Nides « vraiment déçu » par le désir de Maoz d’annuler la Gay Pride de Jérusalem
L'envoyé américain fait écho au plan de Blinken de juger le prochain gouvernement sur ses actions et non sur ses personnalités et compte s'assurer de la vigilance de Netanyahu
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
L’ambassadeur américain en Israël, Tom Nides, a exprimé sa consternation mercredi après qu’un membre important du gouvernement présumé entrant de Benjamin Netanyahu a dit qu’il souhaitait annuler la Gay Pride de Jerusalem.
« J’ai été vraiment déçu d’entendre quelqu’un – qui aura potentiellement un poste sérieux – parler d’annuler la marche de la Gay Pride », a déclaré Nides lors d’une conférence à l’université de Tel Aviv.
Avi Maoz, membre d’extrême-droite de la Knesset, qui s’est présenté sur un programme résolument anti-LGBT, a déclaré la semaine dernière qu’il veillerait à ce que la Gay Pride de Jerusalem soit annulée, qualifiant l’événement annuel de « défilé d’abominations de toutes sortes ».
Le jour-même, Netanyahu a publié une déclaration, insistant sur le fait que la parade sera maintenue.
Quelques jours auparavant, Netanyahu avait conclu un accord avec Maoz, seul député de Noam, une formation anti-LGBT marginale, pour qu’il soit nommé vice-ministre et chef d’une administration – qui n’a pas encore été créée – en charge de « l’identité juive », un bureau qui sera placé sous l’autorité du Premier ministre. Selon l’accord, l’unité du ministère de l’Éducation en charge des enseignements et des partenariats externes sera placée sous le contrôle de Maoz, ce qui lui permettra de déterminer quels seront les organismes officiels qui seront autorisés à intervenir dans les classes auprès des élèves.
Bien que Nides n’ait pas nommé Maoz, il est allé plus loin que le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, qui a déclaré dimanche au groupe progressiste américain pro-Israël J Street que l’administration Biden exprimera son soutien à la communauté LGBT, dans des remarques largement comprises comme faisant suite à la promesse du leader de Noam d’annuler la Gay Pride de Jerusalem.
Nides a déclaré mercredi qu’il avait défilé lors des Gay Pride de Jérusalem et de Tel Aviv cette année et qu’il prévoyait de le faire à nouveau l’année prochaine.
Il a également réitéré la position mise en avant par Blinken lors de la conférence de J Street concernant le nouveau gouvernement, déclarant qu’il « jugerait ces personnes sur leurs actions, et non sur ce que nous pensons qu’il pourrait se passer ».
Il a ajouté qu’il ne dirait pas à Israël ce qu’il doit faire, étant donné que c’est une démocratie. « Nous nous exprimerons et ferons entendre notre voix lorsque nous estimerons que nos valeurs communes sont atteintes ; c’est ce que font les amis », a précisé Nides.
« Je travaillerai avec le Premier ministre Netanyahu. Comme il le dit, il a les mains sur le volant », a poursuivi l’ambassadeur. « Je vais m’assurer que ces mains sont bien accrochées, et je l’encouragerai à faire les choses qu’il a dit vouloir faire. »
« Il a dit qu’il voulait être Premier ministre pour l’ensemble d’Israël. Je le prends au mot. Et évidemment, les États-Unis travailleront avec lui pour s’assurer que cela se produise », a-t-il ajouté, indiquant encore que Washington considère Netanyahu comme le membre le plus modéré du prochain gouvernement israélien, qui a été caractérisé comme le plus à droite de l’Histoire du pays.
Les responsables de l’administration Biden ont éludé les questions répétées sur leur volonté de s’engager avec certains des membres les plus extrémistes du prochain gouvernement israélien. La Maison Blanche a tenu une réunion la semaine dernière sur la question, mais aucune décision n’a été prise et la phrase du discours de Blinken – « Nous jugerons le gouvernement (israélien) à l’aune de ses politiques et non à celle de ses personnalités individuelles » – est le résultat de cette indécision, a déclaré un fonctionnaire familier de la question au Times of Israel.
Le fonctionnaire a toutefois précisé que Nides ne prévoit pas actuellement de rencontrer Itamar Ben Gvir, un autre leader d’extrême-droite pressenti pour devenir ministre de la Sécurité nationale.