« L’histoire se répète » : des membres de l’ALS et des Juifs tombent côte à côte
Les amis Shamoun Najm, 54 ans, et Ziv Belfer, 52 ans, n'ont pas eu le temps d'atteindre l'abri avant l'impact des roquettes du Hezbollah, selon leurs voisins de Nahariya
NAHARIYA – Nir Aloni se tenait dans son jardin tôt mercredi matin et tenait un fragment de la roquette du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah qui était tombée sur un entrepôt dans la propriété adjacente, tuant ses voisins la veille.
Le groupe terroriste a tiré des dizaines de roquettes et de drones sur le nord et le centre d’Israël peu avant 17h mardi après-midi, frappant Ziv Belfer, 52 ans, et Shamoun Najm, 54 ans, à Nahariya.
Belfer vivait dans une maison sur la propriété. Najm était charpentier et possédait un atelier de menuiserie dans l’entrepôt voisin. Les deux hommes, qui étaient amis, se trouvaient ensemble dans l’entrepôt lorsque celui-ci a été frappé de plein fouet. Leur décès a été prononcé sur place.
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« Il y a eu un grand boum, de la fumée et du feu », a déclaré Tsipi, l’épouse d’Aloni, au Times of Israel. Elle a expliqué s’être précipitée dans le mamad – abri anti-atomique – de sa maison dès que les sirènes d’alerte ont retenti.
Les habitants de Nahariya ont 15 secondes pour rejoindre une zone protégée après le déclenchement des sirènes. Un porte-parole du Commandement du Front intérieur de l’armée israélienne a déclaré au Times of Israel que les sirènes « se sont déclenchées au moment où elles devaient l’être ».
« Les explosions se sont produites 15 secondes après le déclenchement des sirènes », a confirmé Tsipi. Mais Belfer et Najm n’ont pas atteint l’abri à temps. Tsipi l’a pointé du doigt : il était situé pas très loin de l’entrepôt.
Tsipi a raconté que parfois ils entendent les « détonations de loin, entrent dans l’abri, puis il y a une sirène, ce qui signifie qu’elle a atteint Nahariya ».
« Ziv va toujours à l’abri », a déclaré Avital Friedman, la sœur de Belfer, aux médias israéliens.
« Cela fait mal parce qu’il aurait pu avoir le temps d’aller se mettre à l’abri. »
Selon l’armée israélienne, dix roquettes ont été lancées depuis le Liban lors de ce barrage, dont certaines ont été interceptées tandis que d’autres ont frappé des villes de la Galilée occidentale ou des zones ouvertes.
L’attaque a eu lieu quelques heures après qu’un drone du Hezbollah a frappé une crèche dans la banlieue de Haïfa, à Nesher. Aucune sirène d’alerte ne s’est déclenchée dans la zone, mais personne n’a été blessé car le personnel a précipité les enfants dans un abri anti-bombes quelques secondes avant l’impact après avoir entendu une faible sirène ailleurs.
Belfer, qui était célibataire et n’avait pas d’enfant, était propriétaire d’un café, le Tuk-Tuki, à Haïfa.
Najm, qui laisse derrière lui deux enfants adultes, était membre de l’Armée du Sud-Liban (ALS), qui a combattu le Hezbollah et d’autres groupes terroristes avant le retrait d’Israël du Liban en 2000. Il s’était enfui immédiatement après le retrait de Tsahal de la zone de sécurité en mai 2000 et vivait en Israël depuis lors.
Jonathan Elkhoury, orateur et défenseur d’Israël dont la famille était également membre de l’ALS, connaissait Najm.
« L’histoire se répète », a écrit Elkhoury dans un communiqué.
« Comme par le passé, une fois de plus, des membres de l’ALS et des Juifs tombent côte à côte, sous une menace commune. »
« Il s’agissait d’un missile du Hezbollah lancé depuis le territoire libanais », a déclaré Hana Nora, le beau-frère de Najm, à Ynet. « Je tiens à souligner que la majorité des Libanais ne veulent pas de guerre avec Israël. Notre famille paie un très lourd tribut. »
Au cours de l’attaque de mardi après-midi, deux autres hommes d’une trentaine d’années ont été légèrement blessés par des éclats d’obus lors d’un autre impact dans le kibboutz Kabri, à environ 3 kilomètres de là, a déclaré le service service de secours du Magen David Adom (MDA).
L’entrepôt se trouve dans le quartier de Trumpledor, au nord de Nahariya, à moins de 2 kilomètres d’un immeuble qui a été directement touché par des drones du Hezbollah chargés d’explosifs le 9 septembre. Cette attaque n’avait fait aucun blessé.
Une nouvelle normalité étrange
Aux premières heures de mercredi matin, le quartier, bordé de maisons derrière les nouveaux jardins publics de Nahariya, semblait étrangement revenu à la normale. Un facteur allait de maison en maison pour distribuer le courrier. Un homme a arrêté sa voiture devant la maison de Belfer et a demandé à sa voisine, Tsipi Aloni, si c’était là que la roquette était tombée.
Lorsque Tsipi a acquiescé, l’homme a répondu : « Qu’il n’y ait que de bonnes nouvelles », avant de repartir.
Une autre voisine, qui a préféré ne pas donner son nom, a raconté que les explosions étaient « effrayantes ».
« Mais je dois gagner ma vie », a-t-elle poursuivi alors qu’elle se dirigeait vers sa voiture pour aller travailler.
Depuis le 8 octobre 2023, le Hezbollah attaque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires le long de la frontière avec des roquettes, des drones, des missiles antichars et d’autres moyens, affirmant qu’il le fait pour soutenir Gaza dans le cadre de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas qui s’y déroule. Cette guerre a commencé le 7 octobre 2023, lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle.
Quelque 60 000 habitants ont été évacués des villes du nord, à la frontière du Liban, peu après l’assaut barbare et sadique du Hamas le 7 octobre, de crainte que le Hezbollah ne mène une attaque similaire.
Les attaques contre le nord d’Israël ont causé la mort de 43 civils. En outre, 69 soldats et réservistes de l’armée israélienne ont trouvé la mort dans des affrontements à la frontière et durant l’opération terrestre lancée dans le sud du Liban à la fin du mois de septembre.
L’année dernière, peu après le début des attaques à la roquette du Hezbollah, Tsipi a déclaré que sa famille avait ajouté un miklat – abri anti-atomique – sur la propriété où vivent leur fils, son épouse et leur bébé de deux semaines.
« Le bébé est né dans le miklat », a-t-elle indiqué.
« J’ai hâte de pouvoir promener le bébé dans la rue dans une poussette, mais pour l’instant, c’est trop dangereux. »
Ses autres enfants, qui vivent à Ramat Gan et en Autriche, « nous disent de venir », mais elle et son mari ne veulent pas partir.
Elle ajoute : « Nous aimons être chez nous », alors que des roquettes retentissent à l’horizon.
Bien qu’elle se dise « calme de nature », elle affirme que la situation actuelle est très difficile.
Son beau-père a acheté la propriété en tant que ferme commerciale il y a 50 ans. Le couple ne cultive plus de produits à des fins commerciales, mais ils possèdent un potager où pousse « un chou frisé qui est devenu un arbre », dit-elle, ainsi que des bananes, des oranges et des fruits exotiques.
Nir, agronome, raconte qu’il se trouvait dans son bureau à Tel Aviv lorsque quelqu’un lui a envoyé un message immédiatement après l’attaque de mardi, dans lequel on lui demandait si la roquette était tombée près de sa maison. Il a quitté son bureau et est rentré chez lui en voiture.
« La rue était fermée et on nous a demandé de rentrer dans nos maisons », raconte Tsipi. « Les soldats allaient de maison en maison, demandant si nous allions bien et s’assurant que tout le monde était là. »
« Ziv était un bon voisin », dit Tsipi. « Il était toujours serviable. »
Elle marque une pause.
« La vie continue », dit-elle alors que son mari s’arrête près d’un arbre pour cueillir deux oranges qu’il donne à la journaliste.
« Regardez comme le soleil brille. »
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