“Libérez nos journalistes”, lance Juncker à la Turquie
“La place des journalistes est dans les rédactions, là ou règne la liberté d'expression, leur place n'est pas dans les prisons”, affirme le président de la Commission européenne
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a exhorté mercredi la Turquie à libérer les journalistes emprisonnés dans le pays et à « cesser d’insulter » les dirigeants européens, lors de son discours annuel sur l’état de l’Union à Strasbourg.
« J’adresse aujourd’hui un appel aux responsables en Turquie, libérez nos journalistes et pas seulement les nôtres, cessez d’insulter nos Etats membres, nos chefs d’Etat et de gouvernement en les traitant de fascistes et de nazis », a-t-il lancé devant le Parlement européen.
Selon le site P24, spécialisé dans la liberté de la presse, quelque 170 journalistes sont détenus en Turquie. Les journalistes turcs sont de loin les plus touchés, mais leurs confrères étrangers sont également concernés. Deniz Yücel, journaliste germano-turc, est ainsi écroué depuis février, et Loup Bureau, jeune reporter français, depuis fin juillet.
La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement 2017 de la liberté de la presse établi par Reporters sans Frontières (RSF).
« La place des journalistes est dans les rédactions, là ou règne la liberté d’expression, leur place n’est pas dans les prisons », a insisté Juncker.
L’appel de Juncker intervient dans un contexte de fortes tensions entre la Turquie et l’UE, accentuées par les purges massives qui ont suivi le coup d’Etat manqué de l’été 2016.
La chancelière allemande Angela Merkel a franchi un pas en demandant récemment l’arrêt des négociations d’adhésion avec Ankara, entamées en 2005 et aujourd’hui au point mort. Mais la plupart des autres pays européens préfèrent pour l’heure maintenir ce lien fragile, malgré leurs craintes sur les dérives du régime turc.
Pour chaque pays candidat à une adhésion, « il faut que l’Etat de droit, la justice et les valeurs fondamentales soient respectées », a dit mercredi Juncker. « Cela exclut une adhésion de la Turquie à l’UE dans un avenir proche », a-t-il ajouté, estimant que le pays, « depuis un certain temps […] s’éloigne très vite de l’UE, à pas de géants. »
« J’ai parfois l’impression que certains en Turquie veulent couper les ponts pour ultérieurement accuser l’UE de l’échec des discussions d’adhésion », a estimé le chef de l’exécutif européen.