L’opposition manifeste contre le résultat des élections à Ankara et Istanbul
Environ 32 000 voix à peine séparent les deux rivaux sur près de trois millions d'électeurs. La police disperse des manifestants
La police turque est intervenue avec des canons à eau mardi pour disperser plusieurs milliers de partisans du principal parti de l’opposition turque qui dénonçaient des fraudes à l’élection municipale à Ankara, ont rapporté les médias.
Malgré le scandale de corruption qui l’éclabousse, le parti du Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a largement remporté les élections municipales de dimanche en Turquie, conservant notamment Ankara et Istanbul.
Près de 2 000 personnes étaient réunies devant le Haut conseil électoral (YSK), dans le centre de la capitale turque, pour protester contre les irrégularités qui ont émaillé, selon elles, le scrutin à Ankara.
Le Parti républicain du peuple (CHP) a déposé dans l’après-midi une requête devant cette instance et demandé un nouveau comptage des bulletins de vote dans la capitale, où le Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir ne s’est imposé que de justesse.
Le candidat CHP à Istanbul, Mustafa Sarigül, lui aussi battu par le maire sortant AKP Kadir Topbas, a également réclamé mardi un nouveau comptage des voix.
Le principal parti d’opposition au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a contesté mardi les résultats des scrutins municipaux de dimanche à Ankara et Istanbul, les deux plus grandes villes de Turquie, remportées par le parti islamo-conservateur au pouvoir.
Deux jours après le triomphe électoral de M. Erdogan, le Parti républicain du peuple (CHP) a déposé une requête devant le Haut conseil électoral (YSK) contre des « irrégularités » dans les résultats de la capitale, où le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir ne s’est imposé que de justesse.
Plus d’un millier de partisans du CHP se sont réunis au même moment devant le siège du Haut conseil électoral à Ankara pour réclamer un nouveau comptage des voix, en criant « au voleur » ou encore « défendez votre voix ».
« Je pense que ce scrutin a été entaché de fraudes. C’est pour cette raison que je suis ici, je veux des élections honnêtes », a déclaré à l’AFP un manifestant, Tulay Öztürk. « On nous a volé notre scrutin », a renchéri un autre, Ayhan Suleyman.
Le candidat du CHP à la mairie d’Ankara Mansur Yavas a assuré qu’un nouveau domptage permettrait de « dire la vérité », dans un message diffusé, malgré le blocage décrété par le gouvernement, sur Twitter.
Le maire, très populiste et controversé d’Ankara depuis 1994, Melih Gökçek, membre de l’AKP, a annoncé lundi à l’aube avoir remporté un cinquième mandat avec 44,79 % des suffrages, contre 43,77 % à M. Yavas.
Environ 32 000 voix à peine séparent les deux rivaux sur près de trois millions d’électeurs.
Les deux adversaires ont successivement proclamé leur victoire dimanche soir, dans un climat tendu alimenté par les accusations de fraude, qui ont inondé les réseaux sociaux, et des pannes d’électricité pendant le dépouillement.
Quant au candidat du CHP à Istanbul, Mustafa Sarigül, nettement battu dimanche, il a lui aussi remis en cause mardi les résultats du scrutin dans la mégapole de 15 millions d’habitants.
« Tous les bulletins doivent être recomptés afin que les habitants d’Istanbul acceptent sereinement les résultats », a déclaré Sarigül devant la presse, « notre pays est trop important pour être le jouet de fraudes électorales et de manoeuvres politiques ».
Le maire sortant AKP d’Istanbul, Kadir Topbas, a été réélu dimanche avec 48 % des suffrages contre 40,1 % à M. Sarigül.
Signe de la tension politique qui règne en Turquie, le parti au pouvoir a également contesté la victoire, serrée, du Parti de l’action nationaliste (MHP) à Adana (sud).
Face à cette avalanche de recours, le président du Haut conseil électoral, Sadi Güven, a appelé électeurs et partis politiques à l’apaisement. « C’est une procédure légale, nous verrons ce qu’il en ressort », a-t-il déclaré.
Interpellé sur les nombreuses pannes d’électricité survenues dimanche soir dans le pays, le ministre de l’Energie, Taner Yildiz, a rejeté toutes les suspicions.
« Ceux qui ont perdu ne doivent pas se servir des pannes d’électricité pour excuser leur défaite », a déclaré M. Yildiz, qui a expliqué qu’un chat était à l’origine de celle qui a contraint certains bureaux de vote d’Ankara à dépouiller à la bougie.
« Je ne plaisante pas (…) un chat est entré dans un transformateur. Ce n’est pas la première fois que cela se produit », a expliqué M. Yildiz à la presse.
Au terme d’une campagne disputée, l’AKP de M. Erdogan a remporté une large victoire dimanche aux élections municipales en totalisant 45 % des suffrages dans l’ensemble du pays, effaçant les accusations de corruption qui visent son régime.