Israël en guerre - Jour 345

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Malka Leifer refuse de paraître devant un panel psychiatrique déterminant

Les avocats de la pédophile présumée demandent que l'aptitude de l'accusée à l'extradition en Australie soit décidée par la juge uniquement, car les preuves sont suffisantes

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Malka Leifer, (au centre), est amenée dans la salle d'audience du tribunal de Jérusalem, le 27 février 2018. (Crédit : AP Photo/Mahmoud Illean, File)
Malka Leifer, (au centre), est amenée dans la salle d'audience du tribunal de Jérusalem, le 27 février 2018. (Crédit : AP Photo/Mahmoud Illean, File)

Les avocats de Malka Leifer ont informé mardi la cour de district de Jérusalem que leur cliente ne se présenterait pas devant un panel de psychiatres ordonné par la cour pour déterminer si elle feint la maladie mentale dans le but d’éviter son extradition en Australie, où elle doit répondre de 74 chefs d’agression sexuelle.

Dans un courrier envoyé au tribunal, Tal Gabay et Yehuda Fried ont expliqué qu’ils ne permettraient pas à leur cliente de coopérer avec le groupe de médecins – une initiative à laquelle ils s’étaient opposés dès le début.

Le mois dernier, la magistrate Chana Lomp de la cour de district de Jérusalem avait statué que les preuves accumulées contre Leifer n’étaient pas concluantes et qu’un panel d’experts devait être nommé pour déterminer si l’ancienne directrice de l’école ultra-orthodoxe pour filles Adass Israel, à Melbourne, simulait des troubles mentaux pour éviter d’être renvoyée en Australie où elle doit être jugée pour des crimes sexuels.

Les procureurs et la défense s’étaient opposés à la désignation d’un tel panel, arguant tous deux que suffisamment de preuves avaient été soumises pour émettre un verdict. L’Etat s’était appuyé sur les avis juridiques de trois psychiatres qui avaient établi que Leifer était psychologiquement apte à faire face à la justice.

Les avocats de la pédophile présumée, pour leur part, avaient cité des témoignages des médecins de la prison, qui avaient indiqué que cette femme de 52 ans prenait le dosage le plus élevé en termes de traitement antipsychotique. Ils avaient aussi fait venir plusieurs avocats du monde entier qui avaient clamé que Leifer n’était pas dans un état de santé psychologique approprié pour rejoindre le banc des accusés.

(De gauche à droite) Les avocats de Malka Leifer Tal Gabay et Yehuda Fried parlent aux journalistes au tribunal de district de Jérusalem le 23 septembre 2019. (Crédit : Jacob Magid/Times of Israel)

La défense avait estimé qu’en considérant comme non concluantes les preuves recueillies contre sa cliente, le jugement de Lomp avait, dans les faits, écarté la possibilité d’une simulation de la part de la suspecte.

Elle avait alors réclamé que Leifer soit libérée jusqu’à la fin des procédures judiciaires intentées à son encontre. La cour de district de Jérusalem avait convenu de l’assigner à résidence, un jugement qui a depuis été renversé par la Cour suprême.

Depuis la décision de la Cour suprême, la défense a déposé une requête devant la Haute cour de justice pour que les procédures intentées à l’encontre de Leifer soient interrompues définitivement, une demande rejetée par l’instance la semaine dernière.

Dans leur courrier envoyé mardi au tribunal, Gabay et Fried demandent que Lomp prenne une décision elle-même concernant l’état mental de Leifer, sans recommandation du groupe de psychiatres.

S’exprimant sous couvert d’anonymat, un responsable proche des procureurs a suggéré que la lettre envoyée par la défense pouvait être un « coup médiatique » – une hypothèse qui a été catégoriquement démentie par la défense.

Une autre responsable proche du dossier a indiqué au Times of Israel qu’elle n’avait pas connaissance d’un autre cas dans lequel la défense avait « ignoré de manière si flagrante » une décision de justice. Elle a ajouté que les procureurs attendaient la réponse faite par la magistrate à la missive des avocats avant de prendre une quelconque initiative.

La semaine dernière, Uzi Shai, psychiatre auprès de la cour de district de Tel Aviv, avait fait savoir qu’il avait désigné Amir Ben Efraim, psychiatre en chef du district du nord, Aline Rozensweig, psychiatre en chef du district de Haïfa et l’adjoint de cette dernière, Ilanit Isaacs, pour prendre part au groupe chargé de livrer sa recommandation.

La défense, pour sa part, avait demandé à ce que ce comité de médecins soit constitué de psychiatres privés, clamant que des fonctionnaires étaient susceptibles de ployer plus rapidement sous les pressions de l’Etat et des médias.

Le tribunal avait accepté une requête soumise par l’Etat qui demandait d’interdire à Jacob Charnes, psychiatre en chef de Jérusalem, de s’impliquer dans ce panel – et ce, même si la cour relève de sa compétence.

Par le passé, ce dernier a changé d’avis à trois reprises concernant l’état mental de Leifer, ce qui avait entraîné des retards supplémentaires dans la procédure. En juillet dernier, la police a recommandé que le vice-ministre de la Santé Yaakov Litzman soit inculpé de fraude et d’abus de confiance pour avoir exercé des pressions sur des fonctionnaires de son bureau, dont Charnes, pour empêcher l’extradition de Leifer.

Au mois de juillet également, un responsable judiciaire avait expliqué au Times of Israel qu’un autre comité psychiatrique se préparait à conclure que Leifer simulait la maladie mentale. Ce groupe de médecins, qui s’était réuni sur ordre du juge, s’était rencontré tous les six mois pour déterminer si la suspecte devait continuer à suivre son traitement.

Ce groupe avait « laissé entendre » qu’il se prononcerait contre Leifer lors de sa dernière réunion, demandant toutefois des documents supplémentaires à la défense avant de prendre sa décision finale, selon la responsable judiciaire. Mais le panel ne s’était plus réuni après le départ en vacances des avocats.

Il a finalement accepté de laisser le nouveau comité prendre sa propre décision.

Les retards dans le dossier Leifer ont été à l’origine de tensions considérables entre Jérusalem et Canberra. Le Premier ministre australien Scott Morrison a appelé Israël, la semaine dernière, à achever rapidement les procédures.

Mardi, une délégation de responsables australiens, avec à sa tête l’ex-Premier ministre Jon Howard, a évoqué l’affaire au cours d’une rencontre avec le président Reuven Rivlin.

Dans un communiqué émis par son bureau, Rivlin a déclaré qu’il « avait compris la gravité du dossier pour le public australien et ajouté qu’il était aussi douloureux pour nous. Il a également affirmé que les autorités concernées… pensent que l’extradition devra avoir lieu dans les meilleurs délais et font tout ce qui est en leur pouvoir pour garantir que ce sera le cas ».

Les sœurs australiennes Nicole Meyer, (à gauche), et Dassi Erlich (à droite) participent à une manifestation le 13 mars 2019 devant le tribunal de Jérusalem lors de l’audience d’extradition de Malka Leifer, une ancienne directrice d’école de filles recherchée pour abus sexuels en Australie.
(Yonatan Sindel/Flash90)

« Le système judiciaire est indépendant en Israël, mais l’Etat d’Israël fait tout ce qui est possible pour faire avancer l’extradition », a poursuivi le communiqué du président.

Lundi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a assuré à la même délégation qu’Israël signerait immédiatement l’extradition de Leifer si elle était ordonnée par le tribunal de Jérusalem, ont fait savoir des sources présentes lors de la rencontre au Times of Israel.

Leifer avait quitté Israël pour Melbourne en 2000 et avait pris la direction de l’école ultra-orthodoxe pour filles Adass Israel. Lorsque des allégations d’abus sexuels à son encontre avaient fait surface, huit ans plus tard, des membres du conseil scolaire lui avaient rapidement acheté un billet d’avion pour Israël, ce qui lui avait permis d’échapper à la justice australienne.

Après le début des poursuites par les autorités de Melbourne, l’Australie avait officiellement déposé une demande d’extradition en 2012. Deux ans plus tard, Leifer avait été arrêtée en Israël mais le tribunal de Jérusalem avait suspendu les procédures en cours en 2016, statuant qu’elle était inapte à subir un procès.

Elle avait été de nouveau appréhendée en février 2018 après une opération d’infiltration de la police – qui avait alors mis sérieusement en doute l’instabilité réelle de sa santé psychologique. L’opération avait été lancée après l’obtention d’images la montrant se déplacer dans sa ville de résidence sans difficulté apparente. L’ONG Jewish Community Watch avait en effet engagé des détectives privés, lesquels avaient caché des caméras dans l’implantation ultra-orthodoxe d’Emmanuel où Leifer et sa famille avaient trouvé refuge.

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