Nathan Eshel participera aux négociations de coalition malgré les critiques
La loi n'empêche pas le conseiller de Netanyahu, accusé de harcèlement sexuel, de prendre part aux négociations ; les groupes féministes évoquent "un crachat au visage"
Malgré les protestations des groupes féministes et d’autres, un ancien chef de cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui avait démissionné dans un contexte d’accusations de harcèlement sexuel, a participé ce dimanche à la première session de négociations portant sur la formation de la prochaine coalition au pouvoir en Israël.
Dina Zilber, adjointe du vice-procureur israélien, a estimé que, même si Nathan Eshel n’a plus le droit de travailler dans la fonction publique sous les termes d’un arrangement judiciaire, rien ne l’empêche pour autant d’assumer « un rôle politique » en tant que membre de l’équipe de négociations du parti du Likud de Netanyahu. Il a ainsi pris part aux pourparlers « au nom du Likud », a statué Dina Zelber, « instance politique qui se situe à l’extérieur de la fonction publique ».
Zilber s’est exprimé alors que la leader du Meretz, la députée Tamar Zandberg, a appelé à ce qu’Eshel soit exclu des négociations. Zandberg avait demandé au bureau du procureur-général de « transmettre un message clair : celui que le harcèlement et les violences faites aux femmes sont des délits graves et inacceptables et qu’une personnalité qui a été sortie de la fonction publique parce qu’elle a commis de tels délits ne peut être autorisée à endosser un rôle qui impacte la vie publique, comme si rien ne s’était produit. »
Le Réseau des femmes d’Israël a aussi émis un communiqué dénonçant la participation d’Eshel aux négociations, estimant qu’il s’agissait « d’un crachat au visage » pour les femmes.
Le mouvement féministe Naamat a protesté, affirmant qu’Eshel « ne devrait jouer aucun rôle dans la formation du prochain gouvernement d’Israël ».
Eshel, un proche confident de Netanyahu, a été chef de cabinet du bureau du Premier ministre entre 2009 et 2012. Il a démissionné dans le cadre d’un arrangement judiciaire suite à des accusations de harcèlement sexuel. Il a été accusé d’avoir placé une caméra pour filmer sous la jupe d’une collègue, dont il aurait aussi espionné la messagerie privée.
La participation d’Eshel aux pourparlers de la coalition a été à l’origine de critiques considérables ces derniers jours. Selon le site Ynet, des centaines d’Israéliens ont écrit par courriel au bureau du Premier ministre afin de demander qu’il ne soit pas autorisé à y prendre part.
Dans une déclaration faite dimanche, Eshel a expliqué qu’il était déterminé à se montrer actif au service du public israélien, déplorant que « depuis des années, j’ai été accusé de tout et de n’importe quoi. C’est surréaliste et fou ».
Les pourparlers de coalition ont commencé dimanche entre le Likud et la formation Yisrael Beytenu d’Avigdor Liberman. Ce dernier a présenté une liste de demandes dans les secteurs de la sécurité, de l’immigration et sur la question de la religion et de l’Etat.
Le ministre du Tourisme Yariv Levin, issu du Likud, et Oded Forer de Yisrael Beytenu – à la tête de leurs équipes de négociation respectives – se sont rencontrés à Kfar Maccabiah, à Ramat Gan, pendant plusieurs heures.
Les deux parties ne sont pas parvenues à un accord et ont annoncé qu’elles se rencontreraient à nouveau ultérieurement.
Le président Reuven Rivlin a officiellement confié mercredi dernier à Netanyahu le soin de former une coalition de gouvernement pour la 21e Knesset. Netanyahu – désigné Premier ministre pour un cinquième mandat, ce qui n’était jamais arrivé dans l’histoire d’Israël – devrait former une coalition comprenant les partis de droite et ultra-orthodoxes.