Netanyahu énumère ses 3 pré-requis pour la paix
Dans sa tribune publiée dans le Wall Street Journal, le Premier ministre n'a pas mentionné les otages ni la solution à deux États et refuse que l'AP joue un rôle à Gaza après la guerre
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait savoir lundi qu’avant que la paix puisse s’installer entre Israël et les Palestiniens, « le Hamas doit être détruit ; la bande de Gaza doit être démilitarisée et la société palestinienne doit être déradicalisée ».
Trois prérequis qui ont été présentés en détail dans une Opinion publiée dans le Wall Street Journal – le Premier ministre y a par ailleurs répété sa certitude que l’Autorité palestinienne (AP) n’était pas apte à gouverner Gaza après la victoire contre le Hamas, un positionnement qui aurait suscité des frictions avec l’administration du président américain Joe Biden.
De manière notable, la tribune n’a pas évoqué, comme condition préalable à toute paix, la libération des 129 otages qui ont été enlevés le 7 octobre et qui se trouvent encore entre les mains des factions terroristes de l’enclave côtière. Les milliers d’hommes armés qui avaient franchi la frontière, ce jour-là, avaient kidnappé environ 240 otages et ils avaient massacré près de 1 200 personnes, des civils en particulier, semant la désolation dans les communautés du sud d’Israël.
L’Opinion a aussi évité de mentionner un État palestinien ou une solution à deux États, solution à laquelle Netanyahu s’oppose régulièrement et avec véhémence.
Concernant la première condition pour la paix, Netanyahu a écrit que « les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et de nombreux autres pays soutiennent l’intention d’Israël qui est d’anéantir le groupe terroriste. Pour atteindre cet objectif, ses capacités militaires doivent être démantelées et sa gouvernance à Gaza doit se terminer. Les leaders du Hamas ont juré de faire se répéter ‘encore et encore’ le massacre du 7 octobre. C’est la raison pour laquelle leur destruction est la seule réponse proportionnelle à apporter pour empêcher que des atrocités aussi horribles soient susceptibles de se reproduire. Faire moins signifierait un plus grand nombre de guerres, un plus grand nombre de bains de sang ».
Netanyahu a ajouté que la communauté internationale devait blâmer le Hamas en ce qui concerne le nombre de civils tués dans le cadre de la guerre actuelle au sein de l’enclave côtière, le groupe terroriste utilisant la population et les infrastructures civiles comme autant de boucliers humains. « Israël fait de son mieux pour minimiser le bilan du côté des civils », a-t-il noté.
Netanyahu a établi ensuite qu’il fallait garantir que Gaza « ne sera plus jamais utilisé comme une base d’attaque » en direction d’Israël.
« Entre autres, cela nécessitera d’établir une zone de sécurité temporaire dans le périmètre de Gaza ainsi qu’un mécanisme d’inspection sur la frontière entre Gaza et l’Égypte qui répondra aux besoins sécuritaires d’Israël et qui préviendra le trafic d’armes sur le territoire », a dit Netanyahu.
Sur la suggestion portant sur une prise de pouvoir de l’Autorité palestinienne dans l’après-guerre à Gaza, il a écrit que « les espoirs portant sur une Autorité Palestinienne qui procéderait à une démilitarisation de Gaza sont une chimère ». Il a ajouté que Ramallah « n’a montré ni la capacité, ni la volonté de démilitariser Gaza ».
L’Autorité palestinienne « finance et glorifie le terrorisme actuellement » en Cisjordanie, a-t-il accusé, et « éduque les enfants palestiniens à chercher à détruire Israël ».
Soulignant la troisième condition préalable à la paix, le Premier ministre a écrit que « les écoles palestiniennes doivent apprendre aux enfants à chérir la vie plutôt que la mort et les imams doivent cesser de prêcher le meurtre des Juifs ».
« La société civile palestinienne doit être transformée de manière à ce que sa population apporte son soutien à la lutte contre le terrorisme, non à son financement », a-t-il continué.
« Ce qui nécessitera probablement un leadership courageux et moral », a-t-il poursuivi en attaquant le président de l’Autorité, Mahmoud Abbas, « qui ne parvient même pas à condamner les atrocités du 7 octobre ».
Netanyahu a souligné « la déradicalisation réussie » qui avait eu lieu en Allemagne et au Japon après la victoire des Alliés, dans la Seconde Guerre mondiale », disant « qu’aujourd’hui, ces deux nations sont des alliées formidables des États-Unis et elles font la promotion de la paix, de la stabilité et de la prospérité en Europe et en Asie ». Il a aussi estimé qu’au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre 2001, « des leaders arabes visionnaires, dans le Golfe, ont pris la tête d’initiatives qui ont visé à déradicaliser leurs sociétés et à transformer leurs pays ».
« Une fois que le Hamas sera détruit, que la bande de Gaza sera déradicalisée et que la société palestinienne aura entrepris un processus de déradicalisation, la bande pourra être reconstruite et la perspective d’une paix plus large, au Moyen-Orient, pourra devenir réalité », a-t-il conclu.
« Pour l’avenir à court-terme, c’est Israël qui sera responsable de la sécurité à Gaza », a aussi dit le Premier ministre, répétant un positionnement qui l’a mis en porte-à-faux avec la Maison Blanche qui soutient une gouvernance, à Gaza, qui serait assurée par une Autorité palestinienne « redynamisée ».
Dans des propos qui ont fuité auprès des médias israéliens, au mois de décembre, et qui avaient été tenus par le Premier ministre devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, Netanyahu avait affirmé que l’Autorité palestinienne, comme le Hamas, cherchait à détruire Israël, même si c’était « par phases ».