La Marseillaise, symbole du rassemblement contre le terrorisme
Entonnée spontanément lors d’hommages aux victimes ou dans les écoles, reprise en chœur dans le monde, la Marseillaise est devenue depuis les attentats de Paris un symbole de rassemblement face au terrorisme, comme les couleurs bleu-blanc-rouge affichés sur les monuments.
L’hymne national et le drapeau, ces deux emblèmes de la République, ont longtemps été considérés avec méfiance par une partie des Français qui les associaient à un nationalisme étriqué. Ils unissent aujourd’hui la plupart des citoyens.
« Allons enfants de la patrie… »: les parlementaires français se sont bien sûr levés pour entonner l’hymne national à l’issue du discours du chef de l’Etat François Hollande lundi à Versailles.
L’hymne est désormais également repris par la foule dans tout le pays, lors d’hommage aux 129 victimes des jihadistes. Des lycéens et des collégiens ont même entonné ce chant spontanément dans la cour de leurs établissements après la minute de silence observée lundi.
Depuis le début de la semaine, les représentations à l’Opéra de Paris débutent par une minute de silence suivie de la Marseillaise, jouée par l’orchestre et chantée par les milliers de spectateurs.
A New York, dès samedi soir, Placido Domingo et l’orchestre du Metropolitan Opera avaient fait retentir l’hymne national français, en version originale.
La Marseillaise « réveille l’espoir, c’est presque comme chanter quelque chose des Beatles », note l’historien et sociologue britannique Theodore Zeldin.
« Depuis les attentats à Paris, l’hymne français est omniprésent », écrit le New York Times mercredi. Mardi, il a retenti au Parlement européen et dans le stade londonien de Wembley, où les 70.000 spectateurs du match amical Angleterre-France l’ont chanté à l’unisson en début de soirée, suivant les paroles affichées sur des écrans géants.
La presse britannique avait aussi fourni le texte à ses lecteurs et une journaliste avait pensé à poster une version phonétique.
Ce week-end, des monuments et bâtiments du monde entier se sont aussi illuminés aux couleurs du drapeau français. En France, la tour Eiffel, des centres sportifs, des centres commerciaux et des sièges d’entreprises se sont aussi parés des trois couleurs.
Le célèbre cabaret Crazy Horse a même modifié son tableau légendaire, « La Relève de la garde ». Le temps de ce numéro, qui ouvre la revue, les danseuses évoluent dans des halos bleu-blanc-rouge exceptionnellement sur l’air de la Marseillaise.
Facebook a, lui, invité ses utilisateurs dans le monde à couvrir leur photo de profil d’un drapeau tricolore translucide. Une initiative reprise aussi sur Twitter, mais dénoncée par certains internautes, la jugeant trop centrée sur la France.
La Marseillaise, composé par Rouget de Lisle en 1792 et hymne national depuis 1879, est à l’origine un chant de guerre révolutionnaire autant qu’un hymne à la liberté « contre la tyrannie ».
Certaines paroles, notamment « Qu’un sang impur abreuve nos sillons », ont souvent été critiquées pour leur caractère belliqueux même si, selon des historiens, ce « sang impur » est en fait celui des révolutionnaires par opposition au « sang bleu », « noble et pur » des aristocrates.