Liberman : Netanyahu laisse le Hamas se réarmer
L'ancien collègue et rival du Premier ministre affirme que ce dernier souffre de "paranoïa politique", qu'il ne fait "que parler" à propos de l'Iran et qu'il laisse le Hamas se réarmer
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Le gouvernement israélien ne prendra pas les mesures indispensables pour empêcher l’Iran d’acquérir la bombe atomique, a regretté l’ancien ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman.
Dans une interview où il s’en prend à son ancien allié politique Benjamin Netanyahu, Liberman a déclaré que le Premier ministre « ne fait que parler » quand il s’agit de contrecarrer l’Iran, et qu’en pratique « il est clair qu’il n’a aucune intention de faire ce que nous devons faire pour empêcher l’Iran (d’atteindre) des capacités nucléaires ».
Liberman, qui a choisi de ne pas faire entrer les six députés du groupe parlementaire d’Yisrael Beytenu dans la nouvelle coalition, a aussi accusé le gouvernement d’avoir conclu un « accord tacite » avec le Hamas – selon lequel le groupe terroriste islamiste est autorisé à reconstruire et à améliorer son infrastructure militaire à Gaza.
« Lorsque [le ministre de la Défense Moshe] ‘Bogie’ Yaalon et Bibi [Netanyahu] disent que le Hamas est dissuadé, c’est en fait nous qui sommes dissuadés », a déclaré Liberman au Times of Israel.
« Nous payons le Hamas pour le calme relatif actuel par un accord tacite, dans lequel, sous la table, nous acceptons qu’ils remettent sur pied l’ensemble de leur infrastructure terroriste. Le Hamas travaille 24h sur 24 et 7 jours sur 7, creusant de nouveaux tunnels, fabricant de nouveaux missiles beaucoup plus précis et dévastateurs. J’ai visité les localités autour de la bande de Gaza. Vous pouvez regarder par les fenêtres des habitants et voir à l’œil nu comment le Hamas construit des fortifications. La plupart des matériaux qu’ils passent en contrebande viennent d’Israël, pas du Sinaï. Nous le savons et nous l’acceptons, et nous donnons notre accord tacite à la remise en état de leur infrastructure terroriste. »

A la question : pourquoi le gouvernement de Netanyahu permettait que cela se produise ? Liberman a répondu : « Je ne peux pas comprendre. »
Il a également prédit qu’il y aurait une autre guerre avec le Hamas à l’été 2016.
Liberman a critiqué la politique de Netanyahu vis-à-vis de la bande de Gaza, y compris quand il était ministre des Affaires étrangères lors de l’opération Bordure protectrice de l’été dernier, mais sa condamnation tous azimuts du Premier ministre dans l’interview de mardi qui s’est déroulée dans son bureau de la Knesset, est sans précédent.
Il n’a pas seulement attaqué la gestion de Netanyahu à propos de l’Iran et du Hamas, il a également accusé le Premier ministre d’avoir trahi ses propres principes en traitant avec des terroristes, en ayant perpétré ce qu’il a appelé un « pogrom » au ministère des Affaires étrangères en lui retirant ses prérogatives, et en ayant vendu le secteur démographique le plus important d’Israël – ceux qui servent dans l’armée israélienne et font des réserves, travaillent et paient des impôts – en cédant aux exigences des ultra-orthodoxes pour former sa nouvelle coalition.
Liberman, qui a travaillé en étroite collaboration avec Netanyahu depuis la fin des années 1980 – il a servi comme directeur général du Likud et en tant que directeur général du bureau du Premier ministre sous Netanyahu, a occupé plusieurs postes ministériels dans les gouvernements dirigés par Netanyahu et a présenté une liste commune entre son parti Yisrael Beytenu et le Likud aux élections de 2013 – a affirmé que le Premier ministre a déchiqueté sa précédente coalition en raison de peurs non fondées que ses partenaires de coalition complotaient contre lui.
« La seule chose qui l’intéresse est sa survie politique », a dit Liberman de Netanyahu, et « il a toujours toutes sortes de peurs … Il est très facile de susciter chez lui de telles pensées … Personne ne voulait l’abattre » lors de la dernière coalition ; il aurait dissous la Knesset « sans raison valable ».
Netanyahu, a déclaré Liberman, souffre d’ « une sorte de paranoïa politique ».
L’ancien ministre des Affaires étrangères a présenté sa vision de ce qu’il a appelé « une solution régionale globale » au Moyen-Orient, en disant qu’il ne « croit pas qu’il soit possible de résoudre notre conflit avec les Palestiniens dans le cadre bilatéral ».
Il a dit qu’il soutiendrait un gel de la construction dans les implantations isolées – y compris dans la localité de Nokdim où il réside – mais a vilipendé Netanyahu de ne pas avoir suffisament construit dans les quartiers juifs au delà de la Ligne verte, à Jérusalem et dans les blocs d’implantations.
« Je ne veux pas construire dans [le quartier arabe de Jérusalem] Jabel Mukaber, mais je ne peux pas accepter que nous ne construisions pas à Gilo, Ramot et Talpiot-Est. Ne construisez pas à Nokdim. C’est une une implantation isolée. Mais ne pas construire à Maaleh Adumim, à Alon Shvut ? »
Sans donner de détails, Liberman a dit qu’il avait présenté au dernier cabinet une stratégie pour évincer le Hamas de Gaza sans que l’armée israélienne n’ait à conquérir l’enclave, et que la clé était de veiller à ce qu’Israël sache qui prendrait en charge la bande de Gaza après la fin du pouvoir du Hamas.
Il a également exhorté Israël à récompenser ceux qui se tiennent à ses côtés au sein de la communauté arabe israélienne – notamment les Druzes, le Bédouins et les Arabes chrétiens qui combattent dans l’armée israélienne – et déclaré qu’au lieu de cela, Israël avait une politique désastreuse en tentant d’apaiser les extrémistes.
Mais il a réservé sa critique la plus virulente à la communauté internationale au sujet de l’Iran, l’accusant d’agir de façon immorale envers le régime islamiste.
« Les Iraniens ne se reposent pas un seul instant. Leur but est d’anéantir Israël. Ils ne s’en cachent pas. Sous l’ère Rouhani, ils le répètent chaque semaine », a dénoncé Liberman.
« C’est absolument horrible que des pays soient prêts à entretenir des relations diplomatiques, prêts à parvenir à un accord avec un pays dont la politique officielle est d’anéantir l’Etat d’Israël. C’est terrible d’un point de vue moral. Ils savent qu’ils signent un accord avec un pays qui dit ouvertement que son objectif est d’anéantir ‘l’entité sioniste’. Et les nations du monde les rencontrent, et rient avec eux, et ils leur serrent la main et dînent ensemble. Et ils signent des accords avec eux. »
« Il ne fait aucun doute, à mon grand regret, que c’est un retour à la politique de Munich. »
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