Montpellier : 1 500 personnes rassemblées contre l’antisémitisme
De nombreux élus et représentants d'institutions juives étaient présents pour dénoncer la montée de l'antisémitisme dans le contexte de l'incendie criminel de la synagogue de La Grande-Motte
Un millier de personnes, dont de nombreux élus et des représentants de plusieurs religions, se sont réunies mardi soir à Montpellier pour dénoncer l’antisémitisme et soutenir la communauté juive, trois jours après l’incendie criminel de la synagogue de La Grande-Motte.
« Votre présence ici est un pied-de-nez aux prôneurs de haine », a lancé Perla Danan, présidente du Conseil représentatif des institutions juives (Crif) du Languedoc-Roussillon, à la foule rassemblée place de la Comédie.
La synagogue de La Grande-Motte, station balnéaire à une vingtaine de kilomètres de Montpellier, a été le théâtre samedi d’une attaque qui aurait pu tourner au drame et dont l’auteur a été interpellé à Nîmes après une brève cavale.
Le suspect avait été filmé par des caméras de vidéosurveillance, un drapeau palestinien à la ceinture, alors qu’il tentait de mettre le feu à la synagogue peu avant 08h30 samedi, juste avant l’office matinal du Shabbat. Seul un policier municipal avait été blessé, légèrement, par l’explosion d’une bonbonne de gaz stockée près d’un barbecue sur le parking de la synagogue.
« C’est un miracle que nous n’ayons pas eu à déplorer des victimes, par cette volonté de tuer qui était celle du suspect », a souligné à Montpellier le président national du Consistoire israélite de France, Elie Korchia.
« Lorsqu’on attaque une synagogue […], ce sont les valeurs de la République que l’on attaque », a-t-il ajouté, face aux drapeaux tricolores brandis dans l’assistance.
« Nous avons besoin que ce rassemblement soit non seulement un geste de fraternité, mais un moment de réaffirmation républicaine », a expliqué de son côté le président des instances nationales du Crif, Yonathan Arfi.
Il ajoute : « Il faut accepter de voir aujourd’hui la haine des Juifs telle qu’elle est. Elle prend prétexte de la haine d’Israël, elle prend prétexte du conflit au Proche-Orient. Bien sûr, l’antisémitisme, malheureusement, s’est banalisé et ça se traduit statistiquement. En 2024, nous avons 887 actes antisémites sur le premier semestre, c’est-à-dire une hausse de 100% par rapport à la même période en 2023 ».
Nous sommes très nombreux ce soir à Montpellier, au rassemblement citoyen contre l’antisémitisme après l’attentat qui a ciblé la synagogue de La Grande-Motte.
Ensemble et unis pour dire "non" à l'antisémitisme. @LanguedocCrif @PerlaDanan @Yonathan_Arfi @MDelafosse @S_Rossignol… pic.twitter.com/Mov94jYx4t— CRIF (@Le_CRIF) August 27, 2024
« J’en appelle aux forces républicaines pour que nos discours soient sans ambiguïté. Pour combattre l’antisémitisme, pour que les amalgames nauséabonds avec le conflit du Moyen-Orient s’arrêtent », a réclamé la présidente de la communauté juive de La Grande-Motte, Sabine Atlan, alors que des manifestants portaient des pancartes affirmant : « Nos vies valent plus que l’importation du conflit ».
La présidente de la région Occitanie, la socialiste Carole Delga, a elle essuyé sifflets et huées d’une partie de l’assistance en évoquant le camp d’extermination d’Auschwitz et « ce que l’ignominie des régimes fascistes et nazis issus des idées d’extrême-droite peuvent produire ».
« Ceux qui par jeu politicien font le choix des huées se déshonorent », a ensuite réagi le maire socialiste de Montpellier, Michaël Delafosse. « Mes concitoyens juifs de France, c’est ici votre pays, et dans ce pays, nous vous défendrons », a-t-il lancé, promettant de ne « rien laisser passer ».
Michel Cohen, habitant de Montpellier, qui était présent au rassemblement, s’inquiète de la montée de l’antisémitisme en France. Au micro d’Europe 1, il indique : « Il y a deux secondes, en arrivant, j’ai entendu des gens dirent « ce sont toujours ces Juifs, ils nous font chier ». C’est incroyable. Nous sommes révoltés. Il faudrait qu’on se montre et qu’on n’ait pas peur. Mais les Juifs ont peur et ils ont besoin [de savoir qu’ils sont] protégé par l’État et le gouvernement ».