L’impasse sur le partage des voix entre partis arabes avantage le bloc Netanyahu
L’impasse est totale pour les partis Hadash-Taal, Balad et Raam. L’ex-adversaire du Premier ministre, Yisrael Beytenu, n'a pas non plus conclu d’accord

Les partis politiques à majorité arabe d’Israël ne sont pas parvenus à conclure d’accords de partage des suffrages avant la date limite, vendredi dernier, donnant un sensible avantage au bloc dirigé par l’ex-Premier ministre Benjamin Netanyahu pour les élections du 1er novembre prochain.
Le parti nationaliste arabe Balad a refusé, vendredi, d’accéder à la demande de Hadash-Taal de conclure un accord.
Selon les derniers sondages, il est peu probable que Balad réunisse plus de suffrages que les 3,25 % requis pour entrer à la Knesset, ce qui signifie que les suffrages reçus par ce parti seront perdus.
« Balad a, une fois de plus, prouvé que, pour lui, l’intérêt personnel était plus important que le fait d’œuvrer ensemble contre l’occupation, pour la pleine égalité des citoyens palestiniens d’Israël », a déclaré Hadash-Taal dans un communiqué, ajoutant que la communauté arabe n’avait pas les
« moyens » de voter pour un parti « irresponsable ».
Balad a répliqué que Hadash-Taal tentait de saboter sa campagne et de salir son président, Sami Abou Shahadeh.
« Chez Balad, nous voulons une élection digne et morale, sans fraudes ni manipulations des électeurs à grands renforts de mensonges ou des rumeurs », a déclaré Balad.
Hadash-Taal n’a pas proposé d’accord de partage des voix au parti islamique Raam, qui avait quitté la Liste arabe unie, avant les élections de 2021, afin de faire partie de la coalition gouvernementale.
Hadash-Taal et Balad, qui étaient restés ensemble au sein de la Liste arabe unie, se sont finalement séparés pour se présenter sous leur propre étiquette, le mois dernier, ce qui devrait encore amoindrir la représentation politique des citoyens arabes.
Hadash-Taal et Balad sont clairement opposés au bloc de Netanyahu, auquel une performance plus faible des partis arabes donnera mécaniquement davantage de sièges.
Les deux partis ne sont pas davantage en phase avec le bloc opposé à Netanyahu.
Raam avait rejoint les rangs du gouvernement dit “de changement”, emmené par Naftali Bennett et le Premier ministre Yair Lapid, en 2021, une première pour un parti arabe indépendant.

Les sondages créditent le bloc religieux de droite de Netanyahu d’un score très proche de la majorité et ses adversaires, de performances très moyennes, aussi le plus léger coup de pouce à un parti allié de Netanyahu pourrait assurer à son bloc la victoire et lui permettre de former une coalition.
Les accords de partage des suffrages, largement utilisés lors des élections israéliennes, permettent aux partis de s’assurer que les suffrages qu’ils remportent, sans pour autant leur permettre d’obtenir un siège complet à la Knesset, ne seront pas perdus. En vertu de tels accords, un parti peut les transférer à un autre parti.
En vertu de la loi et dans le cadre de ces accords, ces voix sont allouées au parti le mieux positionné pour obtenir un autre siège, ce qui en fait des éléments décisifs dans le cadre d’une élection très disputée.
De tels accords ne sont possibles que si les deux partis dépassent le seuil électoral fixé a 3,25 %.
Lapid a tenté jusqu’à la dernière minute de faire en sorte que Hadash-Taal et Raam concluent un tel accord, indique le radiodiffuseur public Kan.
Le Premier ministre s’est entretenu avec le chef de Raam, Mansour Abbas, et la cheffe du parti Meretz, Zehava Galon, qu’il a priés de convaincre Ayman Odeh et Ahmad Tibi, de Hadash-Taal de s’entendre.
Les alliés de Lapid se sont dits indignés par l’absence d’accord, qualifiant les partis arabes concernés d’irresponsables, a indiqué Kan.

Le parti de droite Yisrael Beytenu d’Avigdor Liberman, opposé à Netanyahu, n’a pas davantage réussi à signer d’accord de partage avec un autre parti.
« Pourquoi n’avons-nous pas signé d’accord de partage ? Parce que Yisrael Beytenu est le seul parti a avoir une trajectoire digne et cohérente, engagé à ne pas s’allier avec Bibi, Shas ou Yahadout HaTorah, partisan d’une économie et d’un État libre », a écrit Liberman sur Twitter, évoquant Netanyahu par son surnom et ses alliés ultra-orthodoxes.
De leur côté, les partis fidèles à Netanyahu ont tous conclu des accords de partage leur garantissant que leurs votes ne seraient pas perdus : Shas et Yahadout HaTorah d’une part, le Likud et le sionisme religieux d’autre part.
Au sein du bloc anti-Netanyahu, Meretz et Avoda ont conclu un accord et Yesh Atid, sous la conduite de Lapid, s’est accordé avec le parti Kakhol lavan du ministre de la Défense Benny Gantz.

Netanyahu est donc parvenu à s’assurer qu’aucun vote, au sein de son bloc, ne soit perdu, en faisant notamment en sorte que l’ultra-nationaliste Otzma Yehudit, l’anti-LGBTQ Noam et HaTzionout HaDatit forment une liste commune leur garantissant d’atteindre le seuil électoral, ce qui n’est pas le cas de Lapid.
Le Premier ministre par intérim n’est pas parvenu à unir le Meretz de gauche et le parti Avoda, de centre-gauche, qui se trouvent très légèrement au-delà du seuil électoral.
La dissolution de la Liste arabe unie sera probablement préjudiciable à Lapid.
Bien que Hadash-Taal et Balad aient refusé de peser de tout leur poids derrière Lapid, l’échec du Premier ministre à s’assurer que les factions arabes se présentent sous une étiquette commune aura sans doute pour effet que les suffrages favorables à Balad ne se traduiront pas en sièges, ce qui profitera in fine au bloc de Netanyahu.
L’équipe du Times of Israel a contribué à la rédaction de cet article.