Linda McMahon promet de lutter contre l’antisémitisme, mais reste vague
Interrogée sur les manifestations anti-Israël, la secrétaire à l'Éducation choisie par Donald Trump répond que la liberté d'expression est protégée mais pas la mise en danger des étudiants

JTA — Lors de son audition de confirmation jeudi, Linda McMahon a clairement indiqué qu’elle s’attendait à devoir répondre à des questions sur la manière dont elle lutterait contre l’antisémitisme sur les campus universitaires une fois à la tête du département américain de l’Éducation.
« Si je suis confirmée dans mes fonctions, le département ne restera pas les bras croisés alors que des étudiants juifs sont attaqués et victimes de discrimination », a déclaré McMahon devant la commission sénatoriale de la Santé, de l’Éducation, du Travail et des Retraites lors de sa déclaration liminaire. Elle a également affirmé qu’elle se battrait « pour les étudiants de première année confrontés à la censure ou à l’antisémitisme sur le campus ».
Cependant, lorsqu’on lui a demandé en quoi elle se distinguerait de l’approche de l’administration de Joe Biden sur ce sujet, la candidate du président américain Donald Trump a fourni peu de détails, se contentant d’affirmer qu’elle « veillerait à ce que les présidents de ces universités et de ces établissements prennent des mesures très fermes pour empêcher que cela ne se [re] produise ».
En tant que secrétaire à l’Éducation, McMahon serait chargée de tenir l’une des promesses centrales de Trump envers son électorat juif : adopter une position agressive pour lutter contre l’antisémitisme qui sévit sur les campus.
L’année dernière, le programme du parti républicain s’est engagé à « expulser les radicaux pro-Hamas » et Trump a signé un décret à cet effet le mois dernier, ordonnant l’expulsion des étudiants étrangers qui soutiennent le terrorisme. Au cours de sa campagne, Trump a par ailleurs promis de retirer le financement fédéral et l’accréditation des établissements qui soutiennent la « propagande antisémite ».
Cependant, Trump a également envisagé de supprimer entièrement le département de l’Éducation. Le bureau des droits civiques du département, qui traite les plaintes pour antisémitisme, a récemment commencé à licencier des employés.

Lorsque des démocrates l’ont interrogée sur ces licenciements, McMahon est restée évasive.
« Je ne me suis pas encore rendue dans ce département. Je ne sais pas ce qu’il est advenu des employés administratifs qui ont été congédiés. Je veux me renseigner à ce sujet », a-t-elle répondu au sénateur Andy Kim, du New Jersey.
Kim avait noté que certains des employés licenciés « enquêtaient sur des cas directement liés au harcèlement antisémite » en vertu du Titre VI de la loi sur les droits civiques. Les enquêtes menées en vertu du Titre VI ont été le point d’ancrage de la réponse de l’administration Biden à la prolifération de l’antisémitisme sur les campus après le déclenchement de la guerre de Gaza il y a seize mois, lorsque le Hamas a attaqué Israël, et son département de l’Éducation a promis d’enquêter sur chaque plainte reçue. À ce jour, plusieurs dizaines d’entre elles n’ont toujours donné lieu à aucune mesure.
Les républicains ont reproché à l’administration Biden le grand nombre d’instructions en cours, même si beaucoup ont été résolues dans les derniers jours du mandat de Biden. Depuis l’entrée en fonction de Trump, de nouvelles enquêtes ont été ouvertes.
Lors de l’audience, Bill Cassidy, un républicain de Louisiane, a pressé McMahon à plusieurs reprises sur la manière dont elle comptait gérer l’arriéré des enquêtes relatives au Titre VI. McMahon a refusé de donner des détails, se contentant de dire qu’elle examinerait la question.
« J’aimerais beaucoup obtenir une confirmation et pouvoir entrer dans le département et comprendre ce retard », a-t-elle déclaré à Cassidy. Cette réponse a conduit la sénatrice républicaine du Maine Susan Collins à saluer le « ferme engagement » de McMahon à faire appliquer le Titre VI.
McMahon, ancienne cadre de la World Wrestling Entertainment qui avait dirigé la Small Business Administration de Trump lors de son premier mandat, est l’une des candidates les plus controversées du cabinet de Trump, en grande partie en raison de son manque relatif d’expérience dans le domaine de l’éducation. Elle a siégé au conseil de l’Éducation de l’État du Connecticut ainsi qu’au conseil d’administration d’une université catholique.
La secrétaire à l’Éducation du premier mandat de Trump, la défenderesse du droit de choisir son école, Betsy DeVos, a également fait l’objet de controverses et a été confirmée de justesse. La liberté de choix de l’établissement scolaire reste une priorité pour Trump, et il pourrait obtenir un coup de pouce de la Cour suprême, qui doit se prononcer sur la question de savoir si les États doivent autoriser les écoles religieuses financées par des fonds publics. L’audience de McMahon a été interrompue à plusieurs reprises par des manifestants, dont plusieurs se sont identifiés comme étant des enseignants du secteur public.
McMahon a défendu les politiques de Trump sur l’antisémitisme dans les campus et, à d’autres moments, a semblé approuver les politiques existantes des universités. Elle a suggéré que les présidents d’université pourraient « faire appel à la police » et « fixer des normes » pour faire face aux manifestants violents anti-Israël — deux mesures que de nombreux présidents d’université ont déjà prises. Elle a également approuvé l’importance continue accordée au Titre VI.
La seule nouvelle idée liée à l’antisémitisme sur laquelle McMahon s’est engagée était une demande du sénateur du Kansas, Roger Marshall, de former une « commission sur l’antisémitisme ». McMahon ni Marshall n’ont toutefois précisé en quoi une telle commission serait différente d’un groupe de travail fédéral existant sur ce sujet. Lors de son audition, McMahon a parfois semblé plus intéressée par d’autres questions, notamment le choix de l’école et l’interdiction pour les filles transgenres de pratiquer des sports féminins.
Les manifestations sur les campus se sont considérablement calmées depuis l’investiture de Trump, avec un seul campement encore en place, au Bowdoin College dans le Maine, qui a duré quelques jours avant que l’établissement ne suspende huit étudiants pour leur participation. Les conseils d’administration des universités restent également la cible de l’activisme étudiant, les manifestants de l’université d’État du Michigan ayant interrompu une réunion des régents de l’établissement la semaine dernière pour faire pression en faveur du désinvestissement d’Israël. Parallèlement, des manifestants de l’université de Californie à Los Angeles ont ciblé un régent juif à son domicile en lui adressant de violents messages.
L’antisémitisme reste également au centre des préoccupations des dirigeants universitaires : Harvard a récemment réglé des poursuites judiciaires intentées par des groupes juifs en promettant notamment d’appliquer plus strictement les politiques de dialogue autour d’Israël. Cette décision a conduit deux de ses éminents professeurs anti-Israël à quitter l’établissement.

De son côté, le conseil des professeurs de l’université de Columbia a voté mercredi une nouvelle résolution pour lutter contre l’antisémitisme, peu après qu’un professeur juif de l’établissement a annoncé publiquement son départ en raison de ce qu’il a qualifié de parti pris « systématique » contre Israël. Columbia a également imposé de sévères mesures disciplinaires à des étudiants qui avaient manifesté au cours des dernières semaines.
La conduite du corps enseignant à propos d’Israël et du sionisme reste également sous surveillance. Une récente conférence de l’université Brown sur les « traditions juives non sionistes », à laquelle participaient plusieurs universitaires juifs de renom, a suscité l’opposition d’un groupe pro-Israël local.
Lors de son audition, McMahon a exprimé son soutien à la liberté d’expression sur les campus, tout en soulignant la nécessité de respecter la sécurité publique, reprenant ainsi les termes utilisés par les dirigeants universitaires. Les militants anti-Israël ont affirmé qu’ils étaient censurés sous couvert de lutte contre l’antisémitisme, tandis que les administrations des campus ont répondu que leurs protestations violaient souvent la politique de l’établissement.
« Je crois fermement que le discours et la liberté d’expression devraient être protégés par le Premier Amendement », a répondu McMahon à une question du sénateur de Caroline du Sud Tim Scott sur l’antisémitisme qui sévit sur les campus.
« Mais lorsque vous vous engagez dans des activités qui mettent réellement en danger les étudiants sur le campus, alors cela ne devrait pas être toléré. »