Israël en guerre - Jour 370

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Parents d’otages et militants réclament un accord lors du rassemblement hebdomadaire

"Se sentira-t-il un jour en sécurité sans son père ?", a demandé la veuve d'Alex Lubnov ; une ex-otage craint que la pression militaire sur le Hamas "ne fasse que tuer les captifs"

Des manifestants anti-gouvernement, pro-accord pour les otages, rue Begin, à Tel Aviv, le 14 septembre 2024. (Crédit : Erik Marmor/Flash90)
Des manifestants anti-gouvernement, pro-accord pour les otages, rue Begin, à Tel Aviv, le 14 septembre 2024. (Crédit : Erik Marmor/Flash90)

Le Forum des familles des otages et disparus a affirmé samedi que la manifestation anti-gouvernement et pro-accord pour les otages rue Begin à Tel Aviv a attiré des centaines de milliers de personnes.

Lors du rassemblement, Anat Angrest, mère du soldat captif Matan Angrest, a révélé une séquence audio récemment découverte à Gaza, dans lequel son fils supplie le Premier ministre Benjamin Netanyahu de ramener les otages. Il s’agit du premier signe de vie de Matan depuis le 7 octobre.

Selon le Forum des familles des otages et disparus, cet extrait d’environ 30 secondes a récemment été trouvé à Gaza.

Dans l’audio, Matan utilise une terminologie très probablement dictée par ses ravisseurs du Hamas, qualifiant les otages de « prisonniers ».

« Netanyahu », dit-il dans la séquence, « vous devez, vous devez faire cet échange entre les prisonniers [palestiniens] en Israël et les prisonniers ici. Je veux vraiment voir ma famille et mes amis, c’est très important ».

« Je pense que vous en êtes capable », a-t-il déclaré. « Je vous fais confiance. »

Anat a diffusé l’audio de son fils après sa propre adresse au Premier ministre.

« Bibi », a-t-elle commencé, s’attirant les huées de la foule à la mention du surnom du Premier ministre.

« J’ai pensé qu’au bout d’un an, vous pourriez peut-être m’aider à répondre à mes enfants », a-t-elle dit.

« Maman, est-ce que Matan mange ? » est l’une des questions posées par ses enfants. « Maman, crois-tu toujours que Matan va revenir ? »

Anat Angrest, mère du soldat captif Matan Angrest, s’exprimant lors d’un rassemblement anti-gouvernement et pro-accord pour les otages, le 14 septembre 2024. (Crédit : Paulina Patimer/Forum des familles des otages et disparus)

« Et la question la plus importante : qui sont Ben Gvir et Smotrich ? » – en référence aux ministres d’extrême-droite Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, qui s’opposent farouchement à ce qu’ils appellent un « accord de reddition ».

Anat a déclaré que son fils n’était pas encore revenu à cause des deux « fous ».

Lors du rassemblement, Einav Zangauker, mère de l’otage Matan Zangauker, a dit que son fils avait été enlevé et est retenu en captivité par nul autre que Netanyahu, « un leader unique et menteur », a-t-elle accusé.

Elle a répété ce qu’elle avait déjà dit il y a plusieurs semaines, à savoir que le chef de l’agence de renseignement du Mossad, David Barnea, lui avait dit que « dans la constellation politique actuelle, il n’y a aucune chance de parvenir à un accord » – une affirmation démentie par le chef du Mossad.

Einav Zangauker, dont le fils Matan Zangauker est retenu en otage par le groupe terroriste du Hamas à Gaza, s’exprimant lors d’une conférence de presse avec les proches d’autres otages, à Tel Aviv le 14 septembre 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

« Niez autant que vous voulez », a-t-elle déclaré.

Alors que Barnea a démenti cette déclaration, d’autres responsables de la défense auraient exprimé des sentiments similaires au cours des dernières semaines, y compris, selon la Douzième chaîne, le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi.

Selon la chaîne, Halevi a déclaré aux parents des soldats captifs, vivants ou morts, qu’il n’était « pas sûr qu’il y ait quelqu’un à ramener à la maison » au fur et à mesure que le temps passe et qu’un accord reste difficile à conclure.

Il a indiqué qu’il avait fait part de son inquiétude à « l’échelon politique », où, malgré les critiques généralisées pour ne pas avoir fait plus de concessions dans la recherche d’un accord pour la libération des otages, Netanyahu a continué à insister sur le fait qu’il n’accepterait pas de retirer les troupes israéliennes du corridor Philadelphi, le long de la frontière entre Gaza et l’Égypte.

« 101 Ron Arad »

Plus tôt dans la journée de samedi, lors d’une conférence de presse précédant la manifestation, Einav a affirmé que la raison pour laquelle Netanyahu avait récemment signalé un changement d’orientation militaire de Gaza vers la frontière nord et le Hezbollah était qu’il avait décidé « d’abandonner les otages pour qu’ils meurent dans les tunnels ».

« Au lieu de ramener les otages, Netanyahu donne au pays ‘101 Ron Arad’ », en référence au pilote israélien capturé en 1986 par des terroristes libanais et qui, depuis, a disparu et est classé comme disparu au combat.

Des manifestations appelant à la conclusion d’un accord pour les otages ont eu lieu presque toutes les semaines depuis le pogrom du 7 octobre 2023 perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, lorsque des milliers de terroristes ont envahi le sud d’Israël depuis la bande de Gaza, tuant plus de 1 200 personnes, prenant 251 otages et déclenchant la guerre avec Israël à l’intérieur de l’enclave.

Des Israéliens appelant à un accord de cessez-le-feu pour obtenir le retour des captifs restants détenus par le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza manifestant, à Tel Aviv, le 14 septembre 2024. (Crédit : Erik Marmor/Flash90)

Les deux manifestations ont fusionné une fois de plus samedi, et le rassemblement commun de Tel Aviv a duré plusieurs heures avant de se disperser – la plupart du temps pacifiquement – vers 23 heures.

La police a toutefois déclaré que quinze personnes avaient été arrêtées pour trouble de l’ordre public après avoir tenté de bloquer l’autoroute Ayalon en allumant des feux au milieu de l’axe routier.

Les manifestations se sont multipliées au début du mois de septembre, après la découverte, dans un tunnel du sud de la bande de Gaza, des corps de six otages assassinés, dont les autopsies ont révélé qu’ils avaient été abattus par leurs geôliers quelques jours avant que les soldats israéliens ne les atteignent.

À Tel Aviv, la semaine dernière, le rassemblement pro-accord et la manifestation anti-gouvernement avaient fusionné pour la première fois, attirant, selon les organisateurs, environ un demi-million de personnes, ce qui en ferait la plus grande manifestation de l’histoire d’Israël.

Tout au long de la manifestation, divers groupes de gauche ont été disséminés près de l’échangeur Kaplan-Begin pour réclamer la fin de l’opération menée par Tsahal dans la bande de Gaza.

Un groupe de vingt personnes a appelé les Israéliens à refuser le service militaire en agitant des drapeaux du mouvement d’extrême-gauche Antifa et en hissant une bannière de Hadash, un parti communiste arabo-juif.

Non loin de là, une femme brandissait une pancarte agressant les manifestants pour avoir ignoré les « tueries criminelles en Cisjordanie et à Gaza », et un homme gisait dans une mare de faux sang à côté d’un masque en caoutchouc à l’effigie de Netanyahu.

« Les tomates coûtent 22,90 shekels, mais le sang est gratuit », pouvait-on lire sur l’installation.

Vers la fin de la soirée, de jeunes agitateurs d’extrême-droite se sont heurtés à quelques manifestants restés sur place alors que la manifestation se dispersait.

Des policiers ont tenté de chasser la bande de jeunes, mais aucune arrestation n’a eu lieu. Ils ont réapparus à la fin du rassemblement pour se moquer des quelques manifestants restés sur place et les affronter, arrachant des affiches sur leur passage.

Passant devant un stand offrant de l’eau aux manifestants, deux jeunes ont crié : « Pour les gauchistes, c’est avec du cyanure. »

Pendant ce temps, un groupe d’une vingtaine d’agitateurs a volé un tee-shirt à un vendeur anti-gouvernement. Poussés hors de la route principale vers la rue Kaplan, ils ont ensuite tenté de mettre le feu au tee-shirt jusqu’à ce que les forces de police apparaissent pour les chasser une fois de plus.

Outre Anat, Einav Zangauker, mère de l’otage Matan Zangauker, Michal Lubnov, épouse de l’otage tué Alex Lubnov, et Raz Ben Ami, épouse de l’otage Ohad Ben Ami, elle-même libérée lors d’une trêve d’une semaine conclue fin novembre, ont pris la parole lors de ce rassemblement ; des amis des otages Gali et Ziv Berman, identifiés seulement comme Sapir et Iddo ; et, par message vidéo, Adina Bar-Shalom, fille de feu l’ancien grand rabbin et chef spirituel du parti Shas, Ovadia Yossef, et elle-même éminente éducatrice.

Michal, qui était enceinte lorsque son époux Alex a été enlevé au Festival Supernova de Reïm le 7 octobre, a dit à la foule que son « cœur a été assassiné à Gaza ».

Alex était l’un des six otages exécutés par le Hamas il y a deux semaines, alors que les soldats israéliens se rapprochaient, suscitant l’indignation de l’opinion publique face à l’incapacité du gouvernement à conclure un accord de « trêve contre libération d’otages ».

« Ils resteront, pour toujours et éternellement, à plusieurs mètres sous terre », a déclaré Michal.

« Notre fils, Kaï », né quelques mois après l’enlèvement d’Alex, « ressemble trait pour trait à son papa », a-t-elle poursuivi.

« Se sentira-t-il un jour en sécurité sans son père ? », a-t-elle demandé. La foule a hurlé : « Pardon ! »

Raz a déclaré que dès le mois de novembre, lorsqu’elle avait été libérée, elle savait que si les otages « ne revenaient pas maintenant, ils reviendraient dans des cercueils ».

« Pour l’heure, j’avais raison », a-t-elle ajouté.

« J’en ai assez de la pression militaire qui, jusqu’à présent, n’a fait que les tuer. »

Raz Ben Ami, épouse de l’otage Ohad Ben Ami et ancienne otage elle-même, s’exprimant lors d’un rassemblement anti-gouvernement et pro- accord pour les otages, le 14 septembre 2024. (Crédit : Paulina Patimer/Forum des familles des otages et disparus)

Iddo et Sapir, amis de Gali et Ziv, originaires du kibboutz Kfar Aza, ont fait remarquer que les jumeaux ont eu 27 ans en captivité cette semaine.

« Savent-ils au moins que c’était leur anniversaire cette semaine ? », a demandé Iddo.

« Soyez forts. Encore un peu et vous serez à la maison », a-t-il poursuivi, avant de s’adresser au gouvernement : « Vous n’avez pas le droit moral de continuer à les abandonner. »

Adina, qui a publiquement critiqué le parti de son défunt père pour ne pas avoir fait pression en faveur d’un accord, a déclaré dans un message vidéo qu’elle avait été élevée dans l’idée que la vie humaine passait avant tout le reste.

« Quiconque sauve une [seule] âme en Israël, sauve tout un monde », a-t-elle déclaré en citant le Talmud.

« Devons-nous mettre ces valeurs de côté ? Qu’est-ce qui fait de nous des Juifs ? »

Exhortant à des concessions dans le cadre d’un accord pourur les otages, l’éducatrice a déclaré : « Ne pensez pas à ce qui viendra plus tard. La certitude du présent l’emporte sur toute inquiétude future. »

Le frère d’Adina, Yitzhak Yossef – jusqu’à récemment le grand rabbin séfarade d’Israël – a également appelé publiquement à des concessions de grande envergure pour obtenir la libération immédiate des otages.

Lors d’une manifestation parallèle organisée samedi soir à Jérusalem, Eyal Calderon, cousin de l’otage Ofer Calderon, a fustigé le gouvernement au sujet d’une vidéo publiée par Tsahal la semaine dernière, montrant le tunnel dans lequel les six otages dont les corps ont été retrouvés au début du mois avaient été gardés et exécutés.

Eyal s’est souvenu avoir regardé la « vidéo de l’horreur » et a déclaré qu’un jour après la diffusion de la vidéo, les membres du cabinet lui ont dit, lors d’une réunion privée, que le corridor Philadelphi est un atout stratégique qui ne doit pas être abandonné.

Omri Shtivi, frère de l’otage Idan Shtivi, a également pris la parole à Jérusalem. Il s’est adressé à son frère captif en déclarant que le gouvernement n’œuvrait pas à sa libération parce qu’il voulait maintenir la coalition. « Pouvez-vous le croire ? », a déclaré Omri.

Omri s’est également adressé directement au gouvernement : « Demandez-vous ce qui est réversible. Philadelphi est réversible ; la vie d’un otage assassiné ne l’est pas. »

Alors que les manifestants se dirigeaient vers la place de Paris, dans le centre-ville de Jérusalem, de petites échauffourées ont éclaté entre la police et les manifestants, la police repoussant la foule vers le trottoir et arrêtant au moins un manifestant pour avoir prétendument violé les conditions de sa mise à l’épreuve.

En réponse à la police, les terroristes ont scandé « Où étiez-vous à Sde Teiman ? », en référence à une émeute survenue en juillet, au cours de laquelle une foule extrémiste avait fait irruption avec peu de retenue dans un centre de détention militaire après l’arrestation de plusieurs de réservistes soupçonnés de sévices sur un prisonnier palestinien accusé de terrorisme.

On estime que 97 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 33 otages dont le décès a été confirmé par l’armée. Le Hamas avait échangé 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine fin novembre contre des prisonniers. Quatre captives avaient été remises en liberté. Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 37 otages ont été récupérées, notamment celles de trois Israéliens qui ont été tués accidentellement par l’armée.

Le Hamas avait relâché 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine fin novembre. Quatre captives avaient été remises en liberté précédemment. Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 37 otages ont été récupérées, notamment celles de trois Israéliens qui ont été tués accidentellement par l’armée.

Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats tués en 2014.

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