Netanyahu : « Nous prouverons aux Cassandre de l’économie qu’ils se trompent »
Ben Gvir n'a pas participé au Conseil des ministres consacré au budget, mécontent que sa demande d'augmentation du budget de la police - récemment relevé - n'ait pas été entendue
Ce jeudi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a une fois de plus balayé d’un revers de main les mises en garde chaque jour plus nombreuses selon lesquelles la réforme judiciaire porterait tort à l’économie israélienne.
Il a affirmé que les auteurs de telles déclarations le faisaient pour des raisons politiciennes.
« Certains tentent de saper l’économie israélienne et de semer la panique pour des raisons purement politiciennes, mais cette hystérie est déconnectée de toute réalité », a déclaré Netanyahu à la presse, avant une réunion du Conseil des ministres consacrée à l’examen du budget 2023-2024.
« L’économie israélienne est forte et elle continuera sur cette tendance, grâce à nos forces, à l’indépendance de la Banque Centrale d’Israël, intacte, et à la politique économique responsable que nous mettons en œuvre. »
Cette allusion à l’indépendance de la Banque Centrale d’Israël est manifestement une réponse au tollé provoqué par les critiques du ministre des affaires étrangères, cette semaine, suite la décision de la banque de relever une nouvelle fois son taux directeur.
M. Netanyahu et son ministre des Finances, Bezalel Smotrich, avaient également manifesté leur opposition.
La liste des économistes – au sein du gouvernement et ailleurs – inquiets des effets délétères de la réforme judiciaire sur la situation financière d’Israël ne cesse de s’allonger.
L’économiste en chef du ministère des Finances, Shira Greenberg, a publié un avertissement officiel au titre des risques pesant sur le budget prévisionnel 2024-2027.
« Dans la mesure où la réforme judiciaire est perçue par le marché comme portant atteinte à la force et à l’indépendance des institutions de l’État, elle pourrait nuire à l’activité économique et aux investissements privés en particulier, en plus d’accroître l’incertitude pour la communauté des investisseurs « , a-t-elle écrit dans un communiqué publié jeudi.
Pour sa part, Jacob Frenkel, ex-directeur de la Banque centrale d’Israël et actuel président de JP Morgan Chase International, a déclaré mercredi que les mesures prises par le gouvernement pour affaiblir le système judiciaire pourraient fort bien nuire à l’économie. Il a par ailleurs ajouté que les tentatives désespérées de la coalition pour calmer l’inquiétude économique étaient « une insulte à l’intelligence ».
« Il faut sérieusement nous inquiéter », a déclaré Frenkel, en réponse à une question de la Douzième chaine sur l’affaiblissement du shekel qui, rien que le mois dernier, a perdu près de 10 % de sa valeur par rapport au dollar américain.
« La [valeur du] shekel est le reflet de ce qui se profile derrière toute cette histoire. Nous sommes dans une situation d’incertitude totale – incertitude économique, incertitude politique et incertitude institutionnelle – et cela affecte toutes les composantes de l’économie : consommateurs, producteurs, investisseurs, citoyens », a-t-il déclaré.
« Et cette incertitude est totalement de notre fait, il ne s’agit pas d’un choc extérieur ».
Netanyahu a déclaré jeudi à ses ministres que « ceux qui sèment la panique et la peur verront qu’ils ont tort. »
Il s’est réjoui du niveau du déficit – 1 % environ -, affirmant que c’était « bon signe pour la suite. »
Plusieurs points du projet de loi de finances sont encore à l’examen, et notamment la demande du ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, membre de l’extrême droite israélienne, d’augmenter le budget de la police de 14 milliards de shekels.
En l’absence de décision sur ce point, Ben Gvir a décidé de ne pas assister à la réunion de jeudi.
Netanyahu, qui n’avait manifestement pas été prévenu de son absence, lui a adressé ses félicitations avant de s’apercevoir qu’il ne se trouvait pas dans la salle.
M. Netanyahu a rappelé que le budget de la police avait déjà été relevé pour prendre en charge la construction de nouveaux postes de police, recruter des effectifs et mettre sur pieds une garde nationale.
La réunion de jeudi s’est déroulée suite à la conclusion d’un accord sur un budget de défense pluriannuel entre Netanyahu, Smotrich, le ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef d’état-major de Tsahal, Herzi Halevi, la veille au soir.
Ce budget figurera dans le projet de loi de finances pour 2023-2024, qui doit être adopté avant le 28 mai, six mois après la prestation de serment du gouvernement.
Sans citer de source, la Douzième chaine a déclaré que le budget total s’élèverait à 68 milliards de shekels.
Au cours de la réunion de jeudi, M. Netanyahu a de nouveau évoqué le projet – évoqué lors de sa campagne électorale – de garantir la gratuité de l’enseignement pour tous les enfants jusqu’à l’âge de trois ans.
Le ministère des Finances a manifesté son opposition à ce projet, très coûteux, mais le Premier ministre s’est néanmoins dit déterminé à le faire aboutir en l’inscrivant dans le projet de loi de finances.