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L’Iran fixe ses « lignes rouges » et teste avec succès des missiles

Téhéran pose ses conditions pour son programme nucléaire

Le président iranien Hassan Rohani, le 5 février 2014 à Téhéran  (Iranian presidency website/AFP/Archives)
Le président iranien Hassan Rohani, le 5 février 2014 à Téhéran (Iranian presidency website/AFP/Archives)

Programme balistique, sites nucléaires, enrichissement à 20%: l’Iran a posé lundi ses « lignes rouges » avant la reprise des négociations avec les grandes puissances la semaine prochaine à Vienne.

Ces discussions, prévues les 18 et 19 février, promettent d’être difficiles pour parvenir à un accord global garantissant la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien.

Le président Hassan Rouhani a toutefois affirmé que l’Iran était « prêt » à ces négociations et « sérieux » dans sa volonté de « parvenir à un accord global et final ».

Les deux parties ont déjà conclu en novembre à Genève un accord historique. Téhéran a stoppé pour six mois certaines activités nucléaires sensibles contre une levée partielle des sanctions. L’Iran a notamment cessé d’enrichir l’uranium à 20%, étape importante vers un niveau militaire (90%).

En parallèle, l’Iran a accepté dimanche d’aborder la possible dimension militaire de son programme avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Téhéran va fournir, pour la première fois depuis plusieurs années, des informations sur le développement de détonateurs susceptibles d’être utilisés dans la fabrication d’une bombe nucléaire.

« Comme lors des précédentes négociations […] nous ne permettrons pas qu’on aborde les questions de défense [qui] constituent notre ligne rouge », a affirmé Abbas Araghchi, vice-ministre des Affaires étrangères et chef des négociateurs nucléaires iraniens.

Abbas Araghchi, vice-ministre des Affaires étrangères et chef des négociateurs nucléaires iraniens, lors d'une conférence de presse à Téhéran, le 14 mai 2013  (Crédit : AFP/Archives Atta Kenare)
Abbas Araghchi, vice-ministre des Affaires étrangères et chef des négociateurs nucléaires iraniens, lors d’une conférence de presse à Téhéran, le 14 mai 2013
(Crédit : AFP/Archives Atta Kenare)

La sous-secrétaire d’Etat Wendy Sherman a récemment affirmé que la question du programme balistique de l’Iran devait être abordée par le groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) lors des prochaines discussions. Elle a aussi estimé que l’Iran n’avait pas besoin du réacteur à eau lourde d’Arak, actuellement en construction, ou du site souterrain d’enrichissement d’uranium de Fordo.

Le programme balistique iranien inquiète les pays occidentaux, notamment les missiles d’une portée de 2.000 km capables d’atteindre Israël, et a été condamné par plusieurs résolutions de l’ONU, assorties de sanctions internationales.

Pour sa part, Majid Takhte Ravanchi, un autre négociateur du programme nucléaire iranien, a répété lundi que l’Iran n’acceptera la fermeture d' »aucun de ses sites nucléaires ».

Mais, pour tenter de « lever les inquiétudes » occidentales, Téhéran est prêt à modifier les plans du réacteur d’Arak pour y limiter la production du plutonium et à ne pas construire d’usine de retraitement, obligatoire pour purifier le plutonium à un niveau militaire.

Ali Akbar Salehi, le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA) a également écarté tout abandon de l’enrichissement d’uranium à 20%.

Le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a la haute main sur les négociations nucléaires, « a dit qu’il ne fallait pas abandonner le droit de l’enrichissement à 20% car c’est le droit du pays », a-t-il ajouté.

M. Salehi a par ailleurs annoncé la mise au point d’un nouveau type de centrifugeuse « 15 fois plus puissante » que celles de première génération, actuellement en activité.

Les prochaines négociations seront « difficiles », ont prévenu les responsables iraniens. Le chef de la diplomatie, Mohammad Javad Zarif, a dit espérer que les discussions de Vienne fixent seulement le cadre des futures négociations.

Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, à Téhéran le 27 novembre 2013  (Crédit : AFP/Archives Atta Kenare)
Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, à Téhéran le 27 novembre 2013
(Crédit : AFP/Archives Atta Kenare)

« La plus grande difficulté vient de l’absence de confiance » envers les Etats-Unis, a-t-il expliqué. Washington a récemment étoffé sa liste noire de personnes ou entités soupçonnées de contourner les sanctions contre Téhéran.

Pourtant, selon l’analyste basé à Téhéran Mohammad Ali Shabani, les avancées avec l’AIEA peuvent servir les intérêts du 5+1.

« C’est un bon indicateur du sérieux de l’Iran dans la recherche d’une solution politique et qu’il est prêt à répondre à toutes les questions en suspens » de l’agence onusienne, a-t-il dit à l’AFP. L’AIEA veut déterminer si Téhéran a ou non cherché à se doter de la bombe atomique avant 2003, voire après.

Soulignant que le dialogue avec l’AIEA « est dépendant de celui avec le 5+1, pas l’inverse », M. Shabani a mis en garde contre une « exagération de l’importance de l’accord », même si celui-ci « permettra au 5+1 de vendre plus facilement les négociations à un auditoire sceptique ».

La coopération avec l’Agence joue un rôle essentiel dans ces dernières négociations, l’AIEA étant chargée de surveiller les mesures prévues par l’accord de Genève de novembre dernier.

Test réussi pour des missiles

Le ministre iranien de la Défense a annoncé que l’Iran avait « testé avec succès » deux nouveaux missiles, à la veille du 35ème anniversaire de la victoire de la révolution islamique, a rapporté l’agence de presse officielle Irna.

« La nouvelle génération d’un missile balistique doté d’une tête à fragmentation et le missile Bina sol-sol et air-sol à guidage laser ont été testés avec succès », a affirmé le ministre Hossein Dehgan.

« La nouvelle génération de ce missile balistique est capable d’échapper aux systèmes anti-missiles et de viser plusieurs cibles différentes avec une très grande capacité de destruction », a déclaré le général Dehgan, sans toutefois préciser sa portée.

« Le missile Bina à guidage laser peut être tiré d’un avion ou d’une rampe de lancement pour frapper des ponts, des chars, des équipements militaires et des centres de commandement avec une très grande précision », a-t-il ajouté.

Le président iranien Hassan Rohani a félicité la peuple iranien et le guide suprême l’ayatollah Ali Khamenei pour le « test avec succès » de la nouvelle génération de missile balistique.

De nombreux autres missiles ont également été développés pouvant atteindre les navires de guerre américains dans le Golfe ou les bases américaines dans la région.

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