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Mort du réalisateur du « Violon sur le toit » Norman Jewison à l’âge de 97 ans

Nombreux étaient ceux qui pensaient que le réalisateur était Juif à cause de son patronyme

Le réalisateur Norman Jewison, à droite, et sa star Topol sur le plateau de la version cinématographique du "Violon sur le toit". (Crédit : Zeitgeist Films in association with Kino Lorber via JTA)
Le réalisateur Norman Jewison, à droite, et sa star Topol sur le plateau de la version cinématographique du "Violon sur le toit". (Crédit : Zeitgeist Films in association with Kino Lorber via JTA)

JTA — Dans un documentaire consacré au tournage du film « Le Violon sur le toit » qui était sorti en 1971, Norman Jewison avait raconté une anecdote qui est devenue familière : quand les producteurs de la comédie musicale de Broadway l’avaient approché pour lui demander s’il accepterait de réaliser sa version cinématographique, il avait dû les informer, avec un peu de honte, qu’il n’était pas Juif.

C’est lui qui avait pourtant été choisi et, en conséquence, des générations de Juifs ayant regardé « le Violoniste » associent dorénavant le nom de « Jewison » affiché au générique, à celui d’un membre de la tribu.

Donner vie à Anatevka aura été l’un des nombreux moments forts de la carrière du réalisateur Canadien, qui s’est éteint samedi à l’âge de 97 ans. Le cinéaste est « décédé samedi paisiblement », selon un communiqué de son agent Jeff Sanderson, qui a indiqué que des cérémonies en son honneur auront lieu « ultérieurement à Los Angeles et à Toronto ».

Après des débuts à la télévision canadienne, Jewison s’était imposé au cours de sa carrière comme l’un des cinéastes les plus éclectiques d’Hollywood. Ses nombreux films lui avaient notamment valu d’être nominé trois fois pour l’Oscar du meilleur réalisateur.

Il avait notamment réalisé « Éclair de lune », « dans la Chaleur de la nuit », « L’affaire Thomas Crown » et « Hurricane Carter » – des films qui mettaient en exergue des thématiques sociales comme le racisme et autres formes de préjugés. Il avait été nominé à sept Oscars en tout, dont deux pour « Le Violon » (meilleur film et meilleur réalisateur).

Il avait dirigé de nombreuses comédies musicales, notamment « Jesus Christ Superstar, » et il avait réabordé la question juive dans son tout dernier long-métrage tourné en 2003 dont l’intrigue se déroulait pendant la Shoah, « Crime contre l’Humanité ».

Le réalisateur du ‘Violon sur le toit’ Norman Jewison dans sa maison de Malibu pendant un entretien avec le réalisateur de ‘Fiddler’s Journey to the Big Screen’, Daniel Raim, en 2016. (Autorisation : Zeitgeist Films)

Né à Toronto en 1926, Norman Jewison avait été élevé par des parents protestants qui tenaient un commerce en-dessous de leur appartement. Mais à cause de son nom, le jeune homme avait été harcelé à l’école par ses camarades qui le croyaient juif, selon le New York Times.

Il avait exprimé très tôt un intérêt pour le cinéma et le théâtre, et, après avoir gagné ses premiers deniers comme chauffeur de taxi, il avait trouvé un emploi à la télévision canadienne CBC dans les années 50.

Il s’était aventuré, sept ans plus tard, dans l’univers de la télévision américaine, puis du cinéma. Son premier film en tant que réalisateur à Hollywood, « Des ennuis à la pelle », avait été réalisé en 1962.

Compagnon de l’Ordre du Canada, la plus haute distinction de son pays d’origine, le cinéaste laisse derrière lui trois enfants et cinq petits-enfants.

Norman Jewison (avec une casquette de base-ball) sur le plateau du « Violon sur le toit », en 1971. Chaim Topol, qui jouait Tevye, est le deuxième à droite. (Autorisation : Zeitgeist Films)

Mais son travail sur « le Violon » avait définitivement scellé sa réputation au sein de la communauté juive. Il avait été choisi en raison de son travail sur la satire « Les Russes arrivent », dont l’intrigue se déroule pendant la guerre froide, un film qui avait en tête d’affiche Carl Reiner et Alan Arkin – un film qui, selon les producteurs du « Violon », avait apporté la preuve que le réalisateur avait tout le talent nécessaire pour dépeindre de manière convaincante la vie russe aux yeux des Occidentaux.

Prenant les rênes de l’adaptation fracassante, à Broadway, du « Violon » – qui est à l’origine un conte folklorique classique de Sholem Aleichem – Jewison avait tout investi dans la vraisemblance. Il avait réalisé le long-métrage en ex-Yougoslavie et il avait fait appel à Chaim Topol, un acteur israélien, qui interprétait Tevye dans la production de West End, pour qu’il reprenne son rôle à l’écran (ce qui ne s’était pas passé sans controverse dans la mesure où une star mieux connue à Broadway, Zero Mostel, avait été écartée en conséquence).

Le film, qui dure trois heures et qui contient des scènes musicales élaborées ainsi qu’une musique supplémentaire de John Williams, est devenu un classique de Hollywood – un classique qui dépeint de manière douce-amère un monde juif effacé par les pogroms et la Shoah, une formule qui ne garantissait pas d’attirer l’attention d’un large public. Et pourtant, le pari s’était avéré gagnant et « Le Violon » était devenu l’un des films les plus rentables de l’année de sa sortie, devenant aussi incontournable dans les foyers Juifs ashkénazes et autres.

Par sa mort, Jewison rejoint d’autres personnalités du « Violon » qui se sont récemment éteintes. Topol est décédé l’année dernière, ainsi que le parolier Harnick.

Au fil des années, Jewison avait démenti les rumeurs qui laissaient entendre qu’il pensait à se convertir au Judaïsme. Il avait toutefois pris son lien avec l’Histoire juive au sérieux. Dans le documentaire sorti en 2022, il avait expliqué qu’il avait vécu un mariage juif en 2010, lorsqu’il s’était uni à sa seconde épouse, Lynne St. David Jewison. La cérémonie avait compris la présence d’un rabbin et d’une houppa.

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