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Mia Schem, otage libérée, lors d’entretiens télévisés : « J’ai vécu l’enfer »

La jeune franco-israélienne a déclaré qu'il "n'y a pas de civils innocents à Gaza", racontant qu'elle avait été détenue par une famille qui refusait de la nourrir régulièrement

L'otage libérée Mia Schem racontant au micro de la Treizième chaîne sa période de captivité à Gaza, le 28 décembre 2023. (Crédit : Capture d'écran/Treizième chaîne ; utilisée conformément à l'article 27a de la loi sur les droits d'auteur)
L'otage libérée Mia Schem racontant au micro de la Treizième chaîne sa période de captivité à Gaza, le 28 décembre 2023. (Crédit : Capture d'écran/Treizième chaîne ; utilisée conformément à l'article 27a de la loi sur les droits d'auteur)

Mia Schem, une jeune otage qui a été libérée par le Hamas et qui est âgée de 21 ans, a raconté avoir traversé « l’enfer » lorsqu’elle était dans la bande de Gaza au cours de deux entretiens qui ont été diffusés à la télévision, vendredi soir.

Schem avait été blessée au bras et elle avait été prise en otage au festival de musique Supernova, le 7 octobre, lorsque des milliers de terroristes du Hamas s’étaient infiltrés dans le sud d’Israël, tuant plus de 1200 personnes et prenant environ 204 otages, les ramenant dans la bande de Gaza.

Environ 360 festivaliers avaient été tués pendant l’assaut lancé contre la rave-party qui était organisée dans la région frontalière avec Gaza. 36 personnes avaient été prises en otage, ramenées de force dans la bande.

Schem avait été libérée le 30 novembre après 54 jours de captivité, retrouvant sa famille et ses proches. Elle a depuis subi une opération chirurgicale pour son bras et elle suit actuellement un travail de rééducation.

Sa famille a indiqué que depuis, elle fait des crises d’épilepsie entraînées par le traumatisme de ses huit semaines de captivité et en raison également du manque de sommeil accumulé pendant cette période.

Schem a évoqué en profondeur cette expérience, pour la première fois, devant les caméras de la Douzième chaîne et de la Treizième chaîne – racontant le moment où elle a été prise en otage, les souffrances et la torture mentale endurées pendant sa captivité ainsi que son retour chez elle.

« C’est important pour moi de révéler la réalité de ce que j’ai vécu concernant les Gazaouis – qui ils sont vraiment, comment j’ai traversé cette épreuve », a-t-elle expliqué devant les caméras de la Treizième chaîne. J’ai vécu l’enfer. Tout le monde, là-bas, est un terroriste en puissance… il n’y a pas de civil innocent, il n’y en a pas un seul », a-t-elle estimé. « Les civils innocents, ça n’existe pas ».

Schem est revenue sur les premiers moments de son enlèvement, le 7 octobre. Elle a noté que quand les tirs de roquette avaient commencé, elle et un ami avaient pris la fuite, entrant dans la voiture de cette dernière. Alors qu’elle même avait pris le volant, son ami a crié : « Ils tirent », s’est-elle souvenue. « J’ai appuyé sur l’accélérateur pour tenter de passer en force mais ils ont visé les pneus et la voiture s’est arrêtée ».

Puis, a-t-elle dit à la Douzième chaîne, un camion rempli de terroristes armés est passé devant la voiture « et un membre du Hamas m’a jeté un regard et il m’a tiré dans le bras à très, très courte portée ».

« Je me suis assise dans la voiture, descendant du siège et j’étais toute recouverte de sang », a-t-elle raconté. « Je criais : ‘J’ai perdu mon bras, j’ai perdu mon bras’. »

Devant ses yeux, le Hamas a enlevé son ami, Elya Toledano, lui aussi franco-israélien, emmenant ce dernier à Gaza, les mains ligotées derrière le dos. Son corps sans vie a été retrouvé par l’armée israélienne au début du mois et il a été rapatrié au sein de l’État juif.

Schem a dit avoir vu les hommes armés ouvrir le feu sur tous les blessés qui montraient encore un signe de vie et qu’elle a tenté de se faire passer pour morte – mais la voiture était dorénavant en feu. Elle a aperçu un individu marcher entre les véhicules et, pensant qu’il était israélien, elle l’a appelé à l’aide. C’était un terroriste. L’homme lui a demandé de se lever.

Il « a commencé à me toucher sur le haut du corps », a-t-elle précisé, montrant sa poitrine. « Et j’ai commencé à hurler, devenant folle parmi les voitures incendiées, parmi les corps ». Puis le terroriste a vu qu’elle était blessée au bras et « il a reculé, il a arrêté pendant un moment ».

« Ensuite, sortant de nulle part, quelqu’un m’a attrapée par les cheveux, m’a poussée dans une voiture en direction de Gaza », a-t-elle indiqué à la Douzième chaîne. Elle a dit avoir eu le sentiment d’avoir été considérée comme « un animal dans un zoo » et qu’elle avait été détenue pendant une période par une famille qui avait de jeunes enfants et qui ouvrait la porte de la pièce où elle se trouvait simplement pour l’observer.

Mia Schem avec sa famille après sa libération par le Hamas, à l’hôpital Sheba, le 1er décembre 2023. (Autorisation)

Pendant le voyage à Gaza, a-t-elle raconté à la Treizième chaîne, « je n’étais qu’à moitié consciente. Je ne comprenais pas ce qui était en train de se passer. Tout ce que je me disais, c’est que je ne voulais pas mourir ».

Elle a noté qu’à son arrivée à Gaza, « ils m’ont pris par les cheveux pour sortir de la voiture et ils m’ont emmené dans une pièce reculée, dans un hôpital. » Là-bas, a-t-elle ajouté, « ils ont étiré mon bras, ils l’ont attaché à un morceau de plastique et je suis restée comme ça pendant trois jours ». Elle a précisé avoir eu la certitude qu’ils allaient l’amputer.

Après trois jours, a-t-elle dit, il lui a été demandé de passer un hijab et elle a été emmenée en salle d’opération – une intervention chirurgicale qui a eu lieu « sans anesthésie, sans rien », a-t-elle déclaré à la Douzième chaîne – ce qu’elle a plus ou moins contredit devant les caméras de la Treizième chaîne, sans donner de détail.

Schem a expliqué qu’elle n’avait pas vu le visage du chirurgien qui s’était occupé d’elle, racontant toutefois « qu’il m’a regardée et il m’a dit : ‘Tu ne rentreras pas en vie chez toi’. »

Au lendemain de l’opération, a-t-elle précisé auprès de la Treizième chaîne, elle a été obligée de tourner un film de propagande qui a été rendu public par le groupe terroriste quelques jours plus tard : « Ils m’ont dit de dire qu’ils prenaient soin de moi, qu’ils me soignaient… On fait ce qu’on nous dit de faire. On a peur de mourir ».

Ces images devaient être les premières montrant une otage vivante à Gaza.

Schem a indiqué que pendant la période passée en captivité, elle avait changé ses propres bandages, elle avait nettoyé ses blessures et elle avait fait de la physiothérapie seule.

Capture d’écran d’une vidéo publiée par le groupe terroriste Hamas le 16 octobre 2023, montrant Mia Schem, une Israélienne enlevée par des terroristes lors d’un festival de musique lors du massacre perpétré par des hommes armés du Hamas le 7 octobre 2023. (Capture d’écran : X ; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur les droits d’auteur)

Ensuite, elle a été emmenée dans une famille, a noté Shem devant les caméras de la Treizième chaîne – faisant remarquer que la famille toute entière était impliquée dans les activités du Hamas, notamment la femme et les enfants. « J’ai commencé à me poser des questions : « Pourquoi suis-je dans l’habitation d’une famille ? Pourquoi y a-t-il des enfants ici ? Pourquoi y a-t-il une femme ici ? »

Elle a été gardée dans une pièce et il lui a été demandé de ne pas parler. Elle ne pouvait pas bouger, elle ne pouvait pas pleurer, elle ne devait pas être vue, s’est-elle souvenue : « Il y a un terroriste qui vous surveille 24 heures sur 24, sept jours sur sept, et il vous viole en permanence avec son regard… Un regard démoniaque. J’avais peur d’être violée. C’était ma plus grande crainte ».

Elle a précisé ne pas avoir pris de douche pendant toute sa captivité ; ne pas avoir eu de médicament ou d’anti-douleur et qu’elle avait « parfois » droit à de la nourriture.

Elle a raconté que parce qu’elle était otage, elle craignait « qu’à tout instant, quelque chose puisse soudainement arriver, qu’ils me touchent ».

Elle a indiqué qu’un jour, l’un des enfants les plus jeunes de la famille était entré dans la pièce : « Il a ouvert un sac de bonbons, il l’a refermé ; il est venu à moi, il a ouvert le sac, il l’a fermé et il est parti ».

Mia Schem, otage libérée, raconte sa captivité à Gaza devant les caméras de la Douzième chaîne, un entretien diffusé le 29 décembre 2023. (Capture d’écran : Channel 12, used in accordance with clause 27a of the Copyright Law)

Schem a raconté avoir ressenti « de la haine pure. Il n’y a pas de civils innocents là-bas. Ce sont des familles contrôlées par le Hamas. Ce sont des enfants à qui, à partir du moment où ils naissent, on apprend qu’Israël est la Palestine, à qui on apprend à haïr les Juifs ».

Schem a dit croire que la seule raison pour laquelle elle a échappé au viol de la part de son ravisseur est que « son épouse et ses enfants étaient dans la pièce à côté. Son épouse détestait l’idée qu’il était seul dans la pièce, avec moi. Elle détestait cette idée. Alors elle jouait à des jeux avec moi ».

Elle apportait de quoi manger à son mari « et pas à moi », a-t-elle précisé. « Je ne mangeais pas pendant un jour, pendant deux jours, pendant trois jours… Elle était effrayante, elle avait des yeux méchants. C’était une femme réellement malveillante ».

Un jour, a-t-elle expliqué, « j’essayais de retenir mes larmes » et son ravisseur, en la regardant, lui a dit « Arrête ou je t’envoie dans le tunnel ».

Schem a dit devant les caméras de la Treizième chaîne qu’il y avait une télévision dans la maison et qu’elle avait vu, un jour, le visage de sa mère apparaître sur l’écran : « Et j’ai vu ma mère, si forte, et je me suis dit : Mais qui suis-je pour m’écrouler ? »

Keren, la mère de Mia Schem, et des représentants des familles des personnes enlevées et détenues par des terroristes du Hamas à Gaza tiennent une conférence de presse après la diffusion d’une vidéo par le Hamas, dans laquelle on voit la jeune Israélienne de 21 ans. (Crédit : Ohad Zwigenberg/AP)

Schem a dit que les frappes aériennes de l’armée israélienne, à Gaza, étaient très proches de l’endroit où elle était détenue, et qu’elles brisaient les vitres. Elle a ajouté qu’elle avait perdu l’ouïe pendant trois jours à cette occasion.

Elle a toutefois continué à espérer que l’armée la sauverait, faisant des gestes de la main – avec les tatouages qui la distinguent – à l’extérieur de la fenêtre des toilettes quand elle pouvait le faire. Elle a déclaré n’avoir rapidement plus eu peur des explosions – « elles me donnaient un sentiment agréable… le sentiment qu’on ne m’avait pas oubliée. »

Elle a raconté à la Douzième chaîne qu’un jour, son ravisseur avait été en colère, bouleversé et qu’il avait pleuré, lui expliquant que deux de ses amis avaient été tués dans les bombardements israéliens : « une nouvelle qui m’a fait très plaisir », a-t-elle noté, « mais j’ai pris l’air triste, je l’ai réconforté, j’ai joué le jeu ».

Schem a noté qu’ensuite, elle avait été déplacée de maison en maison – par ambulance – et qu’à une occasion, elle avait préparé le repas pour les terroristes qui la surveillaient : « Et là, j’ai fait en sorte qu’ils me regardent différemment. Qu’ils me respectent. Ils apprécient les femmes qui font la cuisine, qui font le ménage ».

Elle a expliqué que quatre ou cinq jours avant sa libération – au début de la trêve dans les combats qui avait duré une semaine – elle avait été envoyée dans les tunnels du Hamas : « Sans air, sans nourriture, avec une blessure ouverte ».

Là-bas, pour la toute première fois depuis son enlèvement, elle a rencontré d’autres otages. D’un côté, a-t-elle confié à la Treizième chaîne, elle a été heureuse de les voir mais elle a aussi eu le sentiment que certains d’entre eux « avaient d’ores et déjà perdu tout espoir… Difficile d’être optimiste dans ce cadre ».

Elle a ajouté que de manière répétée, ses ravisseurs la raillaient, lui disant qu’elle serait libérée dès le lendemain – « une manière de vous casser au niveau émotionnel ». Le jour suivant, a-t-elle poursuivi, « ils me disaient que ‘ce sera pour toi comme pour Gilad Shalit, un an, deux ans, trois ans’, » en référence au soldat de l’armée israélienne qui avait été capturé en 2006 et libéré cinq ans plus tard, en 2011.

Elle a déclaré à la Treizième chaîne qu’elle n’avait pas cru qu’elle serait réellement libérée « avant d’entrer dans le véhicule de l’armée israélienne, avant de franchir la frontière avec Israël ».

Juste avant qu’elle ne monte dans la voiture de la Croix Rouge, les terroristes « ont dirigé une caméra sur mon visage et ils m’ont dit : ‘Dis que tu as été bien traitée, que la population de Gaza est agréable, qu’elle est gentille’. Qu’étais-je censée faire d’autre ? »

Schem a noté sur la Douzième chaîne que lors de sa remise en liberté, le plus dur a été de laisser derrière elle les autres captifs.

« Ils m’ont dit : ‘Mia, on t’en supplie, fais en sorte qu’ils ne nous oublient pas’. Et j’ai présenté mes excuses de partir », a-t-elle déclaré. « Je suis désolée, je suis tellement désolée ».

Les Israéliens défilent pour appeler à la libération des otages enlevés par le Hamas pendant l’assaut du 7 octobre à Jérusalem, le 28 décembre 2023. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)

Schem, une ressortissante franco-israélienne, a été l’une des 105 otages libérées pendant un cessez-le-feu temporaire dans la guerre opposant Israël et le Hamas, une pause dans les combats qui avait été négociée par le Qatar, le mois dernier. Il resterait 129 personnes encore retenues en captivité par le Hamas au sein de l’enclave côtière – et notamment 23 corps sans vie. Quatre otages avaient été libérés avant la trêve et une soldate qui avait été kidnappée avait été secourue par les troupes israéliennes.

Les dépouilles d’onze otages ont aussi été découvertes – dont les corps de trois captifs qui ont accidentellement été abattus par les soldats israéliens. Le Hamas détient aussi les dépouilles de deux soldats, Oron Shaul et Hadar Goldin, tombés sur le front, dans la bande de Gaza, en 2014 et il conserve en détention deux civils, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui seraient toujours en vie après être entrés dans la bande de Gaza de leur propre gré en 2014 et en 2015, respectivement.

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