Netanyahu forme une équipe pour régler la question du pèlerinage à Ouman
Les ministres vont examiner une proposition visant à autoriser des visites restreintes sur les lieux de pèlerinage, alors que l'Ukraine a fermé ses frontières à tous les étrangers

Samedi soir, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé la formation d’une équipe ministérielle chargée d’élaborer un plan pour permettre aux pèlerins de s’envoler vers Ouman pour la fête de Rosh HaShana, suite à la colère des Hassidim de Breslev contre le Premier ministre qui, selon eux, s’efforce de contrecarrer leur arrivée dans ce pays d’Europe de l’Est.
Vendredi soir, l’Ukraine a interdit aux ressortissants étrangers d’entrer dans le pays pendant tout le mois de septembre pour contrôler la pandémie de coronavirus, et Kiev ne semblerait pas faire exception pour les pèlerins israéliens.
Selon un communiqué du bureau du Premier ministre, l’équipe « évaluera la possibilité d’un projet de proposition pour se rendre à Ouman, sous réserve de restrictions strictes des autorités ukrainiennes ».
L’équipe sera dirigée par le ministre Likud Zeev Elkin et comprendra le ministre de la Santé Yuli Edelstein, le ministre des Affaires étrangères Gabi Ashkenazi, le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri et le ministre des Sciences Izhar Shay.

Shay a déclaré à la radio de l’armée dimanche que le but principal du comité est de permettre aux 2 000 à 3 000 pèlerins qui se trouvent déjà à Ouman de retourner en Israël en toute sécurité.
« Nous allons également vérifier la possibilité de voyager [à Oman], si possible, pour d’autres gens », a déclaré Shay, niant toutefois que la pression politique ait influencé les décisions du gouvernement sur l’affaire.
« Je ne pense pas que quoi que ce soit aura la priorité sur les considérations sanitaires. Un réel effort est mis en oeuvre pour trouver une bonne solution pour un groupe de personnes qui leur est très important, un groupe de dizaines de milliers de gens », déclare Shay. Il souligne que le gouvernement étudie également les moyens de permettre aux événements sportifs et culturels de se dérouler malgré l’épidémie de coronavirus.
Le communiqué du bureau du Premier ministre indique que la décision de nommer Elkin à la tête du comité a été prise en coordination avec Edelstein et le responsable de la gestion du coronavirus, le professeur Ronni Gamzu, qui s’oppose au pèlerinage, avertissant que les voyageurs de retour pourraient propager la COVID-19.

Ouman voit habituellement des dizaines de milliers de juifs hassidiques se rendre sur la tombe du Rabbi Nahman de Breslev pour la fête de Rosh HaShana, qui cette année tombe le 18 septembre au soir.
Les alliés ultra-orthodoxes de Netanyahu se sont insurgés contre Gamzu, en raison de son opposition aux vols. Le ministre de la Santé Yaakov Litzman lui a même demandé de démissionner. Les responsables de la communauté hassidique Breslev ont juré de ne plus jamais soutenir Netanyahu.
Selon la Douzième chaîne, lorsque les Hassidim ont retiré leur soutien, Netanyahu a dit aux principaux rabbins qu’il s’efforçait de trouver une solution.
Des dizaines de fidèles ont été retenus jusqu’à 17 heures dans les aéroports ukrainiens jeudi avant d’être autorisés à entrer, même si la décision de Kiev de ne pas autoriser les ressortissants étrangers à entrer dans le pays n’a pris effet que vendredi soir. Ils ont finalement été autorisés à entrer dans le pays.
Jeudi également, la Treizième chaîne a déclaré que le site de pèlerinage était déjà assailli de fidèles, qui ne portaient pas de masques, ne restaient pas à l’extérieur et n’observaient pas de distanciation sociale.

Vendredi, des dizaines de locaux ont affronté des juifs hassidiques qui tentaient d’entrer à Ouman. Des vidéos diffusées sur les médias sociaux montraient des foules en colère confronter les pèlerins avant l’aube vendredi, les poussant et les bousculant, tentant de les empêcher d’entrer dans les appartements loués. Les résidents ont crié en ukrainien aux Hassidim de sortir, les accusant de se comporter imprudemment.
Le Premier ministre ukrainien Denys Shmyhal a également signalé que son gouvernement allait interdire les grands rassemblements à Ouman pendant le nouvel an juif.
Gamzu avait auparavant lancé un appel direct au président ukrainien Volodymyr Zelensky, sans en informer Netanyahu, lui demandant d’empêcher le pèlerinage, craignant que les pèlerins de retour n’augmentent les taux d’infection dans l’État juif.
Zelensky avait annoncé mardi que l’Ukraine « limiterait considérablement » l’entrée des visiteurs juifs à Rosh HaShana à la demande de Netanyahu, sans préciser dans quelle mesure. Le bureau de Netanyahu a rapidement nié une telle demande du Premier ministre, dans une apparente tentative d’apaiser ses alliés ultra-orthodoxes.
Le chef de file de la coalition, Miki Zohar, allié de Netanyahu au sein du Likud, a accusé mercredi Gamzu de tenter d’empêcher les Israéliens de se rendre à Ouman à Rosh HaShana, sans toutefois chercher à mettre un terme aux manifestations de masse contre le Premier ministre, affirmant que Gamzu craignait les médias.
Gamzu a rejeté les critiques de Zohar, tout comme le ministre de la Santé Edelstein. Plusieurs députés se sont également portés à la défense de Gamzu, dont Netanyahu.