Les start-up israéliennes auront un rôle clé dans la 4e révolution industrielle
Le financement par capital-risque pour la high-tech a augmenté de 223 % en 4 ans, plaçant l'Etat juif au 3e rang mondial après les USA et la Chine, selon Start-Up Nation Central

Israël a le potentiel pour devenir un acteur majeur dans un monde de plus en plus connecté dans ce que l’on appelle la quatrième révolution industrielle, dans laquelle les fabricants adoptent des outils innovants et des applications cloud afin de rester compétitifs, selon un nouveau rapport.
Dans ce développement – également connu sous les noms d’Internet des objets ou IdO (Industrial Internet of Things – IoT), I4, 4.0 ou fabrication intelligente – les technologies deviennent moins chères, permettant aux fabricants d’abandonner la fabrication de produits dans des pays où la main-d’œuvre est bon marché et de reprendre une production plus « intelligente » en revenant dans le pays d’origine.
« Cette industrie, I4, pourrait être encore plus importante que l’auto-technologie, car elle touche à la fabrication. Le potentiel est infini », a déclaré Guy Hilton, directeur général de Start-Up Nation Central (SNC), une organisation à but non lucratif qui suit l’industrie technologique israélienne, dans un communiqué publié lors de la publication de son rapport.
Israël, un pays qui ne fabrique pas d’automobiles, est devenu une puissance mondiale pour les technologies automobiles avec des multinationales qui y ouvrent des start-ups sur le territoire. En 2017, Intel Corp. a fait l’acquisition de Mobileye, un fabricant de technologies de conduite autonome, pour un montant colossal de 15,3 milliards de dollars, mettant Israël sur la carte pour ce secteur.

« Nous sommes maintenant prêts à répéter ce succès » dans le domaine industriel de l’IdO, a déclaré M. Hilton, « si nous pouvons aider les startups I4 à surmonter leurs défis, tels que construire des ponts entre l’innovation israélienne et les multinationales, accroître la sensibilisation internationale de l’écosystème israélien et renforcer la communauté de l’industrie 4.0 ».
Le marché mondial des solutions industrielles 4.0 a atteint près de 90 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel en 2018, avec une croissance annuelle prévue de 20 % au cours des cinq prochaines années, selon le rapport SNC.
On compte 230 entreprises liées à l’industrie 4.0 – une augmentation de 60 % par rapport à 2014 – en Israël aujourd’hui, dans des domaines comme l’optimisation des opérations pour les usines, la détection et l’imagerie, la connectivité, la robotique, l’impression 3D, la maintenance prédictive, les contrôles et les tests, et la cybersécurité des usines connectées.
Le financement garanti par du capital-risque pour l’industrie israélienne du 4.0 a augmenté de 223 % en quatre ans, passant de 113 millions de dollars en 2014 à 365 millions de dollars en 2018. Selon Pitchbook, le chiffre de financement de 2018 représente 5 % des financements mondiaux garantis par du capital-risque pour l’industrie I4, ce qui place Israël au troisième rang mondial après les États-Unis et la Chine.
Le financement total du secteur en Israël est passé de 253 millions de dollars en 2017 à 365 millions de dollars en 2018, soit une augmentation de 44 %, selon le rapport. Et il y a encore des possibilités de croissance.

Les startups israéliennes bénéficient de la présence d’une cinquantaine de grandes entreprises mondiales dont les activités sont liées à l’industrie 4.0. Certaines de ces entreprises gèrent des centres locaux de R&D ou des sociétés de capital-risque, tandis que d’autres exploitent des centres d’innovation, des accélérateurs et des laboratoires d’innovation soutenus par le gouvernement, indique le rapport.
Selon les données de SNC, il y a 23 centres de R&D, 11 hubs et 8 accélérateurs et incubateurs traitant des technologies 4.0 en Israël. En outre, le gouvernement a affecté plus de 100 millions de dollars pour soutenir la transition de l’industrie manufacturière locale vers l’IdO.
Il y a des mesures qui devraient être prises, selon le rapport, y compris celles mentionnées par Hilton ci-dessus, comme le renforcement de l’écosystème des start-ups opérant dans ce domaine, la construction de ponts avec les multinationales et la sensibilisation internationale accrue aux capacités d’Israël.
Mais il y a aussi d’autres défis mondiaux, comme l’adaptation du capital humain et de la machinerie existante aux nouvelles technologies, la maîtrise des coûts d’adoption des nouvelles technologies et la peur du piratage et des cyber-attaques qui pourraient survenir au fur et à mesure que de plus en plus de choses deviennent connectées.
De plus, contrairement à l’industrie automobile où une seule solution pourrait être utilisée pour une variété de voitures, de nombreuses solutions industrielles 4.0 devront être adaptées aux besoins spécifiques de chaque client, de ses machines et de ses employés, car l’industrie manufacturière est variée par nature. Pour ce faire, les start-up du secteur doivent travailler en étroite collaboration avec leurs clients afin d’adapter leurs technologies à leurs besoins individuels.
Cela signifie que l’industrie sera très probablement composée de petites entreprises spécialisées, répondant aux besoins spécifiques d’industries particulières.
« Nous ne verrons pas de Mobileye en I4 », a déclaré Yuval Engelstein, analyste de recherche de l’industrie 4.0 de Start-Up Nation Central et auteur de ce rapport. « Nous sommes plus susceptibles de voir beaucoup de petites cessions de niche. C’est une industrie beaucoup plus large, avec un ajustement produit-marché différent pour chaque secteur. »

A tous ces problèmes s’ajoute le manque d’installations locales de beta test en Israël où les startups peuvent tester leurs technologies.
Une façon d’aider ces start-up est d’en faire réaliser un plus grand nombre dans les usines israéliennes, a dit M. Engelstein. Mais ce ne sera pas une mince affaire, car environ 85 % des 22 000 usines enregistrées en Israël sont des usines traditionnelles à forte intensité de main-d’œuvre qui œuvrent dans le secteur de l’alimentation, de l’industrie papetière et du textile.
« Très peu d’entre elles ont les capacités financières ou la vision de leadership nécessaires pour entreprendre la transformation numérique », peut-on lire dans le rapport.
Pourtant, les choses pourraient aller dans la bonne direction. L’Autorité israélienne pour l’innovation cherche à encourager les usines locales à mettre leurs installations à disposition en tant que sites locaux de validation de concepts, et des multinationales comme Qualcomm Ventures, Siemens Dynamo, GE Ventures et Merck, qui opèrent déjà en Israël, pourraient montrer la voie à cet égard, indique le rapport.
Pour le rapport, Start-Up Nation Central définit le terme Industrie 4.0 – et les autres noms sous lesquels il est connu – comme l’utilisation de technologies de collecte et d’analyse de données visant à améliorer les processus de production, et l’introduction et la connexion d’outils de production innovants, tels que la robotique industrielle avancée et la fabrication additive (impression industrielle 3D), aux processus de production existants.