« Mariage de la haine » de 2015 : 4 personnes condamnées pour incitation en appel
Le tribunal de Jérusalem a jugé que les accusés savaient qu'ils célébraient le meurtre d'une famille palestinienne, et qu'ils étaient donc passibles de poursuites pour incitation
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Quatre participants à ce qui est devenu connu comme le tristement célèbre « mariage de la haine » de 2015 ont été condamnés jeudi par le tribunal de district de Jérusalem pour incitation à la violence, après que l’État a fait appel de leur acquittement en 2021 par un tribunal pour mineurs de Jérusalem.
Des séquences vidéo largement diffusées du « mariage de la haine » montraient des dizaines d’invités d’extrême-droite se réjouissant en se moquant de l’attaque criminelle meurtrière de la famille palestinienne Dawabsha dans le village de Duma, en Cisjordanie, au cours duquel un couple et son bébé ont été brûlés vifs en juillet 2015.
Dans la séquence, diffusée pour la première fois par la Dixième chaîne, les invités au mariage brandissent des armes à feu, des couteaux et un cocktail Molotov factice. L’une des personnes présentes avait imprimé une photo d’Ali Dawabsha, le bébé de 18 mois qui avait été tué dans l’incendie, et l’avait brandie en l’air avant de la poignarder avec un couteau tandis que les participants dansaient.
Dans son verdict rendu jeudi, le tribunal de district de Jérusalem a estimé que les quatre accusés, qui étaient tous mineurs au moment des faits, étaient au courant de ce qui s’était passé à Douma et avaient conscience que les photos brandies étaient celles des membres de la famille Dawabsha qui ont été assassinés, a rapporté le site d’information Maariv.
Le tribunal a statué qu’ils étaient conscients de l’incitation à laquelle ils se livraient et de la possibilité que de telles actions puissent conduire à des actes de violence.
Une cinquième personne inculpée pour cet incident, qui était âgé de 13 ans lors du mariage, a été acquittée car il n’était pas clair dans quelle mesure elle était au courant du meurtre de la famille Dawabsha.
Les quatre personnes condamnées – et le cinquième accusé – avaient initialement été acquittés par le tribunal pour mineurs de Jérusalem en 2021, après que le juge eut estimé qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour les condamner pour incitation au terrorisme et à la violence. Le juge avait déterminé que la participation des mineurs aux « réjouissances » ne pouvait pas nécessairement être interprétée comme un soutien pour nuire à la famille Dawabsha, et avait également noté leur âge et le fait que certains d’entre eux étaient en état d’ébriété.
En avril 2022, le tribunal de première instance de Jérusalem a condamné le marié du mariage et six invités pour incitation à la violence et au terrorisme.
L’ONG de droite Honenu – qui représentait les personnes inculpées pour incitation lors du mariage – a condamné la décision du tribunal d’annuler l’appel, affirmant que les accusations d’incitation étaient appliquées de manière sélective.
« Des enfants qui ont commis une farce stupide lors d’un mariage privé sont jugés et condamnés au terme d’une longue procédure judiciaire, alors que des milliers de personnes qui distribuent des bonbons après des attentats terroristes et qui célèbrent dans des mosquées lorsque des Juifs sont assassinés se promènent librement parmi nous », a déclaré l’organisation dans une déclaration à la presse à la suite du rendu de verdict.
Saad et Riham Dawabsha et leur bébé Ali Saad ont été tués dans l’attentat à la bombe incendiaire à Duma, dans le nord de la Cisjordanie. Ali Saad est mort sur place, tandis que ses parents ont succombé à leurs blessures plusieurs jours plus tard. Leur fils Ahmad, alors âgé de 4 ans, a survécu après avoir subi des brûlures au second degré sur 60 % de son corps.
Amiram Ben Uliel, un extrémiste religieux, a été reconnu coupable de l’attaque et du meurtre de la famille Dawabsha en mai 2020 et condamné à trois condamnations à perpétuité et 20 années supplémentaires de détention.