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Musée juif : l’accusation blâme le silence « indécent » de Nemmouche

Lors du procès de la tuerie du musée juif de Bruxelles, l'accusation a dénoncé le mutisme "indécent" et la défense "stupide" de celui qui "annonçait un grand déballage"

Croquis de Mehdi Nemmouche, jugé à Bruxelles pour la tuerie du Musée juif de Bruxelles, le 10 janvier 2019. (Crédit : Benoit Peyrucq/AFP)
Croquis de Mehdi Nemmouche, jugé à Bruxelles pour la tuerie du Musée juif de Bruxelles, le 10 janvier 2019. (Crédit : Benoit Peyrucq/AFP)

Mutisme « indécent », défense « stupide » : l’accusation a fustigé lundi l’attitude pendant son procès de Mehdi Nemmouche et de ses avocats, affirmant dans son réquisitoire que le jihadiste français était bien « l’auteur de la tuerie du Musée juif » de Bruxelles en 2014.

« Lui qui nous annonçait un grand déballage sera resté dans un silence aussi indécent que provocateur », a souligné l’un des deux avocats généraux, Bernard Michel.

Un silence qui « fait écho » au « silence lourd, interrogateur, d’effroi, d’incompréhension » le jour des faits, le 24 mai 2014, où quatre personnes ont été assassinées, a ajouté celui qui s’est rendu sur les lieux le jour de la tuerie.

Avec son collègue Yves Moreau, les deux magistrats doivent disséquer jusqu’à mardi soir les preuves accablantes recueillies contre Mehdi Nemmouche pour le faire condamner.

Aux yeux du parquet fédéral belge, cette attaque fut la première commise en Europe par un combattant jihadiste de retour de Syrie, un an et demi avant les sanglants attentats du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts, des centaines de blessés).

Mehdi Nemmouche, 33 ans, jugé aux assises pour « assassinats terroristes », encourt la réclusion à perpétuité.

Le verdict, qui sera rendu par trois magistrats et douze jurés après les plaidoiries suivant le réquisitoire, est attendu début mars. Il ne sera pas susceptible d’appel.

Empreintes sur les armes du crime, vêtements et accessoires saisis sur lui, attitude en garde à vue, etc : les avocats généraux ont commencé lundi à exposer les éléments accréditant la culpabilité de l’accusé.

Des preuves « accablantes » laissant « peu de place au doute », ont martelé pendant une semaine les avocats des parties civiles, éreintant au passage la stratégie « complotiste » de la défense de Mehdi Nemmouche, qui assure, entre autres, que les images de vidéosurveillance ont été truquées par les enquêteurs pour le confondre.

« C’est profondément stupide », a répondu lundi Yves Moreau, l’un des procureurs, qualifiant la thèse de la défense d' »incroyable cinéma qui dure depuis un mois et demi ».

« Réputation piétinée »

« Personne n’a trafiqué quoi que ce soit », a-t-il insisté. « Pour essayer de faire croire que cet homme (Nemmouche, ndlr) est innocent, la défense n’hésite pas à salir et à piétiner la réputation et l’honneur des gens. »

C' »est profondément choquant et scandaleux », a-t-il ajouté. Mais « à chacun ses méthodes et sa déontologie personnelle ».

Mehdi Nemmouche avait été arrêté à Marseille (sud de la France) six jours après la tuerie en possession des armes utilisées – un revolver et un fusil d’assaut de type Kalachnikov. Mais ce délinquant multirécidiviste radicalisé en prison nie être le tueur et refuse de s’expliquer depuis cinq ans.

Selon ses avocats, la tuerie n’est pas une attaque du groupe Etat islamique (EI), mais « une exécution ciblée d’agents du Mossad » (les services secrets israéliens) visant un couple d’Israéliens, les époux Riva, les deux premières des quatre personnes abattues ce jour-là au Musée juif.

Cette thèse a été très peu étayée pendant les six semaines de débats. Mais Sébastien Courtoy et Henri Laquay, qui défendent Nemmouche, ont promis d’y revenir durant leur plaidoirie prévue jeudi.

Ils auront fort à faire pour convaincre le jury de son innocence car les principaux arguments qu’ils ont soulevés, notamment l’absence d’ADN de Nemmouche sur la porte du musée, ont été battus en brèche par enquêteurs et experts venus témoigner.

« Tout ce qui est écrit dans l’acte de défense (soumis à la cour par les deux avocats pour répliquer à l’accusation, ndlr) a été supprimé, annihilé par les débats », a lancé jeudi Me Christophe Marchand, représentant une partie civile.

Dans l’ordinateur portable que transportait Nemmouche lors de son interpellation ont été découvertes six vidéos de revendication, qui ont été projetées à l’audience.

Elles ne montrent aucune silhouette, mais la voix du jihadiste français y est reconnaissable, a estimé un expert à la barre.

Au procès comparaît également Nacer Bendrer, 30 ans, un délinquant marseillais accusé d’avoir fourni les armes à Nemmouche. Il nie toute implication. Sa défense s’exprimera vendredi.

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