L’ONU abrite, mais ne parraine pas, une conférence sur l’antisémitisme
Un colloque sur la menace posée par l’antisémitisme sur la paix et la sécurité après la hausse du racisme a été organisé
Nations unies – Au troisième étage, à deux portes du Conseil de sécurité, plus de 500 personnes se sont réunies cette semaine pour une conférence sur la montée de l’antisémitisme. Pour certains, le choix de l’endroit est un poil ironique.
Car ce n’est pas l’ONU qui a décidé d’aborder la menace posée par l’antisémitisme mondial à la paix et la sécurité internationale. Mais c’est la mission permanente du Palau et la fondation Aja Eze qui ont parrainé la conférence.
« Mais pourquoi l’ONU, fondée sur les cendres du peuple juif, et aujourd’hui témoin de la résurgence de l’antisémitisme, ne pouvait-elle pas parrainer une conférence pour combattre l’antisémitisme ? », s’interroge Anne Bayesky, directrice de l’institut Touro sur les droits de l’Homme et l’Holocauste.
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« La réponse est claire : parce que les Nations unies, elles-mêmes, sont le vecteur principal de l’antisémitisme ».
Bayefsky était l’une des 8 intervenantes qui ont exhorté la communauté internationale à reconnaître la montée de l’antisémitisme et la baisse de la sécurité mondiale. Ils affirment que le fait que l’on ait échoué à agir contre la bigoterie a favorisé [l’expansion de] l’EI et des autres groupes islamistes.
La conférence a été organisée à la suite d’un été témoin d’une nette hausse des incidents antisémites dus à la guerre d’Israël contre le Hamas, selon la World Zionist Organization de Jérusalem. En juillet 2014, il y a eu approximativement 318 incidents antisémites.
Pour la même période en 2013, il y a eu 66 incidents de même nature. Cela représente une augmentation de 400 %.
Pendant le mois de juillet 2014, l’Europe a vu une augmentation des incidents de 436 %, les Etats-Unis de 130 %. Il y a eu une hausse de 1 200 % d’actes antisémites en Amérique du Sud et de 600 % en Afrique du Sud, selon l’organisation.
« Où est l’indignation ? Où sont les condamnations universelles ? », se demande l’ambassadeur Ron Prosor, le représentant permanent d’Israël aux Nations unies. « Ce silence est très similaire à celui des années 1930 et nous avons tous la responsabilité de nous lever et de le combattre ».
« Allez-vous vous tenir aux côtés de ceux qui tirent des roquettes, enlèvent les filles de leurs classes et décapitent des journalistes ? Ou allez-vous vous lever pour la liberté ? », s’interroge Prosor.
Des milliers de personnes ont récemment défilé en Grande-Bretagne et en Allemagne contre les vagues d’incidents antisémites.
Le Secrétaire d’Etat américain John Kerry a rencontré des dirigeants juifs pour « réaffirmer la grande inquiétude du gouvernement américain pour la prédominance et l’omniprésence des menaces antisémites et des agressions contre les individus, les lieux de culte et les commerces juifs ces derniers mois », selon le département d’Etat américain.
Pourtant, on peut faire encore plus, assènent les intervenants. Pour commencer, les Nations unies doivent changer leur position sur le sujet d’Israël.
« Toute nation a le droit de se protéger, et pourtant la plupart condamnent le droit d’Israël de se protéger. Beaucoup condamnent le génocide et pourtant, ils ne font rien contre ceux qui cherchent à détruire Israël », s’insurge le Dr Caleb Otto, l’ambassadeur et le représentant permanent de Palau aux Nations unies.
Cependant, l’ONU isole de manière disproportionnée Israël de ses 193 membres, souligne Bayefsky.
Par exemple, la Haute-Commission des droits de l’Homme a condamné Israël dans 50 résolutions entre 2006 et 2014, bien plus que le reste du monde. Sur toutes les résolutions de l’Assemblée générale de 2013 qui critiquent les pays spécifiquement sur les violations des droits de l’Homme, 70 % concernaient Israël.
Ce genre d’antisémitisme institutionnalisé ne menace pas seulement Israël mais aussi la stabilité régionale, explique Mark Langfan, correspondant de l’ONU et analyste en sécurité pour Arutz Sheva.
Pour établir le bien-fondé de ses arguments, Langfan a présenté un graphique analysant les dangers stratégiques pour Israël et le monde. L’avocat new-yorkais affirme qu’Israël a une importance stratégique vitale. C’est un rempart contre le fondamentalisme islamique qui menace de s’étendre du Moyen Orient au sud de l’Europe.
« Le combat d’Israël aujourd’hui sera le combat du monde entier demain », a affirmé Langfan.
Il a expliqué qu’un Israël fort protège le Liban, la Jordanie et les Nations musulmanes modérées de groupes tels que le Hamas, le Hezbollah et l’EI.
Portant une étoile de David, Brigitte Gabriel, la présidente et la PDG d’ACT! For America [organisation qui lutte contre l’islam radical, qui considère les non-musulmans comme des infidèles], a dénoncé ceux qui ont remis en question le droit d’Israël à se défendre pendant l’opération Bordure protectrice. Elle l’a jugé effroyable au regard de la charte du Hamas qui appelle à la destruction d’Israël.
« Mais le Hamas a un problème parce que les Juifs d’Israël ne se cachent pas derrière les pierres et les arbres. En Israël, les Juifs ont appris que quand quelqu’un menace de les tuer, c’est du sérieux », explique Gabriel.
L’auteur, qui a déjà publié deux livres, explique que de se battre contre cet antisémitisme « institutionnalisé » revient à s’opposer aux groupes terroristes comme le Hamas ou l’EI.
Le Pasteur Mario Bramnick, le chef de liaison entre Israël et le National Hispanic Christian Leadership [Conférence nationale des dirigeants chrétiens hispaniques], raconte que ceux qui visitent l’ONU « verront un Israël faussement décrit comme un meurtrier, un occupant illégitime et un tueur d’enfants ». Ils voient une nation accusée d’apartheid et de génocide.
Indépendamment de la foi, de la race ou de la croyance, les peuples ne doivent pas rester silencieux face aux propos antisémites et anti-Israël acides, a assené Bramnick devant un public debout qui l’applaudissait.
Et donc, continue Bramnick, trois jours avant le treizième anniversaire du 11 septembre et tout juste deux semaines avant Rosh Hashanah [nouvel an hébraïque], il est temps d’agir, et faire ce que l’on faisait à l’époque biblique pour signaler un danger.
« Si jamais il y a un moment où il faut sonner le shofar », affirme Bramnick, « c’est maintenant ».
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