Panorama des mouvements d’extrême droite en Europe
Ultra-nationaliste, antisémite et xénophobe, les formations s'implantent dans le Vieux Continent
Panorama des principaux partis d’extrême droite dans l’Union européenne, après les élections législatives en Espagne dimanche où le parti Vox est devenu la troisième force politique du pays.
Espagne
Lors des quatrièmes élections législatives en quatre ans dimanche, Vox, formation ultranationaliste et anti-immigration fondée il y a cinq ans, a poursuivi son ascension et plus que doublé son nombre de sièges à 52 élus (24 en avril).
Elle devient ainsi la troisième force politique d’un pays où l’extrême droite était, avant son irruption, marginale depuis la fin de la dictature de Franco (1939-1975).
Pologne
La Confédération Liberté et Indépendance, formation hétéroclite d’extrême droite anti-système comprenant des ultra-libéraux et des nationalistes anti-migrants, a fait entrée à la Diète en octobre avec 11 députés (6,8 % des voix).
Autriche
Après avoir enchaîné les scandales, le FPÖ a essuyé un vote-sanction lors des législatives anticipées de septembre, enregistrant son plus faible score depuis 2002 (16,17 % des suffrages).
Cette formation fondée par d’anciens nazis dans les années 1950 a perdu presque 10 points par rapport aux élections de 2017 qui avaient propulsé l’extrême droite au pouvoir, en coalition avec la droite de Sebastian Kurz.
Allemagne
Formation anti-migrants créée en 2013, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) est présente depuis 2017 au Bundestag où elle a obtenu 94 sièges en raflant 12,6 % des suffrages.
Son discours islamophobe fait aujourd’hui moins recette. Secoué par des tensions internes, le parti est plombé par des soupçons de malversations financières et son climato-scepticisme.
Plafonnant dans les sondages autour de 15 %, il est supplanté par les Verts mais reste puissant en ex-Allemagne de l’Est. Il y a enregistré en septembre et octobre une forte poussée lors de trois élections régionales.
Italie
La Ligue du souverainiste Matteo Salvini, qui a obtenu 17 % des voix aux législatives de mars 2018, a quitté le pouvoir en août, après avoir formé pendant 14 mois un gouvernement de coalition avec le mouvement 5 Etoiles (M5S, anti-système).
Salvini, qui a provoqué la chute de l’exécutif dont il était l’homme fort et le ministre de l’Intérieur, espérait l’organisation d’élections législatives anticipées et prendre la tête du pays. Mais sa stratégie a échoué, son ex-allié ayant formé une coalition avec le Parti démocrate et composé un gouvernement pro-européen et penchant à gauche.
L’ancien parti sécessionniste, devenu anti-euro et anti-immigration, navigue aujourd’hui entre 30 % et 33 % des intentions de vote et reste le premier du pays.
Grèce
Le parti néo-nazi Aube Dorée (AD), qui était encore récemment le troisième parti du pays, a complètement disparu de la nouvelle assemblée après les législatives de juillet.
En revanche, un nouveau venu, la Solution Grecque, un parti ultranationaliste prorusse, a obtenu 10 députés.
Danemark
Le Parti populaire danois (DF) a subi un cinglant revers aux législatives de juin, perdant plus de la moitié de ses sièges au parlement monocaméral.
Après avoir dicté au Danemark sa politique migratoire pendant 20 ans, la formation eurosceptique et anti-immigration est passée à côté de la question climatique et a enterré sa revendication de « Brexit » danois.
Belgique
Aux législatives de mai, le Vlaams Belang (VB, ex-Vlaams Blok), qui prône l’indépendance de la Flandre, est devenu la deuxième force politique de la région du Nord.
Avec plus de 18 % des suffrages, le VB a fait plus que tripler son score de 2014, et obtenu 18 sièges au niveau national.
Le retour en force du VB s’est fait notamment au détriment des nationalistes flamands de la N-VA, qui ont perdu huit députés mais restent la première force politique du pays (25 sièges).
France
En mai, le Rassemblement national (RN) est arrivé en tête des élections européennes en devançant de 0,9 point la liste soutenue par le président Emmanuel Macron, avec un score de 23,31 %.
Lors de l’élection présidentielle de 2017, la cheffe du parti, Marine Le Pen, s’était qualifiée pour le second tour, avec un score inédit pour la formation (7,6 millions de voix, 21,3 %).
Elle avait été battue par Emmanuel Macron et le parti avait ensuite échoué aux législatives à constituer un groupe à l’Assemblée nationale, tout en y envoyant huit députés.
Suède
Le parti des Démocrates de Suède (SD) a enregistré une forte hausse aux élections européennes de mai, passant de 9,67 % en 2014 à 15,3 %.
Le SD, formation anti-immigration, nationaliste et europhobe, avait obtenu 17,6 % des suffrages aux législatives de 2018, échouant à devenir le deuxième plus grand parti de Suède, mais améliorant son score de 2014.
Hongrie
Aux élections européennes de mai, le Jobbik (Mouvement pour une meilleure Hongrie) a perdu plus de la moitié de ses électeurs à 6,5%, contre 14,7 % en 2014.
Cette formation ultra-nationaliste, antisémite et xénophobe, dont certains thèmes ont été repris par le Premier ministre conservateur Viktor Orban, a entrepris depuis 2013 de tempérer ses positions avec l’ambition de se positionner en parti conservateur populaire classique.
Aux législatives de 2018, il avait obtenu 19,2 % des voix et 26 sièges.
Pays-Bas
En mars, une jeune formation anti-immigration et eurosceptique, le Forum pour la démocratie (FvD), est entrée en force au Sénat (13 sièges), où elle est désormais le plus grand parti.
La formation de Thierry Baudet avait fait son entrée à la Chambre basse en 2017.
Cette année-là, le Parti pour la liberté (PVV) anti-islam de Geert Wilders était devenu la deuxième force du Parlement avec 20 sièges sur 150.