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Mort de Soleimani : une opération sans précédent pour l’armée américaine

L'opération a été menée par un drone américain qui a frappé deux véhicules convoyant Soleimani sur une route d'accès à l'aéroport international de Bagdad

Un véhicule en flammes à l'aéroport international de Bagdad à la suite d'une frappe aérienne, en début de journée, vendredi 3 janvier 2020. (Crédit : service de presse du ministère des Affaires étrangères irakien via AP)
Un véhicule en flammes à l'aéroport international de Bagdad à la suite d'une frappe aérienne, en début de journée, vendredi 3 janvier 2020. (Crédit : service de presse du ministère des Affaires étrangères irakien via AP)

Le raid américain sans précédent dans lequel le général iranien Qassem Soleimani a été tué vendredi à Bagdad ouvre une période d’incertitude pour les Etats-Unis et leurs alliés dans la région, et suscite de nombreuses questions.

Le Pentagone est resté vague sur l’opération elle-même lorsqu’il a reconnu dans un communiqué avoir mené cette action sur ordre du président Donald Trump. Mais selon plusieurs médias américains, elle a été menée par un drone américain qui a frappé deux véhicules convoyant Soleimani, dirigeant des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la république islamique, sur une route d’accès à l’aéroport international de Bagdad.

Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, coalition de paramilitaires majoritairement pro-Iran désormais intégrés à l’Etat irakien, est également mort dans ce bombardement.

Ce style d’élimination de militaires étrangers fait davantage penser aux méthodes de l’armée israélienne qu’à celle des militaires américains, qui organisent d’habitude avec précision des opérations de leurs forces spéciales quand ils veulent éliminer des personnes recherchées comme Oussama Ben Laden ou, plus récemment, le leader du groupe Etat islamique Abou Bakr Al-Baghdadi.

Le commandant des Gardiens de la Révolution islamique, le général Qassem Soleimani (au centre) lors d’une réunion avec le Guide suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei, et les commandants des Gardiens de la révolution à Téhéran, en septembre 2016. (Crédit : Office of the Iranian Supreme Leader via AP)

Les Etats-Unis suivaient depuis des mois les déplacements du général Soleimani de près et auraient pu le tuer bien avant. Le Pentagone a expliqué que le général iranien « préparait activement des plans pour attaquer des diplomates et des militaires américains en Irak et à travers la région ».

Plus tôt, le ministre américain de la Défense Mark Esper avait prévenu que les Etats-Unis n’hésiteraient pas à prendre des mesures « préventives » s’ils avaient vent de nouvelles attaques en préparation.

Il avait prévenu que la mort la semaine dernière d’un sous-traitant américain dans une attaque à la roquette sur une base de Kirkouk (nord) attribuée à une faction pro-iranienne avait « changé la donne ».

De la fumée s’échappe de l’entrée de l’ambassade des États-Unis à Bagdad, la capitale irakienne, le 31 décembre 2019, après que des partisans et des membres du groupe Hachd al-Chaabi ont tenté de s’introduire dans le bâtiment. (Crédit : AHMAD AL-RUBAYE / AFP)

D’ores et déjà, les prix du pétrole ont bondi de plus de 4 % après l’annonce de la mort de Soleimani, les marchés craignant une escalade des tensions dans la région.

L’Iran a promis de se venger, de même que le mouvement chiite libanais Hezbollah qui s’est engagé à « apporter le juste châtiment aux assassins criminels (…) dans le monde entier ».

Les nombreux groupes pro-iraniens de la région, pourraient lancer des attaques contre des bases américaines dans les Etats du Golfe, ou contre des pétroliers ou des navires marchands dans la région du détroit d’Ormuz que Téhéran peut fermer à tout moment.

Ils pourraient viser les nombreuses bases où l’armée américaine est déployée en Irak, en Syrie, d’autres ambassades américaines dans la région, ou s’attaquer à des alliés des Etats-Unis comme Israël ou l’Arabie saoudite, voire des pays européens.

Pour Kim Ghattas, du Carnegie Endowment for International Peace, il est difficile de savoir comment la situation va évoluer.

« Une guerre ? Le chaos ? Des représailles limitées ? Rien ? Personne ne sait vraiment, ni dans la région, ni à Washington, parce que ceci est sans précédent. »

Les Etats-Unis ont envoyé plus de 14 000 militaires en renfort dans la région ces derniers mois, et ils ont annoncé l’envoi de 500 hommes de plus après l’attaque contre leur ambassade à Bagdad.

Jeudi, M. Esper a indiqué qu’un bataillon de 4 000 hommes avait reçu l’ordre de se tenir prêt et qu’ils pourraient être déployés dans les prochains jours.

Sur cette photo fournie par la Maison Blanche, le président américain Donald Trump est entouré de Robert O’Brien, conseiller à la sécurité nationale, du vice-président Mike Pence, du secrétaire à la Défense Mark Esper, du président des chefs d’Etat-major interarmées Mark Milley et du général Marcus Evans, directeur adjoint pour les opérations spéciales à la Maison Blanche, le 26 octobre 2019 à Washington, dans la Salle de Crise. (Shealah Craighead/La Maison Blanche via AP)

Les Etats-Unis ont actuellement 5 200 militaires déployés en Irak, officiellement pour « assister et former » l’armée irakienne et pour éviter une résurgence du groupe Etat islamique. Leurs effectifs globaux au Moyen-Orient s’élève à 60 000 personnes.

L’ambassade américaine a appelé les ressortissants américains résidant en Irak à quitter le pays au plus vite.

Israël a fermé une station de ski sur les flancs du Golan, une région annexée à la frontière de la Syrie et du Liban.

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