Paris, Berlin et l’UE, contre la construction de quartiers juifs à Jérusalem-Est
Des nations européennes condamnent l'approbation par Netanyahu de 3 000 maisons pour les Juifs dans ce qui couperait des zones palestiniennes de la capitale de la Cisjordanie
La France et l’Allemagne ont critiqué vendredi l’annonce faite par le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la levée des restrictions à la construction d’un quartier controversé à Jérusalem-Est et de l’approbation de l’expansion d’un autre, affirmant qu’il s’agissait d’un obstacle à une future solution à deux États.
« L’expansion de ces deux implantations compromet directement la viabilité d’un futur État palestinien, comme l’Union européenne l’a rappelé à plusieurs reprises », a déclaré le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.
« Toutes les formes d’activités de colonisation sont illégales au regard du droit international et remettent en cause la solution à deux États sur le terrain. La France exhorte les autorités israéliennes à reconsidérer ces décisions et à s’abstenir de toute mesure unilatérale », peut-on lire dans le communiqué.
L’Allemagne a déclaré qu’elle était « profondément inquiète » par cette annonce, affirmant que la construction « saperait la perspective d’un État palestinien viable et contigu sur la base d’une solution négociée de deux États ».
Le chef de la politique étrangère européenne Josep Borrell a critiqué les intentions annoncées par Israël de construire un nouveau quartier à Jérusalem-Est et d’en étendre un autre, avertissant qu’une telle action « serait profondément préjudiciable à une solution à deux États ».
Dans un communiqué, Borrell a déclaré que « de telles mesures couperaient la contiguïté géographique et territoriale entre Jérusalem et Bethléem, isoleraient les populations palestiniennes vivant dans ces zones et menaceraient la viabilité d’une solution à deux États, avec Jérusalem comme capitale des deux États ».
Il a déclaré que l’Union européenne ne reconnaîtrait aucune modification des frontières d’Israël d’avant 1967 et a exhorté Jérusalem à reconsidérer son plan.
Netanyahu a annoncé jeudi que 3 000 logements seraient construits pour les résidents juifs de Givat Hamatos, en plus de 2 200 autres logements pour les Juifs du quartier voisin de Har Homa.
La signification de l’approbation de Netanyahu n’a pas été immédiatement claire, étant donné que l’autorisation finale pour la construction à Givat Hamatos avait été donnée par son bureau il y a six ans.
Le plan de construction de Givat Hamatos a été présenté pour la première fois en 2012, ce qui a suscité une large condamnation au sein de la communauté internationale parce qu’il coupait les quartiers palestiniens de Beit Safafa et de Sharafat de la Cisjordanie, d’une manière qui, selon les critiques, portait un coup fatal à une solution à deux États basée sur les lignes d’avant 1967.
Il semble que ce soit la première fois que Netanyahu admette publiquement avoir gelé la construction du projet Givat Hamatos, expliquant qu’il avait subi d’intenses pressions de la part de pays étrangers pour ne pas y construire.
S’adressant aux journalistes devant Har Homa, en compagnie du maire de Jérusalem Moshe Lion et du ministre du Tourisme Yariv Levin, le Premier ministre a fait savoir qu’en plus des 2 200 logements pour le quartier derrière lui et des 3 000 pour Givat Hamatos, il avait également donné son feu vert à 1 000 maisons pour les Palestiniens dans le quartier de Beit Safafa, qui souffre depuis longtemps d’une crise du logement.
« Coexistence à Jérusalem », a-t-il déclaré. « Jérusalem est en construction et en expansion. Nous relions toutes les parties de la Jérusalem réunifiée. J’ai supprimé toutes les restrictions, et maintenant Jérusalem est construite sous mon autorité. »
En désignant Har Homa, Netanyahu s’est réjoui d’avoir été chef du gouvernement lors de la construction du premier quartier, disant qu’il était fier d’annoncer la création de son cinquième quartier,
« Har Homa ‘E’ ».
L’ONG de gauche La Paix maintenant a réagi à cette annonce, dénonçant qu’elle empêcherait la création d’un futur État palestinien contigu et qualifiant l’initiative « d’exercice électoral cynique » de la part du Premier ministre.
« C’est le dernier point qui peut permettre la contiguïté territoriale entre Bethléem et Jérusalem-Est – la plus importante zone urbaine palestinienne – et si le quartier est construit, il ne sera pas possible de relier les deux villes », a accusé l’ONG dans un communiqué. « Un tel changement de politique ne peut être adopté dans un gouvernement de transition sans un mandat du public. Ce changement n’est donc qu’un autre exercice électoral cynique de Netanyahu au détriment des intérêts de tous les citoyens israéliens ».
De plus, Hagit Ofran de La Paix Maintenant a souligné dans un tweet que Netanyahu avait gonflé les chiffres dans son annonce. Le plan de Givat Hamatos, qui doit être présenté au comité de planification et de construction de Jérusalem la semaine prochaine, prévoit 2 610 logements, et non 3 000, et le projet de Beit Safafa prévoit 805 logements, et non
1 000.
L’annonce de Netanyahu est intervenue moins de deux semaines après que le ministère du Logement a commencé à faire avancer un plan de construction d’un quartier juif de grande envergure dans un quartier de Jérusalem-Est prévu dans le plan de paix de l’administration Trump pour accueillir un centre touristique palestinien.
Le 9 février, le ministère a présenté un plan de construction prévoyant la construction de quelque 9 000 logements sur le site de l’aéroport d’Atarot, qui est inutilisé depuis le début de la seconde Intifada en 2000.
Bien que le plan Trump ne précise pas où exactement à Atarot le centre touristique palestinien serait situé, l’aéroport est le seul espace libre dans le quartier de Jérusalem-Est où un tel site pourrait être construit.
Le nouveau quartier d’Atarot briserait une longue étendue de zones urbaines palestiniennes s’étendant des quartiers de Beit Hanina et de Shuafat, à Jérusalem-Est, vers le nord, jusqu’à Kfar Aqab, Qalandiya et Ramallah, de l’autre côté de la barrière de sécurité.
Le projet devra encore passer plusieurs autres étapes de planification qui pourraient prendre plusieurs années, mais la présentation du plan marque une étape importante vers la construction après plusieurs années de retards dues à un manque de fonds.
Le site désigné pour la construction se trouve principalement sur des terres détenues par l’État, mais certaines parties du nouveau quartier seraient situées sur des parcelles qui appartiennent actuellement à des Palestiniens, ce qui nécessiterait la démolition des maisons d’au moins 15 familles.
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