Lutte contre l’antisémitisme: Faure appelle tous les partis à un rassemblement
Le ministre du Travail Olivier Dussopt a salué cet appel mais a appelé le patron des socialistes à "balayer devant sa porte" en faisant référence à LFI et leurs propos "confus" sur la guerre entre Israël et le Hamas
Le patron du Parti socialiste Olivier Faure a appelé dimanche « toutes les forces politiques » à un rassemblement contre l’antisémitisme, mais a vite créé la polémique à gauche en ne fermant pas, au moins dans un premier temps, la porte à une participation du RN.
« J’appelle toutes les forces politiques à dire qu’il n’est pas possible qu’il y ait le moindre acte ou la moindre parole antisémite en France, que les Français juifs ne peuvent pas être tenus pour responsables d’actes qui ont été commis par d’autres juifs ailleurs dans le monde », a déclaré M. Faure au micro de Radio J.
« Cherchons à faire en sorte que toute la gauche, toute la droite, soient à l’unisson sur cette question. Battons-nous ensemble contre l’antisémitisme », a également lancé le député de Seine-et-Marne, dans un contexte de montée des actes antisémites en France depuis l’attaque du 7 octobre du Hamas en Israël.
Interrogé sur la présence du Rassemblement national si cette manifestation venait bien à se tenir, le Premier secrétaire a déclaré que l’invitation leur était également destinée, sous certaines conditions: « Si le RN veut bien répondre à cet appel et faire en sorte de couper avec sa propre histoire et une partie de ses élus ».
« Deux conditions qui ne sont pas prêtes d’être remplies », précise à l’AFP l’entourage d’Olivier Faure qui rappelle que « le RN tire ses racines de l’antisémitisme rendant sa présence incompatible avec la marche initiée par le PS ».
Malgré cette précision, l’appel de M. Faure a été mal reçu du côté des Insoumis.
« Comme il s’adresse aux organisations, les responsables de la nôtre sauront quoi lui répondre. Personnellement je n’irai jamais à une manifestation avec le Rassemblement national », a rapidement réagi Jean-Luc Mélenchon lors d’une conférence depuis Strasbourg.
Le moratoire souhaité par le PS et M. Faure sur l’avenir de la Nupes est une « bonne chose », a également ironisé le leader de LFI, estimant que le chef des socialistes faisait partie des « moins doués ».
« Folie. Jamais nous ne combattrons l’antisémitisme avec un parti fondé par des collabos. Avec un parti dont un des députés vendait avant son élection des ouvrages négationnistes », a réagi pour sa part le député Paul Vannier, chargé des relations avec les autres partis, en référence à l’élu RN du Var Frédéric Boccaletti.
« Point »
Même au sein du PS, cette idée n’a pas été uniquement reçue avec enthousiasme.
« Ne pas être clair vis-à-vis des partis qui refusent de nommer et de dénoncer le terrorisme du Hamas est une erreur profonde. Accepter de se rassembler avec le RN serait une grave faute », a répondu Nicolas Mayer-Rossignol, un des principaux opposants d’Olivier Faure en interne, renvoyant ainsi LFI et le RN dos-à-dos.
« J’imagine très mal le coup de fil à Bardella (patron du RN, ndlr) pour l’inviter lui et ses amis à manifester contre l’antisémitisme, je suis sûr qu’il n’aura pas lieu », a réagi pour sa part le député Jerôme Guedj, en qualifiant cependant l’initiative de « salutaire ».
Pour éteindre le début d’incendie, le secrétaire général du PS Pierre Jouvet y est aussi allé de son tweet. « Ils ne remplissent donc pas les conditions fixées par Olivier Faure pour prendre part à une marche républicaine. Point », a-t-il écrit, en parlant du Rassemblement national.
Première voix gouvernementale à réagir, le ministre du Travail Olivier Dussopt a salué cet appel mais a appelé le patron des socialistes à « balayer devant sa porte » en faisant référence à LFI et leurs propos « confus » sur la guerre entre Israël et le Hamas.
Le rassemblement pourrait se tenir place de la République à Paris « dans les prochains jours », selon les souhaits de M. Faure.