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Passez un moment intime avec Anne et Kirk Douglas

La légende juive du cinéma et son épouse convertie ont concocté une compilation des lettres et des photos du couple au cours de leurs 63 ans de mariage

Kirk et Anne Douglas lors de leur 60ème anniversaire de mariage en 2014. (Crédit : Christopher Briscoe)
Kirk et Anne Douglas lors de leur 60ème anniversaire de mariage en 2014. (Crédit : Christopher Briscoe)

LOS ANGELES (JTA) — Lorsque la star de cinéma Kirk Douglas a épousé Anne Buydens à Las Vegas, le juge de paix a demandé à Anne de lever la main et de répéter : « Je te prends, Kirk, pour époux légal » – en anglais « lawful husband ».

Anne, récemment arrivée aux Etats-Unis depuis l’Europe, a levé la main et a clamé avec fierté : « Je te prends, Kirk, pour… époux affreux », une confusion avec « AWFUL husband ».

A l’époque, cette phrase – avec la mauvaise prononciation – n’était pas si éloignée de la vérité. A Hollywood, cet acteur séduisant, tout en muscles, était déjà célèbre pour avoir un ego démesuré et un défilé permanent de femmes – des reines du cinéma ou de charmantes inconnues – qu’il parvenait à mettre dans son lit en un temps record.

Quatre années plus tard, en 1958, Kirk était en train de tourner un film quand il a écrit à son épouse : « Si j’ai cent ans un jour, il y aura encore beaucoup de non-dits ».

Douglas a fêté ses 100 ans le 9 décembre 2016. Et il a envoyé une note de suivi : « Comme j’ai dorénavant atteint ce point de ma vie, je peux affirmer que c’est encore vrai ».

Ces deux déclarations figurent dans le livre récemment publié en anglais par le couple : « Kirk and Anne: Letters of Love, Laughter and a Lifetime in Hollywood », qui a été écrit par Marcia Newberger. Le livre, qui est le 12ème de Kirk et le premier d’Anne, présente des décennies de correspondance qui font la chronique de la relation ardente, et parfois orageuse, qui aura lié ces deux personnalités fortes – lui, fils d’un immigrant alcoolique devenu chiffonnier et collecteur d’ordures, et elle, la fille d’une famille allemande prospère.

Cette force du lien qui unit encore les époux Douglas est toujours palpable, selon un journaliste qui a récemment rendu visite au couple dans son domicile spacieux, mais guère ostentatoire, de Beverly Hills pour une interview.

Au cours d’une conversation animée, Anne, 98 ans, s’est rappelée qu’alors qu’elle vivait en Europe, « mon rêve a toujours été de venir aux Etats-Unis, le pays qui possédait tout ».

Sa vision de l’Amérique était-elle justifiée à tous les points de vue ? Kirk, avec le sens de l’humour aigu qui le caractérise, a répondu en souriant : « C’est sûr, elle a épousé une star du cinéma pleine aux as ».

Kirk Douglas est Spartacus dans le film de Stanley Kubrick du même nom (Capture d'écran)
Kirk Douglas est Spartacus dans le film de Stanley Kubrick du même nom (Capture d’écran)

A travers sa longue carrière cinématographique – au cours de laquelle il est apparu dans environ 90 films – et durant les 63 ans de mariage du couple, Kirk a été fréquemment absent pendant de longues périodes durant les tournages. Mais le mari et son épouse se sont toujours constamment écrit, continuant à toujours utiliser le même papier traditionnel et ce, même après l’apparition du courriel.

Anne a conservé chaque lettre échangée, ainsi qu’un lot impressionnant de photos. Elle en a conservé une pile dans le cellier à vins, à la température contrôlée, de la maison de Beverly Hills. Une autre a été installée dans la chambre à coucher du couple dans sa résidence de Montecito, sur la côte de Californie.

Ce livre est une compilation de ces lettres et de ces photographies. Au cours de 221 pages, le lecteur découvre leur vie amoureuse – dont les infidélités de Kirk – ainsi que les récits des histoires amoureuses d’autres stars de Hollywood.

Mais ce n’est qu’une partie du livre. Le couple a entretenu des amitiés avec plusieurs présidents américains et leurs épouses, de John et Jackie Kennedy et de Lyndon et Lady Bird Johnson à Ronald et Nancy Reagan et à Barack et Michelle Obama.

Le couple Douglas, bien sûr, a également joué et travaillé aux côtés des personnalités les plus riches et célèbres de Los Angeles. Ils jettent un regard souvent amer sur les magnats qui ont dominé Hollywood, majoritairement juifs – et souvent impérieux – à une époque où les studios ne s’étaient pas encore transformés en corporations.

Anne adressait ses lettres d’amour à Isidore ou Izzy ; Douglas répondait à Stolz. Et là même – comme c’est le cas de presque tous les autres éléments mentionnés dans le livre – se noue une histoire intrigante.

Le père de Kirk portait le nom de Daniel Hershel Danielovitch, mais à son arrivée de New York depuis la Russie, il avait voulu américaniser son nom – d’une certaine manière – qu’il avait transformé en Harry Demsky. Quand son fils avait intégré l’université de St. Lawrence dans le nord de l’état de New York grâce à une bourse sportive, il s’était inscrit sous le nom d’Isidore Demsky. Kirk se faisait appeler Izzy par ses amis, un surnom adopté plus tard par son épouse.

Kirk Douglas dans le chef d'oeuvre de Stanley Kubrick, "les sentiers de la gloire". Le film, réalisé en 1957, a été interdit en France jusqu'en 1975. En raison des critiques émises sur la conduite des généraux français durant la Première guerre mondiale, le gouvernement français avait même tenté d'interdire à la United Artists de distribuer le film. (Capture d'écran)
Kirk Douglas dans le chef d’oeuvre de Stanley Kubrick, « les sentiers de la gloire ». Le film, réalisé en 1957, a été interdit en France jusqu’en 1975. En raison des critiques émises sur la conduite des généraux français durant la Première guerre mondiale, le gouvernement français avait même tenté d’interdire à la United Artists de distribuer le film. (Capture d’écran)

La famille d’Anne avait pour sa part quitté l’Allemagne peu de temps après l’ascension au pouvoir des nazis et elle vivait à Bruxelles lorsque l’armée allemande avait envahi la Belgique. Grâce à l’aide d’un ami, Albert Buydens, elle était parvenue à s’échapper en voiture vers la France, où les deux s’étaient unis lors d’un mariage qui lui avait permis d’obtenir la citoyenneté belge.

Parlant plusieurs langues, Anne avait rapidement trouvé du travail dans les relations publiques dans l’industrie du cinéma français et elle était également chargée de la rédaction des sous-titres des films. Lorsque Kirk, qui avait divorcé de sa première épouse, l’actrice Dianne Dill, était venu en 1953 à Paris pour jouer dans « Un acte d’amour », il avait rencontré Anne, qui était belle, intelligente… et divorcée.

Même s’il était déjà fiancé à l’actrice italienne et américaine Pier Angeli, Kirk avait fait des avances à Anne et lui avait demandé de sortir dîner en sa compagnie. Il avait été sidéré lorsqu’elle avait décliné cette invitation tout comme les autres qui avaient suivi. Et c’est à ce moment-là que Kirk avait commencé à l’appeler « Stolz » – un mot allemand habituellement traduit par « fier » mais qui veut également dire « obstiné », selon Anne.

En 2003, après 49 ans de mariage, Anne a décidé seule de se convertir au judaïsme sous le tutelle du rabbin David Wolpe du Sinai Temple, situé à l’ouest de Los Angeles. Au cours de l’interview, elle a décrit l’expérience de son mikveh.

« Après avoir ôté tout mon vernis à ongles, je suis entrée dans la piscine et j’ai mis ma tête sous l’eau », se rappelle-t-elle. « Je suis sortie en ressemblant à un chien trempé – mais j’étais juive ».

Elle a ensuite annoncé sa conversion lors d’une grande fête organisée à l’occasion des 50 années de mariage des Douglas.

« Kirk a été marié à deux shiksas », avait-elle déclaré à l’époque. « Il était temps qu’il ait une gentille juive à ses côtés ».

Kirk Douglas (à droite), avec son fils Michael et son petit-fils Dylan à la bar-mitsvah de Dylan, en mai 2014. (Crédit : Infinity Kornfeld Studios / JTA)
Kirk Douglas (à droite), avec son fils Michael et son petit-fils Dylan à la bar-mitsvah de Dylan, en mai 2014. (Crédit : Infinity Kornfeld Studios / JTA)

Un effet immédiat de cette conversion a été que Kirk – qui a allumé les bougies du vendredi soir pendant tout son mariage – a dorénavant confié cette mission à son épouse.

Au cours de sa vie, Kirk a développé sa propre définition du judaïsme.

« J’ai grandi en priant le matin et en mettant des phylactères mais j’ai abandonné une grande partie de l’aspect formel de la religion », a-t-il indiqué. « Je crois en Dieu et je suis heureux d’être juif. Mais je pense que trop de religion n’a pas aidé la civilisation. M’occuper des autres, c’est ça ma religion ».

Le couple a traduit ces paroles en actions. La Kirk and Anne Douglas Foundation a donné environ 120 millions de dollars à des projets caritatifs, parmi eux de nombreux terrains de jeux à destination des communautés défavorisées aux Etats-Unis et en Israël.

Kirk a appris tôt ce qu’est l’antisémitisme, a-t-il dit. Son père n’avait pas pu obtenir de travail à l’usine locale parce qu’elle n’embauchait pas de Juifs et le jeune Issur n’avait pas été recruté pour livrer des journaux pour la même raison. Et lorsqu’il avait été élu chef de classe au St. Lawrence College, un donateur majeur avait menacé de retirer son parrainage financier si les résultats de l’élection n’étaient pas annulés.

Même en tant qu’authentique star de cinéma, Kirk — ainsi que des gens comme Walter Matthau, Peter Lorre et Billy Wilder — n’a pas pu échapper aux préjugés dans les années 1950 et 1960.

Comme l’écrit Kirk dans son livre, « il était parfois facile à Hollywood d’oublier que l’antisémitisme, sous sa version cachée ou manifeste, était encore dominant. Les Juifs étaient à la tête des plus grands studios. Avec des noms américanisés et de belles shiksas blondes qui étaient venues remplacer l’épouse de leurs débuts, ils vivaient comme les WASP de leurs films : s’amusant paresseusement dans leurs propriétés immobilières, présidant des projections organisées dans des salles dotées d’oeuvres d’art dignes d’un musée, votant républicain ».

Au milieu des années 1950, Kirk a formé sa propre société de production indépendante, l’appelant Bryna – en l’honneur de sa mère qui a également eu six filles. Parmi les premières oeuvres produites par la compagnie, « Les sentiers de la gloire » et « Spartacus », qui reste, sans aucun doute, le film le plus célèbre de Kirk.

Dans le livre, Kirk se souvient de l’époque où il avait amené sa mère à la première de l’un de ses films, avec les mots « Bryna Productions Present » s’étalant sur le grand écran. Lorsque sa mère avait vu son nom se dessiner en lettres brillantes, elle s’était tournée vers son fils et avait chuchoté en yiddish : « L’Amérique n’est-elle pas un pays merveilleux ? »

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