al-Araby Al-Jadeed, dont le siège est à Londres.
La délégation devrait se rendre en pèlerinage à la Mecque, le lieu le plus saint de l’islam, et tenter de réparer ses relations avec Ryad, des relations glaciales depuis que le groupe terroriste a renversé l’Autorité palestinienne et qu’il a pris le contrôle de la bande de Gaza à l’occasion d’un coup d’état sanglant. Les leaders saoudiens avaient reproché au Hamas l’échec des tentatives de réconciliation entre le groupe terroriste et le parti du Fatah, à la tête de l’Autorité palestinienne.
En 2019, les autorités saoudiennes avaient arrêté des dizaines de personnes liées au Hamas, disant qu’elles menaçaient le royaume.
Ces derniers mois, après que le Hamas a fait savoir qu’il souhaitait reprendre des liens avec l’Arabie saoudite, le royaume a libéré un grand nombre des détenus qui se trouvaient dans ses prisons et notamment un haut-responsable du groupe terroriste, Mohammad Al-Khodary, qui a retrouvé la liberté au mois d’octobre.
La semaine dernière, les médias américains ont fait savoir que l’intérêt porté par l’Arabie saoudite à l’idée d’établir des relations diplomatiques avec Israël s’était refroidi ces derniers mois dans un contexte de violences continues en Cisjordanie et d’affrontements sur le mont du Temple, à Jérusalem.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait accordé la priorité au royaume dans le cadre des Accords d’Abraham, conclus en 2020, lorsqu’il était revenu au pouvoir au mois de décembre mais Ryad et les autres nations musulmanes ont montré de la réticence à prôner un ralliement à ces accords en raison des tensions israélo-palestiniennes qui ont grimpé en flèche, ont indiqué des responsables israélien et du Golfe au Wall Street Journal.
Ainsi, de manière notable, un plan négocié par Washington qui prévoyait de programmer des vols directs entre Tel Aviv et la Mecque – permettant ainsi aux citoyens israéliens musulmans de se rendre plus facilement au Hajj, le pèlerinage sacré de l’Islam – ne devrait pas se finaliser, ont confié les responsables israéliens au journal.
Les Accords d’Abraham, négociés par les États-Unis, avaient permis aux voisins du royaume – les Émirats arabes unis et Bahreïn – d’établir des relations diplomatiques pleines et entières avec l’État hébreu.
En 2022, l’espoir d’approfondir les liens avec Ryad avait atteint son paroxysme quand le royaume avait autorisé les vols civils israéliens à emprunter son espace aérien.
Depuis l’établissement du gouvernement de la ligne dure de Netanyahu – qui comprend des partis de droite, d’extrême-droite et religieux – l’Arabie saoudite a condamné Israël à plusieurs reprises en déplorant l’expansion des implantations en Cisjordanie, les confrontations violentes entre les soldats israéliens et les Palestiniens, et elle a fait savoir que les appels lancés par le ministre des Finances Bezalel Smotrich à « anéantir » la ville de Huwara, en Cisjordanie, étaient « racistes et irresponsables ».
Des propos qui avaient été tenus par le ministre d’extrême-droite dans le sillage d’un attentat terroriste survenu au mois de février et qui avait fait deux morts, deux frères, dans cette localité de la Cisjordanie. En représailles, les partisans du mouvement pro-implantation avaient saccagé Huwara, avec des heurts d’une violence extrême et des actes de vandalisme qui avaient coûté la vie d’un Palestinien.
Peu après son investiture, Netanyahu avait indiqué qu’un accord de normalisation avec les Saoudiens pourrait servir de « bond en avant » pour les négociations de paix avec les Palestiniens, qui sont moribondes depuis longtemps.
Les deux pays s’intéressaient aussi à la possibilité de s’aligner contre leur ennemi régional commun, l’Iran. Toutefois, le récent accord de rapprochement signé par Ryad et par Téhéran vient compliquer encore davantage ces efforts.