Marine Tondelier présente ses excuses après des propos ambigus sur Jérôme Guedj
La secrétaire nationale des Ecologiste a reconnu "qu'il y avait un antisémitisme d'extrême gauche" et rappelle "qu'il faut le combattre partout et tout le temps"

La secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier a « présenté ses excuses » sur X vendredi après avoir tenu la veille des propos ambigus sur le socialiste Jérôme Guedj, pris à partie comme d’autres socialistes dans la manifestation parisienne du 1er mai, et elle a reconnu « qu’il y avait un antisémitisme d’extrême gauche ».
« Jérôme Guedj comme l’ensemble des socialistes et des manifestants, doit pouvoir le faire (manifester) dans la sérénité. J’ai essayé de l’appeler ce matin et je le referai dans la matinée », a-t-elle tweeté.
« Quant à savoir s’il existe un antisémitisme d’extrême gauche, la réponse est oui. Comme dans l’ensemble de la société d’ailleurs. J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer plusieurs fois sur le sujet, et maintiens qu’il faut le combattre partout et tout le temps », a-t-elle ajouté.
Des militants socialistes, dont le député Jérôme Guedj déjà invectivé dimanche lors d’un autre rassemblement, ont été insultés, et pour certains agressés, lors de la manifestation parisienne du 1er mai.
« Jérôme Guedj lui-même a de nouveau été la cible d’insultes antisémites », a assuré la patronne de la fédération socialiste de Paris Lamia El Aaraje.
Interrogée jeudi soir sur RTL sur le fait de savoir si la prise à partie de Jérôme Guedj, de confession juive, relevait d’un antisémitisme d’extrême gauche, Marine Tondelier s’était dite « embêtée » pour répondre, laissant entendre que Jérôme Guedj avait un comportement un peu provocateur en venant aux manifestations.

« J’ai été surprise par la manière dont la question m’a été posée hier, faisant un lien entre deux événements sur lesquels je n’avais pas toutes les informations, ayant moi-même manifesté à Dunkerque », a-t-elle expliqué vendredi.
« Je présente mes excuses auprès de toutes celles et ceux que l’imprécision de ma réponse a pu heurter », a-t-elle conclu.
Le PS dénoncé des insultes et des agressions physiques
« A Paris, des socialistes ont été physiquement agressés par des black blocs ignorant toute conscience collective en ces temps de bascule historique. Par leurs méthodes ils discréditent les combats qu’ils prétendent porter », a dénoncé le premier secrétaire du PS Olivier Faure sur X.
Les incidents se sont produits en milieu d’après-midi sur le stand installé par le parti à la rose sur le parcours de la manifestation parisienne.
« Des dépôts de plainte sont en cours. Nous ne laisserons rien passer », a ajouté le chef des socialistes en fustigeant « la violence de fanatiques qui ne servent aucune cause ».
Selon un journaliste de l’AFP, des manifestants habillés de noir, certains portant des drapeaux antifas, ont vivement bousculé des élus et militants PS.

« Tout le monde déteste le PS », ont scandé ces manifestants hostiles à la présence socialiste dans le cortège du 1er-Mai.
Le député Jérôme Guedj, qui avait dû quitter un rassemblement dimanche contre l’islamophobie après avoir essuyé des invectives aux relents antisémites, a dû être écarté du cortège.
« Blacks blocs et antifas »
« Un premier groupe virulent nous a fait des doigts d’honneur, nous a insultés de ‘traîtres’ en chantant ‘tout le monde déteste le PS' », a-t-il raconté à l’AFP.
« Puis ont débarqué 20-30 personnes habillées en noir, comme des blacks blocs, qui sont allées au contact. Elles ont frappé des gens et ont mené une charge en jetant plusieurs bombes agricoles », a-t-il poursuivi. « Pour moi c’était des black blocs et des antifas », a-t-il ajouté, en référence à ces groupes violents d’extrême gauche. « Ces gens-là se tournaient beaucoup vers moi pour m’insulter », a-t-il ajouté.
L’élu de l’Essonne a indiqué à l’AFP n’avoir pas entendu d’insultes antisémites à son encontre lors des agressions, au contraire d’autres responsables socialistes.
« Des militants qui se prétendent de la gauche, de l’extrême gauche (….) se sont mis d’abord à nous insulter de ‘sales sionistes’, de ‘génocidaires’, de ‘traîtres’, ce sont des mots qui ont été prononcés. Ils ont insulté tous les socialistes », a pour sa part raconté sur BFMTV l’eurodéputée socialiste Emma Rafowicz, régulièrement victime d’injures antisémites.
Aujourd’hui, des violents aux méthodes de fachos nous ont insultés, attaqués, frappés, alors que nous manifestions dans la joie pour le 1er mai à Paris.
Merci infiniment à notre service d’ordre pour sa réactivité et aux premiers secours qui sont venus nous apporter les soins… pic.twitter.com/sq5b56Ujnm
— Emma Rafowicz (@EmmaRafowicz) May 1, 2025
Non, il n’est pas acceptable de se faire traiter de « sales sionistes » de « genocidaires » ou de « traîtres », lors d’une manifestation du 1er mai pour la justice sociale et les travailleurs, brisés par le capitalisme financier !
Non, il n est pas acceptable d’être frappés,… pic.twitter.com/rZT1DAHNaY
— Emma Rafowicz (@EmmaRafowicz) May 1, 2025
« Jérôme Guedj lui-même a de nouveau été la cible d’insultes antisémites », a assuré la patronne de la fédération socialiste de Paris Lamia El Aaraje dans un communiqué.
Les accusations en « traîtrise » reviennent souvent contre le PS au sein de la gauche radicale et de l’extrême gauche depuis la décision PS de ne pas voter les motions de censure contre François Bayrou.
« Coups de pied, coups de poing »
La France insoumise, dont les relations avec les socialistes sont devenues glaciales, a tenu à se distancier de ces événements.
« Merci aux médias d’arrêter de nous imputer n’importe quelle action contre un tel ou une telle dans les manifestations parisiennes », a commenté Manuel Bompard, le coordinateur national du mouvement de Jean-Luc Mélenchon.
Sans néanmoins assortir cette mise au point d’une ferme condamnation des violences ou d’un message de soutien. « Nous ne sommes pas d’accord avec le fait que l’on règle des désaccords politiques comme cela », a-t-il simplement ajouté.
A l’inverse, les dirigeants écologiste et communiste Marine Tondelier et Fabien Roussel ont exprimé sur X leur « soutien » au Parti socialiste.
« Nous avons été insultés puis attaqués par des black blocs : ils ont arraché nos drapeaux et nos banderoles, ont donné des coups de pied, coups de poing (…) un camarade a été lynché au sol, un autre élu a été blessé », a raconté sur X l’eurodéputée Chloé Ridel.
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a confirmé que « les forces de l’ordre sont intervenues pour sécuriser les lieux et procéder à des interpellations ».
Sur BFMTV, il a fait état de quatre blessés légers parmi les socialistes, et a dénoncé une attaque « absolument lamentable » et « inacceptable ».
« Une personne a été placée en garde à vue après les faits commis aux abords du stand du parti socialiste (tirs de mortier, dégradations et violences) », a précisé le parquet de Paris, qui a comptabilisé une cinquantaine d’interpellations pour des infractions lors du défilé parisien.
« Ce sont les violences qui ne sont pas les bienvenues dans ces cortèges », a indiqué sur LCI Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.
La manifestation s’est globalement déroulée dans le calme.