« Ne l’assassinez pas une seconde fois », demande la veuve d’une victime d’Elad
Nofar Ben Yiftah supplie les "guerriers du clavier" de faire preuve de compassion envers sa famille, disant que son mari, Oren, n'était qu'un chauffeur assurant un transport
La veuve de l’une des victimes de l’attentat terroriste meurtrier qui a été commis à Elad, la semaine dernière, a supplié les Israéliens de « ne pas l’assassiner une deuxième fois » après qu’il a été révélé que feu son mari avait involontairement amené les terroristes sur les lieux de l’attaque.
Les responsables de la sécurité ont déclaré Asad Yousef Asad al-Rifai et Subhi Emad Subhi Abu Shqeir, les auteurs de l’attaque meurtrière au couteau et à la hache à Elad, avaient été amenés depuis la barrière de sécurité, d’où ils seraient entrés en Israël, dans la localité par Oren Ben Yiftah, un chauffeur de taxi clandestin âgé de 35 ans et originaire de Lod.
A leur arrivée, selon une source d’une agence de sécurité qui a conservé l’anonymat, les deux terroristes ont attaqué Ben Yiftah et l’ont tué. Ensuite, ils se sont rendus dans la rue Ibn Gvirol où ils ont assassiné deux résidents de la ville, Yonatan Havakuk et Boaz Gol.
Les trois victimes étaient des trentenaires et des quadragénaires qui laissent derrière eux 16 enfants au total.
« Mon mari, Oren, était un homme chéri, adoré ; un homme de paix, d’unité », a dit son épouse Nofar dans une vidéo, dimanche.
« Je m’adresse à vous, les guerriers du clavier, et je vous appelle à faire preuve d’un peu de compassion à mon encontre, de montrer de la compassion à l’encontre de la veuve que je suis, de mes six enfants, de ma famille – nous sommes brisés, anéantis. Tout ce qu’a fait Oren, c’est travailler comme chauffeur et conduire des gens », a-t-elle ajouté dans le clip.
« Oren a été victime d’un attentat terroriste. Ne l’assassinez pas une seconde fois », a-t-elle imploré.
Un appel similaire avait été lancé par la famille de Ben Yiftah samedi, qui avait fait savoir être horrifiée face à la haine exprimée à l’encontre du défunt sur internet.
« Peuple d’Israël, aie pitié de nous », avaient écrit les proches du défunt dans une publication sur Facebook. « Laissez-nous pleurer en ces journées de deuil sans devoir nous inquiéter de la nécessité de nous défendre dace à ces attaques méprisables ».
« Tant de haine peut naître de doigts qui courent librement sur un clavier », avaient-ils déploré.
« Nous sommes horrifiés par les discours sur les réseaux sociaux et dans les médias qui tentent de manière ignoble de créer un lien entre notre fils bien-aimé, Oren, et l’attentat méprisable dont lui-même a été victime », avaient-ils continué.
נופר, אלמנתו של אורן בן יפתח שנרצח בפיגוע באלעד: "אנחנו שבורים ומרוסקים, אל תרצחו אותו בפעם השנייה"@SivanSisay pic.twitter.com/HxwuGCECE4
— כאן חדשות (@kann_news) May 8, 2022
Ils avaient indiqué que Ben Yiftah « était un chauffeur honnête, innocent. Il était simplement un chauffeur de taxi qui ne contrôlait pas qui entrait dans sa voiture, Oren n’était pas soumis à l’obligation de vérifier les permis de travail ou d’entrée dans le pays ».
Selon des informations parues dans les médias israéliens, Ben Yiftah ignorait que les deux hommes se trouvaient en Israël illégalement. Il les avait transportés à au moins dix reprises dans le passé alors qu’ils allaient travailler dans la ville ultra-orthodoxe et il n’avait aucunement connaissance de leur projet d’attentat.
La douzième chaîne a fait savoir, dimanche, que Ben Yiftah appartenait à un groupe WhatsApp constitué d’environ 250 membres qui organisait les transports des travailleurs illégaux palestiniens.
Des dizaines de milliers de Palestiniens franchiraient la barrière clandestinement pour travailler tous les jours au sein de l’État juif. L’armée israélienne a tenté de réprimer ce phénomène au cours de la vague récente d’attentats après avoir longtemps détourné le regard – un grand nombre de personnes estimant qu’il est dans l’intérêt des Israéliens comme des Palestiniens de permettre la présence d’une main d’œuvre peu coûteuse en Israël.
Ben Yiftah avait reçu un message de jour de l’attentat l’informant que les deux Palestiniens avaient franchi illégalement la barrière de sécurité et qu’ils étaient dans l’attente d’un transport, a expliqué la Douzième chaîne, qui a noté que, contrairement à ce qui pouvait avoir été affirmé antérieurement, les deux terroristes ne l’avaient pas appelé directement au téléphone.
La Douzième chaîne avait fait savoir, samedi, que les deux tueurs avaient téléphoné jeudi à Ben Yiftah, lui disant qu’ils avaient besoin de se rendre à Elad pour le travail. Ils lui avaient expliqué qu’il y avait des travaux à réaliser en urgence à la synagogue située dans la rue Yehuda Hanassi. Arrivés aux abords de la synagogue, ils avaient attaqué leur victime à l’aide d’une hache et d’un couteau, avait expliqué la chaîne.
Même si c’est illégal, un certain nombre d’Israéliens gagnent un peu d’argent en transportant des Palestiniens venus de Cisjordanie qui doivent se rendre au sein de l’État juif pour une activité professionnelle, les amenant sur les sites où ils sont employés.
Les autorités pensent qu’al-Rifai et Abu Shqeir avaient travaillé à Elad, dans le passé, et qu’ils connaissaient bien le secteur.
Ils n’avaient pas d’antécédent terroriste et n’étaient affiliés à aucun groupe, a noté la radio militaire.