Natanz: Liberman accuse-t-il le chef du Mossad d’avoir révélé le rôle d’Israël ?
Sans mentionner le nom de Yossi Cohen, le chef d’Yisrael Beytenu accuse un officier responsable du renseignement qui chercherait à remplacer Netanyahu à la tête du Likud
Lundi, le président d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a semblé montrer du doigt le chef du Mossad Yossi Cohen, pour avoir divulgué à la presse le rôle présumé d’Israël dans l’explosion survenue sur un site nucléaire iranien la semaine dernière.
Le député d’opposition de droite, dans une interview à la radio de l’armée, n’a pas identifié Cohen nommément mais a fait allusion à sa fonction.
« Un responsable du renseignement a déclaré qu’Israël est responsable de l’explosion en Iran ce jeudi. Toute la hiérarchie de la sécurité du pays sait de qui il s’agit », a dit Liberman, en faisant référence à la source mentionnée dans un article du New York Times paru dimanche.
Le journal américain a cité « un officier du renseignement du Moyen-Orient » qui a annoncé qu’un incendie qui avait endommagé un bâtiment abritant une production de centrifugeuses sur le site nucléaire de Natanz en Iran avait été provoqué par Israël.
« J’attends du Premier Ministre qu’il le réduise au silence, notamment parce qu’il a commencé sa campagne pour les primaires du Likud », a ajouté Liberman. Cohen est considéré comme un successeur potentiel de Netanyahu.
Le maître-espion a déjà été accusé dans le passé d’avoir fuité des informations sensibles aux médias, tout comme Liberman.
L’an dernier, des responsables du Mossad ont nié que le directeur de l’agence de renseignement ait accordé une interview à un magasine ultra-orthodoxe, quelques jours après que Cohen eut été cité par le journal, menaçant un haut-général iranien, discutant des assassinats des responsables du Hamas, et dévoilant son aspiration à devenir un futur leader politique en Israël.
En février, Liberman a révélé que Cohen et un général militaire avaient voyagé au Qatar plus tôt ce mois-ci, dans une interview qui a été considérée comme une violation des règles de la censure militaire en vigueur. Le chef du parti Yisrael Beytenu a justifié sa décision en affirmant que l’ordre de bloquer la divulgation de cette rencontre avait été politique.
Les propos de Liberman à la radio de l’armée interviennent moins de 24 heures après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé qu’il prolongerait le mandat de Cohen de six mois, jusqu’en juin 2021.
Cette annonce fait suite à une série d’explosions inexpliquées sur des sites nucléaires iraniens, attribuées par des analystes étrangers aux services secrets israéliens.
Cohen est considéré comme un proche conseiller et confident de Netanyahu, qui l’avait retiré des rangs du Mossad en 2013 pour le nommer conseiller à la sécurité nationale. Cohen a ensuite succédé à Tamir Pardo comme chef du Mossad en janvier 2016.
Vendredi soir, un repartage télévisé israélien a déclaré qu’Israël se préparait à d’éventuelles représailles iraniennes, alors que Téhéran a suggéré que les mystérieux dégâts de la veille sur le site nucléaire de Natanz pouvaient avoir été provoqués par une cyber-attaque israélienne.
Le responsable non-identifié interviewé par le New York Times a affirmé que l’explosion de jeudi au complexe nucléaire de Natanz avait été provoquée par une bombe puissante.
Un membre des Gardiens de la Révolution islamique d’Iran a confié au journal qu’un explosif avait été utilisé, mais n’a pas précisé qui était responsable.
Le responsable du renseignement au Moyen-Orient a déclaré qu’Israël n’était pas impliqué dans plusieurs autres incendies mystérieux en Iran survenus au cours de la semaine dernière.
L’Iran a reconnu dimanche que le site de Natanz avait subi des dommages « considérables », alors que les images-satellites semblent montrer une destruction générale de l’installation sensible.