L’université Paris-13 se sépare d’Elie Hatem
L'enseignant de droit a appartenu au mouvement royaliste Action Française et participe à de nombreux événements d'ultradroite, rendant notamment hommage à Pétain
L’université Paris-13 (Seine-Saint-Denis) a décidé lundi de mettre fin aux enseignements d’un ancien membre du mouvement royaliste Action Française, Elie Hatem, dont le cours avait été perturbé fin janvier par l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), a-t-on appris auprès de la faculté.
L’université « est fermement engagée dans le respect des droits humains et dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme », a indiqué la faculté dans un communiqué.
« En raison d’un risque de trouble à l’ordre public, Elie Hatem et le président de l’université Paris 13, Jean-Pierre Astruc, d’un commun accord, ont décidé l’arrêt des enseignements de droit des associations dans le Master professionnel ‘Management des Organisations Sanitaires et Sociales' », précise l’université.
Fin janvier, le président de l’UEJF Sacha Ghozlan était intervenu au mégaphone lors de ce cours sur le campus de Bobigny. « Notre démarche a été d’alerter les étudiants sur le fait qu’ils avaient un professeur (…) qui tient des propos racistes », a-t-il expliqué à l’AFP.
Elie Hatem « a participé à beaucoup de conférences ces derniers mois, des conférences où il rend hommage à Pétain, où il appelle à appliquer intégralement les théories de Charles Maurras, donc des propos assez virulents », a ajouté le président de l’UEJF qui avait demandé son « exclusion définitive ».
L’UEJF avait envoyé en ce sens un courrier au président de la faculté, à la ministre de l’Enseignement supérieur, à la Conférence des présidents d’université (CPU) et à la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah).
Cette décision intervient alors que le 8 février un étudiant a été exclu par la section disciplinaire de l’université Paris-13 après la plainte d’une élève en médecine, qui accuse plusieurs étudiants d’avoir tenu des propos antisémites à son égard.
Sept autres étudiants et étudiantes, également mis en cause par cette élève, ont eux été « relaxés », précise la faculté.
En janvier, le parquet de Bobigny avait classé sans suite la plainte de la jeune fille, pour « infraction insuffisamment caractérisée ».
La jeune fille de 20 ans affirmait avoir fait l’objet de harcèlements à caractère antisémite de la part d’un groupe d’élèves de l’université, notamment dans le cadre de la préparation du week-end d’intégration de la fac de médecine, selon des informations révélées par Europe 1.
« Dès le début, j’ai expliqué que ça me blessait, j’ai dit qu’on ne pouvait pas rire de la Shoah, mais on est passé des blagues sur la Shoah à des saluts hitlériens, puis on invente un jeu qui s’appelle le ‘freespa’ [contraction de frisbee et kippa], le lancer de kippa qu’on jette par terre ».
Devant ses protestations, la jeune étudiante se retrouve ostracisée, et menacée d’être « trashée » lors du prochain week-end d’intégration.
Dans la même veine, ces étudiants proposent de baptiser ce week-end d’intégration « ‘bob Auschwitz 2019’ (bob désignant le week-end d’intégration, explique Europe 1), ‘bob-rafle 2019’, ‘bob [nom de famille de l’étudiante] 2019’, ‘beau juif et boboche’, ‘les nazis contre les juifs’, avec une photo d’un étudiant juif brûlant dans les flammes ».
Soutenue par « une poignée d’amis » et la direction, elle est désormais vue comme « traître » et « cancer » de la promotion par d’autres.
Elle affirme avoir eu « besoin de dénoncer cette banalisation de l’antisémitisme et cette acceptation sous couvert du second degré et de l’humour noir, comme si c’était normal ».
Ces faits « sont profondément inacceptables », avait réagi la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal, dans un communiqué publié le 29 octobre.
Elle avait « salué le fait que l’université Paris-13 ait pris les décisions qui s’imposaient dès que les faits ont été connus ».